Yvon Nicolazic vivait dans cette maison avec sa femme Guillemette, sa sœur et son beau-frère. Plusieurs apparitions de sainte Anne ont eu lieu dans la grange qui se trouvait à l’emplacement de la statue de sainte Anne. La maison, détruite par un incendie, a été reconstruite à l’identique au début des années 1900. (extrait du livre « Sainte-Anne-d’Auray - Histoire d’un sanctuaire en pays breton de 1625 à nos jours » de Cécile Perrochon)
La maison Nicolazic est ouverte
Téléchargez le dépliant sur Yvon Nicolazic
1591 Naissance d’Yvon Nicolazic (3 Avril)
1602 Naissance de Pierre Le Gouvello De Keriolet (14 Juillet)
1623 Première apparition de sainte Anne à Nicolazic (Août)
1625 Découverte de la statue—Début du pèlerinage (7 Mars)
26 Juillet : Première messe
1628 Bénédiction de la première chapelle (4 Juillet)
1633 Arrivée des Pères Carmes (29 Septembre)
1645 Mort de Nicolazic (12 Mai)
1660 Mort de Keriolet (8 Octobre)
1792 Départ des Pères Carmes (24 Septembre)
1794 Saccage de la chapelle (16 Décembre)
1802 Chapelle rendue au culte (Août)
1815 Ouverture du petit séminaire (Octobre)
1825 Bénédiction de la nouvelle statue de sainte Anne
1858 Pèlerinage de Napoléon III et de l’Impératrice (15 Août)
1866 Pose de la première pierre de la basilique (7 Janvier)
1868 Couronnement de la nouvelle statue (30 Septembre)
1872 Grand pèlerinage national (8 Décembre)
1874 Inauguration des orgues (8 Août)
Pèlerinage de Mac Mahon, président de la IIIème république
Bénédiction de la statue de la tour (8 décembre)
1877 Consécration de la basilique (8 Août)
1922 1ère pierre du mémorial (1er Octobre)
1932 Inauguration du mémorial (24 Juillet)
1937 Création de la paroisse de Sainte-Anne-d’Auray (1erAoût)
1944 Le Père Le Barh, 1er recteur de la paroisse est fusillé par
les allemands devant la maison Sainte-Marie (5 Août)
ainsi que le Père Allanic, économe du petit séminaire et
organiste de la basilique.
1946 Grand pèlerinage des anciens déportés et prisonniers
1947 Pèlerinage du Général De Gaulle
1949 Fêtes de Sainte Anne présidées par Monseigneur
Roncalli, nonce apostolique à Paris, futur Jean XXIII
1950 Création de la commune de Sainte-Anne-d’Auray (23 Février)
1954 Consécration de la Bretagne à la Vierge (26 Juillet)
1995 Fêtes de sainte Anne présidées par le Cardinal Lustiger, archevêque de Paris
1996 Le Pape Jean-Paul II à Sainte-Anne-d'Auray (20 Septembre)
2022 Lancement du chemin vers le Jubilé SAINTE ANNE 2025
« Heureux vos yeux parce qu’ils voient
et vos oreilles parce qu’elles entendent. »
(Matthieu 13/16)
Telles sont les paroles de l’Evangile que l’Eglise nous donne d’entendre, chaque année le 26 Juillet, jour de la fête de Sainte Anne.
Ici, à Keranna, petit hameau d’une cinquantaine d’habitants à l’époque des apparitions, le ciel a touché la terre et, en ce lieu, il nous est donné de voir et d’entendre les merveilles que le Seigneur a faites pour son peuple et qui continuent à se vivre dans son Eglise depuis presque quatre siècles, depuis de 7 Mars 1625 où Yvon Nicolazic découvrit la statue de Sainte Anne, enfouie depuis la ruine de la première chapelle au 7ème siècle.
Les pèlerins de ce lieu choisi par Dieu et honoré par « Madame sainte Anne » sont heureux de pouvoir vivre quelques instants dans ce sanctuaire, en mettant leurs pas dans ceux des millions de pèlerins des siècles passés, en regardant ce que la foi des chrétiens a bâti ici, en entendant et en écoutant le message de ce lieu traduit dans la pierre des monuments, le bois des statues, la peinture des tableaux, les paroles des prières et des chants qui disent la foi des bretons en Jésus-Christ et leur amour pour celle qui leur a fait l’honneur de venir chez eux.
Le message donné ici est toujours d’actualité, comme l’Evangile :
Message particulier, unique et d’abord parce que c’est le seul lieu au monde où Sainte Anne est apparue.
La grand mère de Jésus apparaît en ce début du XVIIème siècle où, à la suite du concile de Trente et avec l’apport des grandes missions paroissiales, grâce à la présence d’un évêque audacieux, Monseigneur Sébastien de Rosmadec, qui va faire venir dans le diocèse de Vannes de nombreuses congrégations religieuses, l’Eglise connaît une période de renouveau, après avoir connu des temps troublés suite aux guerres de religion, même si en Bretagne les rivalités furent beaucoup moins importantes que dans d’autres régions.
Les apparitions de sainte Anne à Yvon Nicolazic, par l’élan qui va se dessiner ici, vont contribuer grandement au renouveau de l’Eglise en cette terre de Bretagne.
Rapidement, dès la découverte de la statue le 7 Mars 1625, les pèlerins vont venir en foule à Keranna et ils continuent à venir demander à sainte Anne d’intercéder pour eux auprès du Seigneur.
« Dieu veut que je sois honorée ici » dit sainte Anne à Yvon Nicolazic. Cette phrase est la base de tout ce qui s’est déroulé en ces lieux. Si Dieu veut, tout est possible. Puisque c’est Dieu qui le veut, tout va se réaliser comme il le prévoit.
« Dieu veut» Ces deux mots disent la profondeur des choses, authentifient la vérité du message qui va suivre. Tout va se dérouler selon le cœur de Dieu, selon son dessein d’amour.
Plusieurs fois dans l’Evangile, Jésus parle de la volonté de son Père : « Je ne suis pas descendu ciel pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or, la volonté du Père, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donné.… Car la volonté du Père qui m’a envoyé, c’est que tout homme qui voit le Fils et croit en lui obtienne la vie éternelle. » (Jean 6/38-40) « Père, que ta volonté soit faite et non la mienne. » (Marc 6/36)
Le message révélé ici ne se situe donc pas en dehors de l’Evangile, il le prolonge, l’actualise, l’enracine dans la vie des hommes et des femmes de cette terre bretonne où la foi était présente depuis des siècles, mais qui avait besoin d’être revivifiée pour porter des fruits de sainteté.
« Dieu veut que je sois honorée ici. » dit Sainte Anne à Yvon Nicolazic. Tous l’ont admis et avec joie depuis si longtemps, car, comme le dit un des cantiques à Sainte Anne : « Quelle gloire et quelle joie pour nous quelle soit venue nous prendre pour tes enfants. » Mais dans quel but ? Pour quelle mission ? Car lorsque Dieu choisit, appelle, c’est toujours pour une mission précise comme le montrent l’appel des prophètes ou des apôtres. Sainte Anne elle-même reprendra le mot « choisir » dans l’un de ces messages : « J’ai choisi ce lieu par inclination. »
Suivra donc une mission particulière pour Yvon Nicolazic d’abord, puis pour tous ceux qui reconnaissent le message donné ici. Un message important que le Pape Jean-Paul II reprendra, rappellera à tous ceux qui étaient présents ici le 20 Septembre 1996 : appel à approfondir l’héritage de la foi reçue des ancêtres, appel à le transmettre, appel à approfondir la parole de Dieu, appel à bâtir l’Eglise, appel à la mission universelle, appel aux familles pour qu’elles transmettent et défendent la vie sous toutes ses formes.
En venant ici, Jean-Paul II a réactualisé le message reçu ici au début du XVIIème siècle.
L’Eglise a sans cesse le souci d’actualiser, de concrétiser le message de l’Evangile pour que les chrétiens puissent le vivre dans le temps qui est le leur.
Remercions le Seigneur pour tout ce que nous voyons et entendons en ce lieu béni où chacun vient puiser la force pour continuer à faire « la volonté du Père » et remercions « Madame Sainte Anne » qui a « choisi ce lieu » pour que l’Evangile y soit pleinement vécu et que chacun puisse venir ici se ressourcer.
LA MAISON DE NICOLAZIC : PREMIERE MANIFESTATION
Yvon Nicolazic vit avec son épouse Guillemette dans une ferme au milieu du village de Keranna qui compte sept fermes et rassemble une cinquantaine d’habitants.
Ils n’ont pas d’enfant.
Ils mènent une vie d’agriculteurs honnêtes, travailleurs.
Ils ne vivent pas dans le luxe, mais ne sont pas pauvres, car des ouvriers agricoles travaillent dans leur exploitation.
C’est là qu’a lieu la première manifestation mystérieuse : une main tenant un flambeau.
Ce n’est pas encore une apparition. Cela en est l’amorce, l’annonce.
Une lumière dans la maison, prélude de ce qui arrivera : les apparitions, les messages, les foules venant prier, la naissance des enfants, la construction de la chapelle.
C’est dans la maison familiale que tout commence, discrètement, mystérieusement.
