Excellence Mgr Raymond Centène, évêque du diocèse de Vannes,
Excellences nosseigneurs les évêques de Bretagne,
Chers pères concélébrants,
Chers religieux et religieuses,
Chers fils et filles bien–aimés de Dieu,
Chers pèlerins,
Nous voici rassemblés de tous les horizons à Sainte Anne d’Auraypour vénérer Sainte Anne, mère de la Vierge Marie. Nous sommes venus, sur
les traces d’une multitude d’hommes et de femmes, qui comme Abraham se
sont mis en route vers une destination qui est promesse de liberté et de vie.
Nous sommes venus, convoqués par le coeur d’un Dieu dont le nom est
Miséricorde. C’est lui qui nous appelle à quitter nos chemins sans issue pour
trouver en lui la paix et le repos. Nous voyons ainsi se réaliser la promesse
de Sainte Anne à Yvon Nicolazic en ces termes : « L’affluence du monde qui
me viendra honorer en ce lieu sera le plus grand miracle de tous ».
C’est notre Dieu qui prend l’initiative de cette invitation au Grand
Pardon, cette forme spécifiquement bretonne de pèlerinage et une des
expressions les plus traditionnelles de la foi populaire en Bretagne. C’est
Dieu qui met dans notre coeur le désir de le servir. Notre rassemblement en
ce lieu est donc une démarche qui prend sa source en Dieu. Notre assembléeest en elle-même une action de grâce. Puisque que c’est Dieu qui nous invite, il est là au milieu de nous. Il est la raison de notre joie et de notre louange.
En cette veillée d’ouverture du Grand Pardon, nous faisons
mémoire de sainte Anne et saint Joachim, les parents de Marie, les grandsparents de Jésus. Par eux, nous entrons dans l’accomplissement des
promesses de la Première Alliance. Comme tous les justes, ils ont attendu la
venue du Messie tout en menant une vie humble et abandonnée entre les
mains de Dieu. Au moment venu, ils reconnaissent et accueillent le parcours
privilégié de leur fille Marie dans sa relation avec Joseph son fiancé. Certes
ils ne comprennent pas immédiatement ce qui leur advient mais ils se
laissent fasciner et façonner par le Seigneur comme en témoigne leur
proclamation des merveilles de Dieu avec la présence de Marie à laquelle ils
ont donné naissance. C’est de Marie que devait naître le Fils unique de Dieu,
et c’est pour cela que leur nom demeure vivant pour toutes les générations.
Fêter Sainte Anne et Saint Joachim, c'est nous rappeler cette conduite si mystérieuse de Dieu sur l'humanité. Dieu a voulu sauver les hommes en devenant l'Un de nous, en entrant dans le temps et dans l’espace. Il a choisi ce moyen de préférence à tous les autres pour mieux nous faire comprendre l’intimité qu’Il désire avoir avec nous et à laquelle nous sommes appelés. Fêter Sainte Anne et Saint Joachim, c'est nous rappeler avec joie et gratitude, que dans sa famille, la Vierge Marie apprît à s'adresser au Père Céleste avec une immense piété. C'est dans la famille, avec ses saints parents, qu'elle a connu les prophéties concernant la Venue du Messie. C'est encore là qu'elle a appris à dire « Oui », sans retour et sans réserve !
Notre démarche en cette veillée du Grand Pardon témoigne du
désir qui habite notre coeur : le retour au Seigneur, le retour à la fidélité et à
l’Alliance d’amour et de salut. La première lecture extraite du livre de la
Genèse nous rassure. Dieu qui bénit Abraham est fidèle à sa promesse : « Je serai avec toi et je te bénirai. […] Je tiendrai le serment que j’ai prêté à
Abraham ton père ». C’est la première fois que Dieu parle en ces termes à
Isaac qui a désormais l’assurance précise de la promesse de Dieu à
Abraham. Les bénédictions de l’alliance sont, jusqu'à un certain point, le
résultat de la fidélité et de l’obéissance d’Abraham à Dieu. Et la réalisation
des promesses de l’Alliance est basée sur la fidélité de Dieu à Abraham.
Isaac en sera témoin et il est nécessaire pour lui de croire en la promesse de
Dieu, de l’accepter comme une relation personnelle, et de vivre dans
l’obéissance, comme l’avait fait Abraham son père. Le Seigneur tient le
serment qu’il a prêté à Abraham notre père dans la foi, serment accueilli par
Anne et Joachim, parents de la Vierge Marie, serment qui se trouve réalisé et accompli en Jésus.
Grâce à Sainte Anne et à Saint Joachim, nous sommes de la
descendance d’Abraham, comme nous le rappelle la deuxième lecture. Anne
et Joachim ont eu la grâce de mettre au monde la mère de celui qui a
partagé ce que nous avons en commun, la chair et le sang, celui qui, de ce
fait, a assumé notre nature de chair pour nous rendre libres car nous étions
esclaves du péché et de la mort. Ainsi sommes-nous désormais destinés à
partager sa gloire.
Frères et soeurs en Christ, chers pèlerins, confions au Seigneur,
par l'intercession de Sainte Anne et de Saint Joachim, toutes nos familles,
car entièrement intégré parmi les pauvres et vivant totalement avec eux leur
condition, Jésus nous appelle à nous donner constamment à Dieu et à
construire l'unité au sein de nos familles humaines. D’une manière
particulière, ayons ici une pensée priante pour nos anciens, pour les
personnes du troisième âge, pour nos grands-parents. Prions aussi pour les
parents afin qu’ils entourent leurs enfants de beaucoup de tendresse et
qu’avec générosité, ils les élèvent humainement et chrétiennement. Prions
pour les familles qui souffrent et qui peinent sous le poids du fardeau de la
vie quotidienne comme la sainte Famille de Nazareth dans l’Evangile de ce
jour. « Syméon prit l'enfant dans ses bras, et il bénit Dieu ». Alors le vieillard
prophétise dans le Temple : « Et toi, Marie, ton âme sera transpercée par un
glaive de douleur ». Jésus révélera toutes choses. Il sera sujet de division. Il
entraînera le transpercement du coeur de ses proches. Mais la lettre aux
Hébreux lue en deuxième lecture nous rassure : « parce qu’il a souffert
jusqu’au bout l’épreuve de sa passion, le Christ est capable de porter
secours à ceux qui subissent une épreuve ». Ainsi, Jésus donne à chacun de
ses frères et de ses soeurs que nous sommes de pouvoir entrer avec Lui danscette merveilleuse marche tous ensemble vers Dieu notre Père. Rassurés que Dieu ne renonce jamais à ce qu’il a aimé, confions-nous à son amour. Il agira envers nos familles et envers nous-mêmes selon sa miséricorde qui s’étend de génération en génération. Qu’il nous accorde la joie du coeur, que la paix règne sur nos familles et sur nous-mêmes pèlerins aujourd’hui et pour toujours. Que les saints Anne et Joachim intercèdent pour nos familles et pour nous-mêmes. Amen.