Shrine of Sainte-Anne d'Auray

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Dimanche 4 août 2019 - 18e dimanche ordinaire - C

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Frères et soeurs, les plus anciens parmi les saintannois se rappellent des évènements

qui ont marqué le « village de Ste Anne en Pluneret » il y a exactement 75 ans. Les

pères Joseph Le Barh, premier recteur de la paroisse, et Louis Allanic, économe au

petit séminaire et conseiller municipal de Pluneret, ont été lâchement fusillés, alors

que MM. Stanilas Le Louer et Xavier Brianceau ont été littéralement massacrés et

Mme Augustine Guegant, venant de Lorient, réfugiée rue de la Fontaine, a, dans la

confusion, reçu dans le dos une balle perdue… Des paroissiens ont alors retrouvé sur

le bureau de leur recteur un petit billet très émouvant qui éclaire de façon étonnante

les textes de la Parole de Dieu que nous venons d’entendre : « Le bon Dieu est trop

bon, le ciel est trop beau, la vie est trop courte pour se contenter de médiocrité… ».

Vus les évènements, ces paroles de votre recteur assassiné prennent un sens tout

particulier, et c’est dans cet horizon de sens que nous sommes, aujourd’hui, invités à

accueillir la Parole de Dieu…

« Vanité des vanités, tout est vanité ! » disait Qohèleth. N’avons-nous pas ces

sentiments face à un monde de violence hier le nazisme ou le marxisme léninisme,

aujourd’hui des extrémismes religieux qui nous obligent à vivre le Grand Pardon

protégé par des forces de sécurité de la Gendarmerie et de l’opération sentinelles que

nous remercions pour leur présence les 25 et 26 juillet. Cette violence serait-elle le

grand vainqueur ? Dans notre quotidien, c’est bien notre réaction face à des situations

difficiles. Combien sont fatigués d’une vie sans horizon, violente, pris parfois dans la

haine de l’autre différent, qui en perdant le sens de l’homme a perdu le sens de Dieu

Homme désabusé, perdu, sans le vrai Dieu de miséricorde… Nous voyons bien que

notre société consumériste ne fait qu’accentuer ce vide existentiel de beaucoup de nos

contemporains, et qui, parmi des chrétiens identitaires, donne parfois des réactions

opposées extrémistes et aussi violentes. Les autres textes de l’Ecriture que nous

venons d’entendre nous dise un chemin, le Chemin, pour combler ce vide existentiel

de l’homme, si nous voulons bien accueillir la Parole de Dieu…

« Ainsi, il n’y a plus le païen et le juif, le circoncis et l’incirconcis, il n’y a plus le

barbare ou le primitif, l’esclave et l’homme libre ; mais il y a le Christ : il est tout, et

en tous ». Frères et soeurs, nous sommes là au coeur du vivre-ensemble chrétien. Nous

avons chacun nos cultures, nos histoires, nos habitudes, notre âge, nos sensibilités,

mais nous croyons que notre foi en Dieu, et précisément, pour nous chrétiens, notre

foi dans le Christ miséri-cordieux vient instaurer une forme renouvelée de vivreensemble

: nous sommes fonda-mentalement frères. Notre Fraternité républicaine a

des fondements sûrs dans l’Evangile.

N’est-ce pas cela que nous dit l’Evangile aujourd’hui ? A quoi cela sert-il d’être riche

en ce monde, si nous ne sommes pas riches en vue de Dieu ? Et je le redis, je crois

profondément que ce qui manque à ces hommes, d’hier ou d’aujourd’hui, tentés par la

violence c’est un idéal de vie et un sens spirituel que notre société consumériste ne

sait pas donner. Hier, ils étaient éblouis par une idéologie néo-païenne, aujourd’hui ils

sont tentés par des courants religieux rigides qui défigurent l’image même notre Dieu

miséricordieux. Cela n’est qu’une perversion d’une aspiration fondamentale du coeur

de l’homme qui a besoin de spirituel. Saurons-nous par l’éducation, la culture et une

ouverture spirituelle leur donner cette dimension vitale ? Là sont les vraies richesses

« en vue de Dieu » comme nous dit Jésus. Voilà un défit que nous avons à relever

avec tous les hommes et toutes les femmes de bonnes volontés, païen ou juif, croyant

ou non, esclave ou homme libre… « Le bon Dieu est trop bon, le ciel est trop beau, la

vie est trop courte pour se contenter de médiocrité… » Écrivait le Père Joseph Le

Barh. P. Gwenaël Maurey

Devant la plaque du mémorial après la messe

« Le bon Dieu est trop bon, le ciel est trop beau, la vie est trop courte pour se

contenter de médiocrité… » J’avoue que depuis que j’ai pris connaissance de ce

petit billet laissé par mon prédécesseur, Joseph Le Barh, le premier recteur de

Ste Anne, je ne cesse de le ruminer. Beaucoup me reprocheront sans doute de

trop parler de moi, mais je ne peux venir en ce lieu de mémoire sans penser à

mon grand père. Très jeune, il avait fait Verdun. Il n’en parlait jamais,

traumatisé par ce qu’il avait vécu. Par respect pour lui, nous n’en parlions

jamais. Et je sais que ce fut terrible lorsqu’en janvier février 43, il vit sa ville de

Lorient détruite à plus de 80%. Ce fut terrible lorsqu’il vit son église paroissiale

de Ste Anne d’Arvor bruler sous ses yeux. Mon père avait alors vingt ans, il était

élève au séminaire de Ste Anne. En 1944, menacé avec ses condisciples d’être

envoyés en Allemagne pour le STO, leurs professeurs leur ont demandé de

prendre le maquis. Très pudique sur ce qu’il avait vécu, il ne nous parlait que

très peu de ces évènements tragiques. Nous savions simplement qu’il avait fait

la bataille de Ste Hélène comme infirmier. A sa mort, j’ai découvert dans ses

papiers sa carte d’ancien combattant, et j’ai mis avec beaucoup d’émotion sur

son cercueil le drapeau français. Dans la maison familiale, il y a encore un

meuble que nous appelons le « meuble de réfugiés »… Ces souvenirs de famille

beaucoup d’entre nous en ont, d’une manière ou d’une autre. Lorsque nous

voyons aujourd’hui que des idéologies extrémistes prennent à nouveau la parole

avec un mépris de l’être humain s’il n’a pas la même culture, la même couleur

de peau ou la même religion, alors oui j’ai peur, j’ai peur pour notre avenir, pour

cette Humanité que nous voudrions, au nom de l’Evangile, fraternelle et

respectueuse de tout être humain. Et je pense que, concrètement, si je suis vivant

aujourd’hui, c’est parce que des hommes comme Joseph Le Barh et Louis

Allanic sont morts pour la France. Prêtres ils l’ont été, fidèlement, liés aux

communautés qui leur étaient confiés, dans des circonstances tragiques, et je ne

sais pas si dans de telles circonstances, j’aurai eu ce courage. Le pardon ne veut

pas dire l’oubli. Ici en particulier, nous avons un devoir de mémoire. Joseph et

Louis, merci pour le don de votre vie, et nous n’oublions pas aussi MM

Stanislas Le Louer et Xavier Brianceau, ainsi que Mme Augustine Guegant…

Dans la mesure où nous n’oublions pas, votre mort n’est pas vaine… « Le bon

Dieu est trop bon, le ciel est trop beau, la vie est trop courte pour se contenter

de médiocrité… » Écrivait le Père Joseph Le Barh, le premier recteur de la

paroisse de Ste Anne…

P. Gwenaël Maurey


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