Au travers des années et des siècles qui suivront, les pèlerins viendront à Sainte Anne, prier la Grand-Mère, celle à qui l’on confie tout, celle qui écoute, qui console, qui réconforte, lui demander de veiller sur les familles, sur les enfants qui cherchent du travail, les petits-enfants qui ont perdu le chemin de la prière et de l’Eglise, sur la jeune femme qui espère un enfant depuis des années, sur le grand-père qui est à l’hôpital.
Sainte Anne a voulu donner un premier signe à la maison, là où l’on vit, où l’on se retrouve, là où l’on se parle, où l’on s’aime, où l’on fait des projets, où l’on se console des échecs, où l’on se dit ses joies et ses peines, ses espérances et ses déceptions.
La maison est « l’Eglise domestique » selon les mots mêmes du pape Jean-Paul II à Sainte Anne d’Auray le 20 Septembre 1996.
Au cours de ce voyage, le pape a repris et développé ce message sur la famille et particulièrement l’après-midi de cette grande journée au cours de laquelle il a parlé aux milliers de jeunes familles rassemblées dans le parc du mémorial.
Voici quelques extraits de ce discours :
« Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde. » (Matthieu 5/13-14)
Le Christ adresse ces paroles aux disciples qui le suivaient et qui l’avaient entendu proclamer les Béatitudes. Aujourd’hui, il vous adresse ce même message, à vous, jeunes familles ici rassemblées.
Certes, la famille, en France comme ailleurs, traverse de multiples difficultés qui parfois la fragilisent…Je comprends vos inquiétudes pour l’avenir de vos enfants…Chères familles, je vous redis les paroles du Christ : « Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde. »…
L’Eglise vous fait confiance et compte sur vous, parents…pour que les jeunes puissent connaître le Christ et le suivre généreusement. Par votre façon de vivre, vous témoignez de la beauté de la vocation au mariage. L’exemple quotidien de couples unis nourrit chez les jeunes le désir de les imiter. Les jeunes, en recevant dans leur famille le témoignage de l’amour de Dieu, seront conduits à en découvrir les profondeurs….C’est souvent dans les familles à la foi épanouie que naissent aussi les vocations au sacerdoce ou à la vie religieuse….La vie conjugale et familiale est un chemin spirituel…Vous êtes invités à manifester au monde la beauté de la paternité et de la maternité et à favoriser la culture de la vie qui consiste à accueillir les enfants qui vous seront donnés et à les faire grandir….Vous êtes les premiers responsables de l’éducation humaine et chrétienne de vos enfants….
La famille est un lieu d’épanouissement incomparable. Puissiez-vous, grâce au Christ et à l’amour qui vous unit, vivre dans la joie !
Dans ce lieu de pèlerinage, le peuple chrétien honore Sainte Anne, mère de la Vierge Marie et il vient finalement se mettre sous sa protection. Je confie vos familles à son intercession…. »
Jean-Paul II parlera de la famille en bien d’autres lieux, à Rome ou lors de ses différents voyages. Ce sera l’un de ses thèmes de prédilection, car il savait que, surtout en Occident, la famille est menacée.
Il écrira dans un long texte sur la famille : « Il ne faut pas oublier que même dans les cas où la procréation est impossible, la vie conjugale garde toute sa valeur. »
Ceci était le cas pour Yvon Nicolazic et son épouse Guillemette. Ils étaient mariés depuis une dizaine d’années et n’avaient pas d’enfants. Mais, après les apparitions, leur vœu va être exaucé. Ils donneront naissance à 4 enfants : L’aîné, Sylvestre, né en 1628 commencera ses études vers le sacerdoce auprès des Carmes de Sainte Anne. Il sera ordonné prêtre. Il sera au service de sa paroisse natale de Pluneret, ainsi qu’au service des missions organisées par les Pères Jésuites. Malheureusement, il mourra jeune, à 31 ans et sera enterré dans l’église de Pluneret.
En 1630, naîtra Jeanne, en 1636, Yves et en 1640, Julien.
C’est dans l’histoire de cette famille qu’est ancrée une tradition encore très fidèle aujourd’hui dans ce sanctuaire : celle de prier Sainte Anne pour obtenir une naissance. Beaucoup de couples viennent la remercier parce qu’après des années de stérilité, ils ont obtenu la joie d’une naissance.
La tradition chrétienne nous dit qu’Anne et Joachim ont attendu longtemps une naissance et que leur attente fut comblée.
La famille est bien le cœur du message de ce lieu. C’est la mère de la Vierge Marie, la Grand Mère de Jésus, Sainte Anne, qui apparaît dans ce hameau.
Depuis longtemps Sainte Anne était vénérée ici. Le village s’appelait « Keranna », le village d’Anne et les habitants priaient cette sainte sans savoir d’où venait cette vénération. La dévotion à saine Anne se transmettait de génération en génération sans que quelqu’un ne puisse en dire l’origine.
La dévotion à sainte Anne, la grand-mère est attestée par les statues « trinitaires » que l’on peut voir à la galerie d’art. Dans un même bloc de bois sont sculptés Anne, Marie et Jésus. Certaines de ces statues sont antérieures aux apparitions, signe que la famille, la transmission de la foi à l’intérieur de la famille est très ancienne dans ce lieu.
Plusieurs cantiques, chantés ici, aident à faire prier les pèlerins pour les familles :
SAINTE ANNE, O BONNE MERE, VERS TOI MONTENT NOS CHANTS,
ENTENDS NOTRE PRIERE ET BENIS TES ENFANTS.
- Avec délicatesse, regarde les foyers, que toujours y progressent l'amour et l'unité.
- Fais vivre nos familles dans la fidélité, sans fin, chez elles brillent la paix et l‘unité.
- Nous te confions, O Mère, les jeunes, les enfants, qu'ils sachent qu'un Dieu-Père les aime infiniment.
- Tu as donné la vie : éclaire les parents, secours ceux qui te prient de guider leurs enfants.
- Conduis dans la lumière les jeunes dans la nuit, qu’ils marchent tous en frères aux pas de Jésus-Christ.
PATRONNE DES BRETONS, DANS LE HAMEAU DE KERANNA,
TU VIENS REVELER TON NOM ET VERS JESUS GUIDER NOS PAS.
SAINTE ANNE, O MERE DE MARIE, CONDUIS NOS PAS VERS JESUS-CHRIST,
IL EST LA SOURCE DE LA VIE, LUMIERE AU CREUX DE NOTRE NUIT.
O SAINTE ANNE, O MARIE, VOTRE PEUPLE A GENOUX,
VOUS ACCLAME ET VOUS PRIE, GARDEZ-NOUS, SAUVEZ-NOUS.
rendez leur cœur tout rayonnant de l’Evangile de la vie.
que tous les cœurs chantent la joie de pouvoir vaincre toute mort.
que vienne illuminer leur nuit le feu brûlant de votre amour.
dites que Dieu a répondu au bon larron qui l’a prié.
qu’ils disent toute vérité qui nous éclaire et nous unit.
A LA FONTAINE : PREMIERE APPARITION
La première apparition aura lieu à la fontaine.
Celle-ci, comme dans tout hameau ou village, était un lieu de rencontre, le lieu où s’abreuvaient hommes et bêtes, le lieu où les femmes venaient laver le linge.
C’est à la fontaine de Keranna, à la source que Sainte Anne se montre, mais elle n’est encore « qu’une dame ».
Après avoir donné de l’importance à la maison familiale, elle en donne à la source, là où va chaque habitant du village, où tous se retrouvent, là où l’on se désaltère, là où redevient propre ce qui était souillé, là où humains et animaux se ressourcent.
Signe profond que celui qui est donné en ce lieu : Sainte Anne vient rappeler l’importance de l’eau, mais d’une autre eau, celle de notre baptême, celle qui nous a donné la vie de Dieu, qui nous a fait entrer dans l’Eglise, celle qui nous a fait chrétiens. Elle ramène tout pèlerin à la source de leur baptême.
Dans la Bible, l’eau est d’une importance capitale et ceci dès les débuts de la création : « Et Dieu dit : ‘Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux et qu’il sépare les eaux.’ Dieu fit le firmament, il sépara les eaux qui sont au-dessous du firmament et les eaux qui sont au-dessus. ….Dieu appela la terre ferme ‘terre’ et il appela la masse des eaux ‘mer’. » (Genèse 1/6-7,10)
C’est en voyant « que la méchanceté de homme était grande sur la terre » (Genèse 6/5) que Dieu va faire pleuvoir les eaux du déluge qui vont laver la terre des péchés des hommes. C’est en traversant la mer que les hébreux sont passés de l‘esclavage en Egypte à la liberté en terre promise. (Exode 14)
« Sous le seuil du temple, de l’eau jaillissait en direction de l’orient » dit le prophète Ezékiel, parlant de la vision qu’il avait eue. « Cette eau…descend dans la vallée du Jourdain et se déverse dans la mer morte dont elle assainit les eaux….Cette eau assainit tout ce qu’elle pénètre…Cette eau vient du sanctuaire » (Ezékiel 47/1,8,12)
« Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain venaient à Jean et ils se faisaient baptisés par lui dans la Jourdain en reconnaissant leurs péchés. » (Matthieu 3/5-6). Jésus lui-même se fait baptiser par Jean : « Il sortit de l’eau; voici que les cieux s’ouvrir et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. » (Matthieu 3/16)
Le long épisode de Jésus rencontrant la samaritaine au puits de Jacob laisse entrevoir le mystère de l‘eau qui donne la vie nouvelle. Jésus dit : « Tout homme qui boit de cette au aura encore soif, mais celui qui boira de l‘eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif et l’eau que moi je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. » (Jean 4/13)
C’est en allant se laver à la piscine de Siloé, que l‘aveugle de naissance va retrouver la vue. (Jean 9/7)
Si nous avons grandi dans la foi, c’est parce qu’un jour l’eau a coulé sur notre front, c’est parce que nous avons été « plongés » avec le Christ dans la mort pour revivre avec lui, comme il signifie dans ce dialogue avec ses apôtres : « Pouvez-vous boire le calice que, moi, je vais boire, ou être baptisés du baptême dont, moi, je vais être baptisé? " Ils lui dirent : " Nous le pouvons. " Et Jésus leur dit : " Le calice que je vais boire, vous le boirez, et vous serez baptisés du baptême dont je vais être baptisé. » (Marc 10/38-39)
Saint Paul parlera clairement de cette mise au tombeau avec le Christ qui nous entraîne avec lui dans la résurrection :
« Si, par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ par la toute puissance du Père est ressuscité d’entre les morts. » (Romains 6/4)
« Par le baptême, vous avez été mis au tombeau avec lui,avec lui, vous avez été ressuscités parce que vous avez cru en la force de Dieu qui a ressuscité Jésus d’entre les morts. » (Colossiens 2/12)
C’est tout cela que Sainte Anne vient nous rappeler en apparaissant à la fontaine, à la source. Elle vient d’abord nous rappeler notre baptême et en dire l’importance.
Comme l’eau est indispensable pour notre vie, le baptême est indispensable pour grandir dans l’amour de Dieu, pour entrer dans le mystère de Dieu.
Yvon Nicolazic n’a sans doute pas compris cela tout de suite, tant la surprise de l’apparition fut grande, mais nous savons combien il était fidèle à son baptême, le manifestant dans sa vie de prière, sa vie de service, d’abandon à la volonté de Dieu, d’acceptation des critiques, même lorsqu’elles venaient de l’Eglise par la voix de son recteur au presbytère de Pluneret.
Aujourd’hui, la fontaine a été mise en valeur, par une colonne de granit surmontée d’une statue de Sainte Anne et Marie qui accueillent les pèlerins, par un bassin où les ceux-ci peuvent descendre « plonger » pour se laver les pieds. Mais l’essentiel est bien de se souvenir de son baptême et, avec l’eau de faire le signe de la croix en récitant la prière des enfants de Dieu, le Notre Père.
Tout pèlerin doit d’abord faire une halte à la fontaine avant d’entrer dans la basilique, car l’on est baptisé avant de pouvoir participer à l’Eucharistie.
Remercions Sainte Anne de nous avoir rappelé l’importance de cette eau qui nous rappelle notre baptême, cette « porte d’entrée » dans l’Eglise, dans la vie chrétienne.
Sainte Anne nous dit que l’essentiel est bien ailleurs que dans sa seule apparition. Elle vient nous redire l’Evangile, que nous sommes enfants de Dieu, que la « plongée » dans la mort avec le Christ nous fera vivre avec lui, ressuscités.
SAINTE ANNE, O BONNE MERE, VERS TOI MONTENT NOS CHANTS,
ENTENDS NOTRE PRIERE ET BENIS TES ENFANTS.
- Auprès de la fontaine, au milieu de la nuit, tu vins comme une reine à la source de vie,
- Maintiens solide et forte la foi des baptisés, fais que toujours ils portent amour et vérité.
- Nous rendons grâce au Père de nous avoir choisis,
car tous nous sommes frères par l’eau qui donne vie.
« J’AI CHOISI CE LIEU PAR INCLINATION.
DIEU VEUT QUE J’Y SOIS HONOREE. »
A partir de 1623, Sainte Anne apparaît ici à Yvon Nicolazic, mais l’on peut se poser la question : Pourquoi à cette époque, Pourquoi en Bretagne, pourquoi à Keranna, pourquoi dans le champ du Bocenno ?
Sainte Anne était déjà honorée ici depuis si longtemps. Ici vivait un homme juste et pieux qui la priait. Le village s’appelait bien « Keranna ». Mais il faut aller plus loin.
C’est le choix du ciel ! Le choix de Sainte Anne ! Le choix de Dieu ! La volonté de Dieu !
Le choix de Sainte Anne et le choix de Dieu désormais ne font qu’un.
Le choix de Sainte Anne ne peut que s’inscrire dans la volonté toute puissante d’amour du Père.
Sur cette terre, peinent, sur les chemins de la vie parfaite, ceux qui s’efforcent de faire au mieux volonté de ce Père « plein de tendresse et de pitié, lent à la colère plein d’amour et de vérité » (Psaume 85)
Au ciel, les saints vivent le règne de Dieu où s’accomplit à la perfection la volonté du Seigneur . Dans la vision béatifique rien ne peut séparer la volonté du Père et le désir de celle qui a été choisie pour donner au monde la Mère du Fils unique, du Fils du Père éternel.
La véritable liberté, celle dont bénéficient les saints, est l’acceptation dans l’amour parfait de la volonté de Dieu. Ils sont libérés des contraintes de cette terre, des limites du temps et de l’espace, des séductions du péché, des faiblesses, des erreurs, des échecs, des abandons, des trahisons.
Dans la béatitude éternelle, leur choix est celui de Dieu qui les enveloppe de son amour. Libérés des entraves que nous connaissons, ils sont dans le face à face lumineux de Dieu et font dans la liberté la plus absolue, car elle n’est qu’amour, en tout, la volonté du Père qui ne peut que vouloir le bien de ceux qui contemplent sa gloire.
Par son incarnation, Jésus viendra réaliser sur cette terre ce que les hommes, esclaves du péché, ne peuvent faire. Dans son humanité, Jésus a réalisé parfaitement la volonté de Dieu. Il a pris sur lui nos péchés. Il les a rachetés. Au milieu de la souffrance la plus extrême, il a manifesté l’amour le plus parfait, ce que Jésus attend de chacun de nous.
Ouvrons l’Evangile et reprenons les paroles de Jésus.
Au puits de Jacob, après son dialogue avec la Samaritaine, il dit à ses apôtres qui l’invitent à venir manger : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. »
Un jour, il disait à la foule : « Je ne suis pas descendu du ciel pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or la volonté du Père qui m’a envoyé, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donné. »
Au jardin de l’agonie, il prie ainsi : « Père, que ta volonté soit faite et non la mienne. » (Luc 22/42)
Sur la croix : « Tout est accompli » (Jean 19/30)
Et tous les chrétiens disent souvent cette phrase du « Notre Père » que Jésus nous a laissé : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » (Matthieu 6/10)
Marie, conçue sans péché, dans le sein de Sainte Anne, a toujours fait la volonté du Père, préparant ainsi son Fils à sa mission. Elle dira à l’envoyé du Seigneur au jour de l’annonciation : « Je suis la servante du Seigneur, que tout se fasse pour moi selon ta parole. » (Luc 1/38)
Marie, sachant que son Fils fait en tout la volonté de son Père, invite à obéir à ce Fils, image parfaite du Père et elle dit aux serviteurs des noces de Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira. » (Jean 2/5)
Marie avait appris ce qu’était la volonté du Seigneur sur les genoux de Sainte Anne. Elle avait entendu raconter le plan de Dieu pour son peuple, l’histoire mouvementée de ce peuple choisi par le Seigneur pour que sa volonté se réalise en ce monde.
Dans la foi, chaque disciple de Jésus est invité à accepter, à faire la volonté du Père qui n’est qu’amour.
Faisant choix de ce lieu, où elle était honorée depuis le 7ème siècle, Sainte Anne ne pouvait que dire à Yvon Nicolazic : « J’ai choisi parce que Dieu le veut », son choix ne pouvant s’inscrire que dans la volonté du Seigneur qu’elle a toujours voulu servir. Et elle a si bien servi son Seigneur, que celui-ci l’a choisie pour être la grand mère du sauveur.
Pécheurs que nous sommes, nous avons si souvent du mal à accepter la volonté du Seigneur, que nous ne comprenons pas.
Nous ne savons sans doute pas voir, lire, décrypter sa volonté d’amour. Nous sommes si loin de ce cœur d’amour qui ne veut que notre bien, notre bonheur.
Lorsqu’ arrivent des contrariétés, des malheurs, nous sommes si près d’abandonner, de nous révolter, d’en vouloir à Dieu que nous savons proclamer et remercier lorsque cela va bien et que nous avons obtenu ce que nous avions demandé.
Nous sommes souvent si loin de dire avec le saint homme Job : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, que le nom du Seigneur soit béni. Nous acceptons le bonheur comme un don Dieu et le malheur, pourquoi ne l’accepterions-nous pas aussi ? »
Sainte Anne, apprends-moi à toujours faire la volonté du Père.
Aide-moi à voir dans les autres, dans les évènements,
la présence aimante du Père de toute miséricorde qui ne veut que le bien de ces enfants.
SAINTE ANNE, O BONNE MERE, VERS TOI MONTENT NOS CHANTS,
ENTENDS NOTRE PRIERE ET BENIS TES ENFANTS.
Fidèle a sa promesse, ton Dieu, ton créateur,
dans toute sa sagesse a regardé ton cœur.
Choisie par Dieu le Père, pour nous donner Marie,
Que ton exemple éclaire les coeurs qui te supplient.
Tu vins dans ce village au temps choisi par Dieu,
Tu donnes témoignage de tout l’amour des cieux.
« Dieu veut qu’en ce village, on vienne pour prier
Et dire témoignage du Christ ressuscité. »
1- Quand vint pour ce village le temps fixé par Dieu,
La mère de Marie chanta l’amour des cieux.
O REINE, EN CETTE TERRE, TU AS DONNE TON NOM,
SAINTE ANNE, O NOTRE MERE, SANS FIN, NOUS TE CHANTONS.
2- Tu vins pour nous redire les mots du seul sauveur,
Par toi, il nous appelle à vivre d’un seul cœur.
3- Pour que le nom du Père chez nous soit sanctifié,
Tu veux que la chapelle ici soit relevée.
REFLET DU TOUT PUISSANT, CHEMIN VERS LE SALUT,
ECOUTE TES ENFANTS, CONDUIS-LES JUSQU’A JESUS.
« JE SUIS ANNE, MERE DE MARIE »
Après plusieurs démarches mouvementées au presbytère de Pluneret, sa paroisse, Yvon Nicolazic, sur l’insistance de son recteur, Sylvestre Rodoué, va demander à la dame de dire qui elle est.
Le 25 Juillet 1624, la réponse viendra, en breton, seule langue que parlait Nicolazic : « Me zo Anna, mamm Mari, Je suis Anne, mère de Marie. »
Celle que Nicolazic priait depuis toujours, celle qui avait donné son nom à ce hameau
Keranna : le village d’Anne, était là devant lui. C’était bien elle qui lui apparaissait depuis plusieurs mois sans dire son nom. « La bonne patronne » comme il aimait à le dire ! La mère de Marie l’Immaculée, la grand mère de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, le sauveur du monde.
C’est la révélation. Le ciel se dévoile, se dit, se donne.
Un don merveilleux nous est fait, il ne demande qu’à être accueilli : oui, dans ce petit hameau, c’est bien le ciel qui touche la terre. Ce n’était pas une illusion, une invention.
Cette dame se nomme, elle dit qui elle est mais par rapport à Marie, en toute humilité, montrant par là que sa fille est plus grande qu’elle, comme si elle voulait se justifier : « Je suis Anne, mais vous connaissez ma fille qui est plus importante que moi, Marie, elle qui est priée partout par les chrétiens, la mère de Jésus ». Elle manifeste ainsi qu’elle n’est qu’une intermédiaire, une messagère, moins connue que sa fille. Elle veut ainsi authentifier sa révélation.
Sainte Anne se nomme par rapport à celle à qui elle a donné la vie : Marie, montrant ainsi l’importance de la maternité, du don de la vie.
Cela est de la plus haute importance pour le message qui est donné, mais cela a certainement eu aussi une grande répercussion dans le cœur de Nicolazic, car lui et Guillemette n’ont pas d’enfant alors qu’ils sont mariés depuis des années. Ce n’est que plus tard qu’ils auront la joie de connaître la paternité et la maternité.
A sainte Anne, c’est là l’un des aspects importants du message. Jean-Paul II, lors de sa venue, le 20 Septembre 1996 a voulu rassembler les jeunes familles et leur parler pour leur dire combien la famille, et la famille chrétienne, est importante pour l‘Eglise et pour la société.
Que de fois n’est-il pas intervenu pour défendre la famille et dire : « L’avenir de l’humanité dépend de la famille. »
Voici des extraits de ce qu’il disait ici, après avoir réfléchi au message donné ici par Sainte Anne à quelqu’un qui allait devenir père de famille :
« Chers parents, Chers enfants,
« Vous êtes le sel de la terre... Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13-14). Le Christ adresse ces paroles aux disciples qui le suivaient et qui l'avaient entendu proclamer les Béatitudes (cf. Mt 5, 3-12). Aujourd'hui, il vous adresse ce même message, à vous, jeunes familles ici rassemblées (.. ).
Certes, la famille, en France comme ailleurs, traverse de multiples difficultés qui parfois la fragilisent. Votre région est particulièrement éprouvée par' la situation économique qui provoque le chômage et qui contraint des jeunes à la quitter. Vous rencontrez des problèmes complexes concernant la santé, le logement, le travail des femmes. Je comprends vos inquiétudes pour l'avenir de vos enfants. Comme de nombreux parents, vous êtes confrontés à la question de l'éducation humaine et morale des jeunes, alors qu'autour de vous s'affaiblit le sens spirituel et que sont remises en cause bien des valeurs essentielles comme l'indissolubilité du mariage ou le respect de la vie
Chères familles, je vous redis les paroles du Christ: vous êtes « le sel de la terre » et « la lumière du monde » (...). Avec ces images du sel et de la lumière, le Christ s'adresse aujourd'hui à vous, familles ici rassemblées. (...) L'Église vous fait confiance et compte sur vous, parents, tout spécialement dans la perspective du troisième millénaire, pour que les jeunes puissent connaître le Christ et le suivre généreusement. Par votre façon de vivre, vous témoignez de la beauté de la vocation au mariage. L'exemple quotidien de couples unis nourrit chez les jeunes le désir de les imiter. Les jeunes, en recevant dans leur famille le témoignage de l'amour de Dieu, seront conduits à en découvrir les profondeurs. La préparation du grand Jubilé passe par chaque personne et par chaque famille, pour que le monde accueille la lumière du Christ qui, seul, donne le sens ultime de l'existence (cf. Tertio Millennio adveniente, n. 28) (...).
Soyez le sel de la terre! Soyez la lumière du monde! Qu'est-ce que cela veut dire ? Le Seigneur nous l'explique: « Que votre lumière brille devant les hommes; alors, en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux » (Mt 5, 16). Vous êtes invités à manifester au monde la beauté de la paternité et de la maternité, et à favoriser la culture de la vie qui consiste à accueillir les enfants qui vous sont donnés et à les faire grandir. Tout être humain déjà conçu a droit à l'existence, car la vie donnée n'appartient plus à ceux qui l'ont fait naître. Votre présence ici avec vos enfants est un signe du bonheur qu'il y a à donner la vie de façon généreuse et à vivre dans l'amour.
Vous, les jeunes, vous êtes aussi le sel de la terre et la lumière du monde. Pour chacun d'entre vous, la maison est un lieu privilégié où vous aimez et où vous êtes aimés. Vos parents vous ont appelés à la vie et désirent vous guider dans votre croissance. Sachez les remercier et rendre grâce au Seigneur ! Même dans les moments difficiles, prenez conscience que vos parents veulent vous aider à être heureux, mais que l'accès au bonheur a aussi des exigences ! Comme vous parents, vous êtes responsables de la vie en famille et de l'existence d'un climat de plus en plus pacifié, qui laisse à chacun assez d'espace pour donner le meilleur de lui-même et pour épanouir sa personnalité.
La société doit reconnaître la haute valeur du rôle des parents, qui prépare l'avenir d'une nation. En effet, vous êtes les premiers responsables de l'éducation humaine et chrétienne de vos enfants. La communauté familiale fondée sur l'amour et la fidélité offre aux enfants la sécurité et la stabilité qui leur permettent d'accéder à la vie adulte. C'est dans un climat d'amour et de tendresse, de don et de pardon, que les personnalités peuvent se forger et se développer harmonieusement. »
SAINTE ANNE, O BONNE MERE, VERS TOI MONTENT NOS CHANTS
ENTENDS NOTRE PRIERE ET BENIS TES ENFANTS
Tu vins dans ce village au temps choisi par Dieu
Retrouver ton image et nous ouvrir les yeux.
Suivez donc cette flamme, c’est moi qui vous en prie,
Je suis Madame Sainte Anne, la Mère de Marie.
« ALLEZ DIRE A VOTRE RECTEUR
« Dans la pièce de terre appelée le Bocenno, il y a eu autrefois, même avant qu’il n’y eût aucun village, une chapelle dédiée en mon nom. Il y a 924 ans et 6 mois qu’elle est ruinée. Je désire qu’elle soit rebâtie au plus tôt. »
Sainte Anne donne une mission à Yvon Nicolazic, cet homme, marié, sans enfant, agriculteur, laïc travailleur, honnête et pieux.
Tout chrétien appelé n’est jamais appelé pour lui-même, mais pour les autres. Il reçoit une mission et une mission confiée n’est jamais pour soi seul, elle l’est pour tous, en Eglise.
Elle vient du ciel et doit toujours être accomplie en communion avec l’Eglise locale représentée par le pasteur nommé par l’évêque. Rien ne peut se faire de solide,constructif,en dehors du lien avec l’Eglise.
Aucun chrétien, à plus forte raison s’il est investi d’une mission particulière, ne peut travailler seul, comme s’il le faisait pour lui-même ou pour un groupe de disciples, d’adeptes ou d’initiés.
Le lien de communion avec l’Eglise est la preuve de l’authenticité du message reçu.
Nicolazic n’entreprendra rien sans l’accord de son recteur, avant que l’évêque n’ait reconnu l’authenticité des apparitions.
Toujours, il confiera aux prêtres de sa paroisse, Pluneret, ou aux pères capucins d’Auray, ce que Sainte Anne lui demande, ses projets,ses attentes, ses déceptions. Il restera fidèle à l’Eglise, même lorsqu’il se fera rabrouer sans ménagement par son recteur. Celui-ci n’avait pas particulièrement bon caractère et l‘on devine qu’il a du rapidement penser aux ennuis que la construction d’une chapelle allait lui causer. Sûr de lui, Nicolazic tint bon, car ce qu’il demandait ne venait pas de lui, mais de Sainte Anne, sa « Bonne Patronne ».
La demande de reconstruction de la chapelle rejoint celle faite par le Christ à Saint François d’Assise, celle faite par Marie à Bernadette.
Cela sera fait. La chapelle fut construite et Nicolazic, qui l‘a voulait « grande comme une cathédrale », selon ses propres termes, se montra un remarquable entrepreneur.
Mais construire ou reconstruire une église ou une chapelle, ce n’est pas seulement reconstruire un bâtiment, si beau, si nécessaire soit-il, c’est par là, redonner vie à l’Eglise, réanimer la vie chrétienne, rassembler les disciples du Christ pour qu’ils reçoivent la parole de vérité de l’Evangile, chantent la gloire de Dieu, progressent dans la foi, l’espérance, l’amour de Dieu et des autres.
Construire ou reconstruire une chapelle, c’est rendre présente, vivante, agissante, une communauté de chrétiens qui seront témoins. C’est leur donner les moyens de se rassembler pour prier, pour recevoir pardon de Dieu, le pain de vie. C’est manifester la visibilité de l’Eglise voulue par le Christ. C’est donner un surplus de vie à un village, une région.
Le pèlerinage de Sainte Anne, qui va se fortifier davantage encore lorsque la chapelle sera construite. Il contribuera grandement au renouveau de l’Eglise dans le pays d’Auray, le diocèse de Vannes et toute la Bretagne, renouveau déjà en marche depuis le concile de Trente.
Depuis les apparitions, l’Eglise vit ici d‘une manière toute particulière. Le peuple de Dieu s’y rassemble. Le sanctuaire est lieu de louange, de supplication, de ressourcement, d’action de grâce, de réconfort.
« Sainte Anne, garde-moi fidèle à l’Eglise,
car c’est par elle que j’ai reçu la vie de Dieu au baptême. »
SAINTE ANNE, O BONNE MERE, VERS TOI MONTENT NOS CHANTS,
ENTENDS NOTRE PRIERE ET BENIS TES ENFANTS
- Accorde à notre Eglise de vivre en liberté et que toujours elle puise en Christ sa vérité.
- Pour le bien de l’Eglise, fais germer dans les cœurs
le désir du service pour le nom du Seigneur.
- Maintiens solide et forte la foi des baptisés, fais que toujours ils portent amour et vérité.
« APPELEZ VOS VOISINS »
Plusieurs fois, Dom Sylvestre Rosdoué, recteur de Pluneret, connu pour être un homme rude, sur un ton peu courtois, avait dit à Yvon Nicolazic que s’il persistait dans les affirmations, il lui interdirait l’entrée de l’église et même la réception des sacrements. Nicolazic, ne pouvant rien contre le refus de son recteur qui voulait un signe, alla jusqu’à demander à sainte Anne de faire un miracle pour qu’il se laisse convaincre.
Le signe fut donné.
Nous sommes le 7 Mars 1625, un an et demi après le début des apparitions, vers 23 heures. Yvon Nicolazic, comme chaque soir, récite son chapelet. Tout à coup, sa chambre est illuminée. Sainte Anne lui apparaît et lui dit : « Yvon Nicolazic, appelez vos voisins, comme on vous l’a conseillé; menez-les où ce flambeau vous conduira, vous trouverez l’image qui vous mettra à couvert du monde, lequel connaîtra enfin la vérité de ce que je vous ai promis. »
Nicolazic appela ses voisins. Et ils se mirent en marche vers le champ du Bocenno, suivant le flambeau qui les guidait.
Avec ce groupe d’hommes, des voisins, Louis Le Roux, Jacques Lucas, François Le Bléavec, Jean Tanguy et Julien Lézulit, c’est l’Eglise qui se met en marche du hameau vers le champ du Bocenno. C’est le premier pèlerinage, qui sera celui de la découverte.
Ces hommes, des chrétiens, paysans courageux, en pleine nuit, suivent ce flambeau qui les mène vers une autre lumière que le ciel va leur donner.
Nicolazic est toujours entouré, conseillé. D’autres personnes, comme Monsieur De Kermadio, gentilhomme paysan, bon chrétien, lui sera d’un grand secours et de bon conseil lorsqu’il manifestera ses doutes, ses craintes, lorsqu’il se fera durement rabroué par son recteur.
Monsieur de Kerloguen fit également bon accueil à Nicolazic et lui promit un terrain pour construire la chapelle.
A Keranna, en ce début du 17ème siècle, c’est l’Eglise qui vit, qui écoute, qui marche, qui avance, qui cherche, qui se retrouve, qui encourage. Tous les hommes ont une grande place dès les premiers jours. Ils accompagnent et soutiennent Yvon Nicolazic reconnu par tous comme un homme juste, droit, honnête, pieux.
Ce petit groupe d’hommes est le premier groupe de pèlerins de Sainte Anne d’Auray, prélude de ce que seront les foules qui viendront en ce lieu comme le dit Sainte Anne à Nicolazic : « L’affluence du monde qui me viendra en ce lieu sera le plus grand miracle de tous. »
Depuis ce jour, des foules innombrables sont venues prier à Sainte Anne, mettant leurs pas dans ceux de ce premier petit groupe de pèlerins qui ne savaient pas ce qu’ils allaient découvrir, qui ne savaient pas qu’ils allaient ouvrir une grande porte pour l’évangélisation de cette région où, par l’intercession des prières faites à Sainte Anne, la Bonne Nouvelle de l’Evangile sera annoncée.
Dans l‘Eglise, l’on est jamais seul, d’autres frères et sœurs chrétiens font route avec nous, au rythme de leurs pas, partageant la même foi.
Mais, face à une affirmation de révélation, d’apparition, l’Eglise est toujours prudente. Les prêtres de Pluneret le seront pour Nicolazic, les capucins d’Auray aussi. L’Eglise est une mère qui ne veut pas que ses enfants se fourvoient et qu’ils se laissent prendre par un souci exagéré des choses merveilleuses qui les détourneraient d’une foi droite, fidèle à l’enseignement reçu de puis 2000 ans, concrète, réfléchie. Elle est réservée face à ce qui pourrait venir d’esprits mal éclairés ou illuminés. Mais la fidélité de Nicolazic, son obéissance, la simplicité de sa foi, sa vie humble, montrèrent qu’il n’était pas homme à inventer des choses sortant de l’ordinaire, pour se mettre en avant. C’était un « fidèle laïc ».
Il aimait son Eglise et il en a été respectueux.
Nous faisons partie de cette Eglise depuis notre baptême. Nous en sommes membres, nous sommes l’Eglise de Jésus-Christ, réunie autour du successeur de Pierre, le Pape et les évêques.
Au concile Vatican II, tous les évêques du monde entier ont signé un document sur l’Eglise, de la première importance.
En voici quelques lignes :
« Tous les hommes sont appelés à former le nouveau Peuple de Dieu. En conséquence, ce peuple doit, sans cesser d'être un et unique, s'étendre au monde entier et en tous les siècles afin que s'accomplisse le dessein de Dieu, qui au commencement créa la nature humaine une et voulut ensuite rassembler en un seul corps ses enfants dispersés (cf. Jn 11, 52). A cette fin, Dieu envoya son Fils, qu'il constitua héritier de toutes choses (cf. Hébr. 1, 2), pour être Maître, Roi et Prêtre de l'univers, Chef du peuple nouveau et universel des fils de Dieu. A cette fin aussi Dieu envoya l'Esprit de son Fils, Seigneur et Vivificateur, qui est, pour toute l'Église et pour chacun des croyants, principe de réunion et d'unité dus à l'enseignement des Apôtres, dans la communion, dans la fraction du pain et les prières.
En toutes les nations de la terre subsiste l'unique Peuple de Dieu, puisque c'est de toutes les nations qu'il tire ses membres, citoyens d'un Royaume dont le caractère n'est pas terrestre, mais bien céleste. Car tous les fidèles épars à travers le monde sont en communion les uns avec les autres dans l'Esprit-Saint, et ainsi "celui qui habite à Rome sait que les Indiens sont ses membres" (9). Mais comme le Royaume du Christ n'est pas de ce monde (cf. Jn 18, 36), l'Eglise, Peuple de Dieu, en introduisant ce Royaume, n'enlève rien au bien temporel des peuples, quels qu'ils soient; au contraire, elle favorise et assume, dans la mesure où ces choses sont bonnes, les talents, les richesses, les coutumes des peuples et, en les assumant, les purifie, les renforce et les élève.
Les pasteurs savent parfaitement combien les laïcs contribuent au bien de toute l'Eglise; et ils savent qu'eux-mêmes n'ont pas été institués par le Christ pour assumer à eux seuls toute la mission salvatrice de l'Eglise envers le monde, mais qu'ils ont la charge sublime de paître si bien les fidèles, de si bien reconnaître chez eux les ministères et les charismes, que tous coopèrent à leur mesure et d'un même cœur à l'œuvre commune. Car il faut que tous "vivant selon la vérité et dans la charité, nous croissions de toute manière vers Celui qui est le Chef, le Christ, dont le Corps tout entier reçoit concorde et cohésion par toutes sortes de jointures qui le nourrissent et l'actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même dans la charité" (Eph. 4, 15-16).
Le peuple élu de Dieu est donc un: "Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême" (Eph. 4, 5). La dignité des membres est commune à tous par le fait de leur régénération dans le Christ; commune est la grâce des fils, commune la vocation à la perfection, unique est le salut, unique l'espérance et indivise la charité. Il n'existe donc pas d'inégalité dans le Christ et dans l'Église en raison de la race ou de la nation, de la condition sociale ou du sexe, car "il n'y a plus ni juifs ni gentils, il n'y a plus ni esclaves ni hommes libres, il n'y a plus ni hommes ni femmes: vous êtes tous un dans le Christ Jésus" (G. 3, 28 gr., cf. Col. 3, 11).
Si donc dans l'Eglise tous ne cheminent pas en suivant la même voie, tous cependant sont appelés à la sainteté et ont reçu en partage une foi du même prix par la justice de Dieu (cf. II Petr. 1, 1). Même si certains. par la volonté du Christ, sont mis à la tête des autres comme docteurs, dispensateurs des mystères et pasteurs, il existe cependant entre tous une véritable égalité, sur les plans de la dignité et de l'action commune, en ce qui regarde l'édification du Corps du Christ. En effet, la distinction posée par le Seigneur entre les ministres sacrés et le reste du Peuple de Dieu comporte l'union que des devoirs communs aux pasteurs et aux autres fidèles créent entre eux: devoir pour les pasteurs de l'Eglise, à l'exemple du Christ, de se mettre au service les uns des autres et au service des fidèles; et pour ces derniers de prêter volontiers leur concours aux pasteurs et aux docteurs. Ainsi, dans la diversité, tous rendent témoignage de l'admirable unité qui existe dans le Corps du Christ; car la diversité même des grâces, des ministères et de l'action rassemble en un seul tout les fils de Dieu, puisque "c'est un seul et même esprit qui opère toutes ces choses" (1 Cor. 12, 11).
Cette unité du Corps du Christ est vécue différemment selon les époques, les coutumes, elle s’exprime de mille manières, et même si des différences ou incompréhensions apparaissent, la même foi unit ceux qui ont reçu le même baptême. C’est ainsi que restaient unis, en profondeur, Nicolazic au tempérament doux et humble et son recteur au caractère impulsif et rude.
SAINTE ANNE, O BONNE MERE, VERS TOI MONTENT NOS CHANTS
ENTENDS NOTRE PRIERE ET BENIS TES ENFANTS
Nos frères qui voyagent, daigne les protéger,
qu’ils revoient les visages de ceux qu’ils ont quittés.
Accorde aux missionnaires et à tous les témoins
de partager en frères l’amour qui fait les saints.
LA DECOUVERTE
Guidés par le flambeau qui conduit leurs pas, ce premier groupe de pèlerins, Nicolazic et ses voisins, arrive au champ du Bocenno, dans ce coin de champ où les bœufs ne pouvaient avancer, la charrue butant sur des cailloux. C’étaient, disaient les anciens, le lieu de la chapelle. Là, le flambeau s’enfonce en terre. Yvon Nicolazic et ses compagnons découvrent une statue, abîmée, certes, mais conservant quelques traits, malgré des centaines d’années en terre. Ils la laissèrent là, adossée contre un talus, se promettant de revenir le lendemain. Ce lieu était donc bien celui de l’ancienne chapelle, conservant au milieu des pierres, des ronces, ce trésor déposé là par les premiers évangélisateurs de cette région.
C’est le signe donné par Sainte Anne, une statue comme celles devant laquelle Nicolazic et ses voisins priaient depuis toujours, une image de la « bonne patronne ».
Cette découverte est la lumière qui non seulement réjouit le cœur d’Yvon Nicolazic, mais chasse les tracas, les souffrances, les ténèbres des ces semaines et des ces mois d’interrogations, de questions, de remise en cause, de suspicion, de critiques.
Découvrir cette statue, ce n’était pas seulement faire une découverte merveilleuse qui allait convaincre, quoique difficilement, même les plus récalcitrants, comme les prêtres de Pluneret, c’était retrouver ces racines chrétiennes, rejoindre dans la foi ceux-là qui, des siècles plus tôt, avaient apporté en ces lieux l’Evangile de Jésus-Christ et instauré la prière à son aïeule, Anne, Mère de Marie.
Retrouver ses racines, c’est retrouver des raisons d’espérer, de continuer à marcher, quelques soient les difficultés, c’est retrouver la force de témoigner quelques soient les contradictions. Retrouver ses racines, c’est se situer dans cette longue lignée de chrétiens qui ont reçu et transmis la foi, comme un trésor à conserver, à embellir pour qu’il continue à enrichir la vie des générations à venir. Retrouver ses racines, c’est retourner à la source du baptême où l’amour de Dieu nous a fait de nous ses enfants.
Découvrir ses racines, c’est être héritier afin de devenir bâtisseur, comme l‘a rappelé Jean-Paul II, lors de sa venue à Sainte Anne le 20 Septembre 1996. Il a appelé à puiser dans la tradition chrétienne vécue ici depuis tant de siècles et à transmettre le flambeau aux générations à venir.
« Dans ce sanctuaire de sainte Anne, nous voulons nous rappeler tous ceux qui sont venus chez vous en témoins du Christ, pour annoncer l’Évangile de l’Alliance, et tous ceux qui, de génération en génération, ont hérité de leur message de salut. Sur votre terre de Bretagne et de l’Ouest de la France, la foi chrétienne, arrivée il y a tant de siècles, s’est peu à peu inculturée et fortifiée. En tout premier lieu, nous nous tournons vers sainte Anne apparue à Yves Nicolazic dans ce village où, avec son épouse Guillemette, il formait un couple chrétien estimé de tous :
«Yves Nicolazic, ne craignez pas. Je suis Anne, mère de Marie.
Dieu veut que je sois honorée en ce lieu.
«Iwán Nikolazig, n’ho pet ket eun.
Me zo Ánna, mámm Mari
Án Aotrou Doue e fall dehóñ
ma vein-me inouret amáñ».
Aujourd’hui, je suis venu vous inviter à faire grandir l’espérance en vous et autour de vous. Comme vos pères dans la foi, soyez des bâtisseurs de l’Église dans les générations nouvelles !
Vivez l’espérance, mettez votre confiance en ce Dieu qui a fait alliance avec les hommes dans la personne de son Fils Jésus ! Une représentation traditionnelle de sainte Anne nous la montre faisant lire la Bible à sa fille Marie. C’est une invitation à accueillir la parole de Dieu, à s’en imprégner pour en témoigner dans les réalités humaines. Ouvrez vos cœurs au Christ : sa parole vous indique le chemin pour aller vers son Père ! Dans l’humble fidélité aux appels adressés par Dieu dans la vie quotidienne, chacun donne sa propre réponse de foi à la Parole. Frères et Sœurs, vous êtes vous aussi en pèlerinage vers la cité de Dieu. Sur votre route, que votre foi soit fermement fondée sur la parole du Christ transmise dans son Église ! Qu’elle soit joyeuse et rayonnante ! Qu’elle manifeste que la venue du Christ en notre humanité donne un sens à la vie des hommes, de tout homme !
Vos diocèses ont une longue tradition missionnaire. Ne la laissez pas s’éteindre. Tant d’hommes et de femmes attendent des témoins de la Lumière et de l’Espérance !
Nous bénissons le Dieu de l’Alliance parce que votre pays doit beaucoup au message de l’Évangile dans l’histoire de ses communautés et de sa culture. Nous souhaitons que l’Église en France, poursuivant sa marche sur les traces de ses pères dans la foi, fière de sa tradition millénaire, continue à exercer un rayonnement salutaire dans l’histoire des peuples et des nations. Le témoignage rendu à l’Évangile n’est pas une conquête humaine, il est service de Dieu et du prochain.
Avec toute confiance, nous nous tournons vers toi,
soutiens notre espérance, conforte notre foi.
Tous ceux que Dieu appelle sans fin à le servir,
qu’ils soient toujours fidèles et prompts à le bénir.
YVON NICOLAZIC,
LE TEMOIN DES APPARITIONS DE SAINTE ANNE,
L’HOMME DES BEATITUDES.
Les paroissiens et les pèlerins de sainte Anne attendent la béatification d’Yvon Nicolazic et prient pour cela. Le dossier est déposé à Rome depuis plusieurs années. Il nous reste à prier et patienter, espérant qu’un jour nous pourrons invoquer ce grand serviteur de Dieu à qui « Madame sainte Anne » est apparue ici au début du 17ème siècle à partir d’Août 1623. En2025 sera célébér le 400ème anniversaire de ce sanctuaire. Qui était ce paysan breton dont la statue orne la façade de la basilique et invite à rentrer pour aller prier devant son tombeau.
Yvon Nicolazic était le fils de Jean Nicolazic et de Jeanne Le Thominec épousée en deuxièmes noces. Il y avait 5 enfants dans la famille, 4 garçons et une fille, Yvon étant l’aîné. Il est né le 3 Avril 1591 et fut baptisé le même jour dans l’église de Pluneret, sa paroisse. Ce jour était, cette année-là, le Dimanche des Rameaux.
Voici l’acte de baptême écrit dans le registre de Pluneret : « Le dimanche des Rameaulx, IIIème jour d’apvril 1591, fut baptisé Yvon Nicolasic, fils légitime de Jean Nicolasic et de Jeanne Le Thominec, sa compaigne. Furent compère Messire Yves Rodoué, recteur de la cure et paroisse de Ploeneret et Gilles Gullion, commère Anne Nicolasic. Messire Yves Le Héno, curé, fist le baptistouère led jour et an. En témoing de quoy ay signé. Arresté led jour et an (signé) Y. Le Héno et Y Rodoué. »
Nous ne savons rien sur l’enfance et la jeunesse de Nicolazic.
Nous le connaissons par ce qu’en a écrit le Père Dominique de Saint François, l’un des Pères Carmes appelés par l’évêque de Vannes, Monseigneur Sébastien de Rosmadec, pour organiser le lieu en sanctuaire capable d’accueillir les pèlerins qui venaient à Sainte Anne de plus en plus nombreux depuis le 7 Mars 1625, date de la découverte de la statue par Yvon Nicolazic, dans le champ du Bocenno.
Yvon Nicolazic était un homme selon le cœur de Dieu, juste, droit, honnête. C’était un homme simple qui n’a jamais voulu apprendre le français, parce qu’il voulait « demeurer toujours dans sa simplicité ».
Il était irréprochable dans sa conduite. Paysan courageux, travailleur, droit, franc, intelligent. Il était propriétaire d’une belle ferme qu’il travaillait avec du personnel. Il s’est montré entreprenant lorsqu’il fallut construire la chapelle. Il manifesta de grandes qualités de chef de travaux.
C’était un homme pieux qui disait son chapelet tous les jours. Chaque jour aussi, il priait Sainte Anne « sa bonne patronne » qu’il avait appris à prier dès son enfance dans ce hameau où, disait une tradition, il y avait une chapelle dédiée en son nom. Il communiait souvent, chose rare à l’époque, allait se confesser régulièrement chez les capucins d’Auray. Il avait le culte des défunts pour qui il faisait célébrer des messes et faisait l’aumône. Il s’arrêtait toujours devant une croix ou un calvaire pour s’agenouiller et faire une prière.
Une autre qualité le caractérisait. C’était un conciliateur, un réconciliateur. C’est lui que l’on allait chercher, quand dans ce hameau, il y avait un différent, un désaccord. Il attirait la sympathie, la confiance. C’était un homme de bon conseil.
Lorsque les premières manifestations du ciel se font jour, Yvon Nicolazic a 32 ans, il est marié depuis plusieurs années avec Guillemette Le Roux, mais le couple n’a pas d’enfant et cela est pour eux une grande tristesse.
Lorsque commenceront les manifestations étranges qui lui feront voir une main tenant un flambeau, puis les premières apparitions d’une dame, il sera troublé et ira se confier à un Père Capucin d’Auray, le Père Modeste. Il sera complètement rassuré lorsque l’apparition dira son nom, le 25 Juillet 1624 : « Me zo Anna, Mamm Mari …Je suis Anne, Mère de Marie. Dites à votre recteur que dans la pièce de terre appelée le Bocenno, il y a eu autrefois, même avant qu’il y eut aucun village, une chapelle dédiée à mon nom. C’était la première de tout le pays. Il y a 924 ans et 6 mois qu’elle est ruinée. Je désire qu’elle soit rebâtie au plus tôt et que vous en preniez soin, parce que Dieu veut que j’y sois honorée »
Lorsqu’ Yvon Nicolazic ira trouver son recteur pour lui faire part de cette mission, il se fera très mal recevoir. Le recteur de Pluneret, Sylvestre Rodoué, était un homme dur qui alla jusqu’à menacer son paroissien de lui refuser les sacrements.
Autre qualité d’Yvon Nicolazic : il est toujours resté fidèle à l’Eglise et n’a rien entrepris de la mission que sainte Anne lui confiait avant l’accord de l’évêque qui fit une enquête sérieuse sur les évènements de Keranna. Il ne s’est pas laissé impressionner par les foules qui venaient prier. Il voulait tout faire en lien avec l’Eglise, représentée par son recteur et l’évêque. Il se plia de bonne grâce à tous les interrogatoires où tout fut fait pour le prendre en défaut. Personne ne put jamais le faire se contredire, ni lui faire manquer à l’obéissance.
Il était ce que l’on peut appeler « un bon chrétien ». Il était un homme vivant les béatitudes avec simplicité. Il faisait partie de ces « pauvres de cœur, ces humbles, ces miséricordieux » à qui Jésus promet le bonheur.
Son intégrité et sa fidélité seront récompensées, car Yvon et Guillemette auront la joie d’accueillir 4 enfants : Sylvestre, qui deviendra prêtre, mais qui mourra à 31 ans, Jeanne, Yves et Julien.
Sa mission achevée, ne supportant pas les hommages, l’admiration des foules qui voulaient entendre de sa bouche le récit des apparitions, les questions indiscrètes, il se retira au bourg de Pluneret.
Il avait manifesté le désir d’être inhumé à l’endroit où il avait trouvé la statue de Sainte Anne. Lorsque les Pères Carmes apprirent qu’il était très malade, ils le firent chercher. Il fut porté sur une civière jusque dans l’une des cellules préparée pour lui. Il mourut là, entouré des prêtres, le 12 Mai 1645, à l’âge de 54 ans.
Son corps fut déposé au pied de l’autel, dans la chapelle qu’il avait construite. A la construction de la basilique, ses restes furent déposés au fond de la basilique.
Sans en avoir le titre officiel, Yvon Nicolazic est le patron des agriculteurs bretons. Nous attendons que son procès en béatification aboutisse. Cela sera une joie pour tous. Nous ne pouvons pas le prier publiquement, mais nous sommes invités à prier le Seigneur pour sa béatification.
Fidèle à ta prière, reconnaissant ta voix, un fils de cette terre montra toute sa foi.
Le cœur plein d’espérance en voyant le flambeau,
il vécut la présence de l’amour du Très-Haut.
« LE BON LARRON DE SAINTE ANNE : PIERRE DE KERIOLET. »
Lorsque l’on regarde la vie d’Yvon Nicolazic, l’on peut se demander : Où est le message de conversion de l’Evangile ? : « Convertissez-vous, faites pénitence » ? Effectivement, la vie d’Yvon Nicolazic est tellement droite que l’on peine à voir ce qui, dans sa vie, aurait du être changé.
Ce message de conversion, message si fort dans l’Evangile, les actes des apôtres, les lettres des apôtres, il faut aller le chercher dans la vie d’un contemporain de Nicolazic : Pierre Le Gouvello De Keriolet.
Celui-ci était né quelques années après Nicolazic, en 1602, à Auray. Peu de temps après sa naissance, la famille vient habiter le manoir de Kerlois, dans la paroisse de Pluvigner, à quelques kilomètres de Sainte Anne.
Plusieurs traits caractérisent l’enfance et la jeunesse de Keriolet : La violence, la perversité, le rejet de toute valeur reçue en famille. Il semble n’avoir peur de rien ni de personne, comme s’il avait fait un pacte avec le diable.
L’une des grandes joies de sa vie sera de battre en duel, alors que cela avait était interdit par Henri IV, puis Louis XIII. Il en abusera, mais le fait d’avoir trois oncles au parlement de Bretagne arrangera bien des choses. Il projette de sa faire musulman, puis protestant. Devenu héritier d’une immense fortune, à la mort de son père, ce qui fut pour lui une bonne nouvelle, il profitera de la vie de toutes les manières possibles.
Il acheta sa charge au parlement de Bretagne.
Libertinage, impiété, débauche, bonne chère, belles filles, querelles, sacrilèges : telle était sa vie. Il multipliait les aventures galantes, nouait des intrigues, son dessein n’étant que de
“ cajoler les plus belles et tromper les plus sottes ” comme il le dira lui-même.
Il se moquera, tant qu’il le pourra, des pèlerins qui venaient prier à Sainte Anne, à partir de 1625, après la découverte de la statue par Yvon Nicolazic et surtout à partir du 26 Juillet suivant où fut célébrée la première messe, après reconnaissance des apparitions par Monseigneur de Rosmadec.
A l’âge de 34 ans, ayant entendu parler de possédées dans la vile de Loudun, aujourd’hui dans le département de la Vienne, il court là-bas et va assister aux exorcismes faits sur des religieuses, dans l’église sainte Croix. C’est là que, quelques jours après son arrivée, l’une des possédées va s’adresser à lui. Elle lui révèle, à 400 kms de chez lui, des faits très précis qui se sont déroulés dans son manoir de Kerlois. Kériolet est touché au plus profond de lui-même. Il se convertit sur le champ, fait une confession publique.
Il revient à Kerlois et mène une vie de pénitence et de générosité. Son château, qui fut le lieu de toutes les turpitudes, devient le refuge de toutes les misères de la région. Il va chercher les mendiants, les malades, les clochards et les nourris et les soigne lui-même.
Il fréquentait assidûment le sanctuaire de Sainte Anne en pleine expansion.
Pour aider à son développement, il fut très généreux. Il fit don aux Carmes de deux métairies le 3 Mai 1636. Il donna de l’argent pour les hôpitaux d’Auray.
Il fit voeu de pauvreté par lequel il abandonnait tous ses biens aux pauvres et aux malades, ne gardant que ce qui lui était indispensable.
Il vendit sa charge de conseiller au Parlement. Il vendit son cheval qui l’avait mené sur tant de chemins de perdition.
Des amis lui proposèrent de penser à l’ordination presbytérale !
Rien n’était plus loin de ses préoccupations, il s’en savait tellement indigne.
Il s’en remit à la décision de son conseiller spirituel, l’un des Pères Carmes attachés à Sainte Anne, le Père Dominique de Sainte Catherine, qui l’invita à accepter l’ordination.
Où fit-il ses études ? Chez les Jésuites de Vannes ? Les Carmes ? Auprès des prêtres du presbytère de Pluneret ? Nous ne le savons pas.
Mais, la miséricorde de Dieu est telle qu’il reçut le diaconat le 7 mars 1637 et la prêtrise le 28 Mars de la même année, à la cathédrale de Vannes des mains de Monseigneur de Rosmadec qui le prit comme testamentaire.
La tradition rapporte qu’au moment de présenter ses mains pour recevoir l’onction, il les retira comme si elles étaient indignes de ce sacrement après avoir été souillées par tant de meurtres et infamies de toutes sortes.
L’impossible est devenu réalité : Le bandit de Kerlois est devenu prêtre ! Tout est possible à Dieu.
Quel sera son ministère ? Le soin des pauvres !
Il demanda à l’évêque de rester dans son château Kerlois, de continuer ce qu’il avait commencé et de devenir l’aumônier des pauvres, voulant mettre en œuvre ce qu’il avait promis de faire au soir de sa conversion : « le plus de mal possible à son corps et le bien de bien possible aux autres. »
Rien ne le rebutait. “Chaque pauvre, que je recevais, je le regardais comme Jésus-Christ. Si j’en rencontrais de bien malades, c’était eux que j’embrassais plus volontiers, pensant moi-même : peut-être voici Notre Seigneur. Je rappelais en ma mémoire ce qui était arrivé à Saint Martin, Saint François et à d’autres saints.”
Il allait chercher les orphelins, il donnait une dote aux jeunes filles.
Son cœur débordait de miséricorde et compassion pour les plus faibles. Il avait un amour authentique des plus petits.
Il allait célébrer la messe et confesser dans une chapelle proche de son château, chapelle achetée par sa famille, qui portait le nom de « Notre Dame de toute grâce » qui deviendra ensuite « Notre Dame de Miséricorde ».
Il va user sa santé en mangeant peu, dormant peu, en passant des heures à genoux pour prier, en se dépensant sans compter pour venir en aide à ceux qu’il s’est promis d’aider.
Il mourra à Sainte Anne, dans le couvent des Carmes où il avait une cellule, le 8 Octobre 1660. Son corps fut déposé dans la chapelle, à côté de celui d’Yvon Nicolazic. A la construction de la basilique, ses restes furent déposés au fond de la basilique dans un tombeau qui fait face à celui de Nicolazic.
Pierre de Keriolet est le témoin de la miséricorde de Dieu, le « bon larron » de Sainte Anne.
A ceux qui désespèrent sous le poids du péché, redis que Dieu libère, ils seront pardonnés.
A ceux qui abandonnent, qui sont trop malheureux, que ta bonté redonne de revenir à Dieu.
UNE LUMIERE DANS LA NUIT
Toutes les apparitions de Sainte Anne la décrivent se manifestant la nuit, ou tout au moins à la tombée de la nuit, un flambeau à la main. Cette lumière guidait Yvon Nicolazic dans toutes ses marches. Cela n’est pas sans signification. Que veut dire cette lumière dans la nuit ?
C’est le ciel qui vient éclairer notre terre, « la lumière d’en-haut qui vient nous visiter » comme le dit Zacharie, le père de Jean-Baptiste, dans son « Benedictus ». (Lc 1/78)
« Dieu veut » dit Sainte Anne à Yvon Nicolazic. Si Dieu le veut, il donne les moyens pour que son message soit réalisé, il donne sa lumière.
La clarté céleste qui vient illuminer nos ténèbres.
Toute révélation du ciel est toujours un chemin de lumière « pour éclairer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort. » dit encore Zacharie. (Lc 1/79)
C’est la lumière de l’Evangile qui continue à se manifester, à éclairer le monde pour qu’il n’aille pas s’enfoncer dans des abîmes de mort.
Ce thème de la lumière est l’un des plus forts de la Bible. Au commencement du monde, Dieu sépare la lumière des ténèbres :
« Dieu dit: " Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Et Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres Nuit. » (Genèse 1/3-5)
Le Seigneur apparaît à Moïse dans le feu du buisson ; la nuit, c’est par une colonne de lumière qu’il guide les Hébreux dans leur marche à travers le désert.
Ce thème revient sans cesse dans l’ancien testament. Arrêtons-nous à quelques références :
Dans le Psaume 36/ 10
« En toi est la source de vie, par ta lumière nous voyons la lumière. »
Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière, sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre de la mort, une lumière a resplendi. (Isaïe 9/1)
Quel est donc le jeûne qui me plaît ? N'est-ce pas faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N'est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, recueillir chez toi le malheureux sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? Alors ta lumière jaillira comme l'aurore et tes forces reviendront rapidement. Si tu appelles, le Seigneur répondra, si tu cries, il dira : « Me voici. » Si tu fais disparaître de ton paysle joug, le geste de menace, la parole malfaisante, si tu donnes de bon coeur à celui qui a faim, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi. (Isaïe 58/6-9)
Dans le nouveau testament, ce symbole de la lumière continue à dire la présence de Dieu. Jésus naît dans la nuit de Bethléem, manifestant ainsi qu’il vient éclairer les ténèbres de nos vies, la nuit de notre péché. C’est dans la nuit, dans la nuit de ses réflexions, que Nicodème, réfléchissant sur les paroles de Jésus, viendra chercher auprès de lui la réponse aux questions qu’il se pose pour trouver auprès de Jésus une lumière qui éclairera sa conscience.
Jésus dira un jour : « Je suis la lumière du monde. » Il vient éclairer nos pas incertains, dire une parole de vérité aux cœurs qui doutent.
Il est la lumière du monde et invite ses disciples à être pour les autres ce qu’il est lui-même : « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l'on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes » ( Mat 5/14-16)
Lors de la Transfiguration : « Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. » (Mt 17/2)
A combien d’aveugles n’a-t-il pas rendu la vue ? A combien de pécheurs qui erraient sans but n’a-t-il pas montré le chemin du salut ? A combien de désespérés n’a-t-il pas redonné confiance, comme à toutes ces foules qui venaient l’écouter ?
Autres références importantes dans le nouveau testament :
Dans les Actes des apôtres, lors de la libération miraculeuse de Pierre, emprisonné :
Tout à coup surgit l'ange du Seigneur, et une lumière brilla dans la cellule. L'ange secoua Pierre, le réveilla et lui dit : « Lève-toi vite. » Les chaînes tombèrent de ses mains. (Actes 12/7)
« Donc, comme j'étais en route et que j'approchais de Damas, vers midi, une grande lumière venant du ciel m'enveloppa soudain. » (Actes 22/6)
Dans la 1ère lettre aux Thessaloniciens :
« En effet, vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour ; nous n'appartenons pas à la nuit et aux ténèbres » (1Th 5/5)
Dans la 1ère lettre de Saint Pierre :
« vous êtes donc chargés d'annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. » (1P 2/9)
La 1ère lettre de Saint Jean est en partie bâtie sur ce thème de la lumière du Christ opposée aux ténèbres du Mal :
« Dieu est lumière, il n'y a pas de ténèbres en lui. Si nous disons que nous sommes en communion avec lui,alors que nous marchons dans les ténèbres, nous sommes des menteurnous n'agissons pas selon la vérité ; mais, si nous marchons dans la lumière,
comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres. » (1Jn/5-7)
« C'est un commandement nouveau que je vous écris, lequel s'est vérifié en Jésus-Christ et en vous, car les ténèbres se dissipent et déjà brille la véritable lumière. Celui qui dit être dans la lumière et qui hait son frère est encore dans les ténèbres. Celui qui aime son frère, demeure dans la lumière et il n'y a en lui aucun sujet de chute. (1Jean 2/8-10)
A Sainte Anne, les pèlerins font brûler des veilleuses devant la statue de sainte Anne dans la basilique, rappel des apparitions de la mère de Marie, signe de la prière qui continue en leur absence, rappel des paroles de Jésus, seule véritable lumière, seul sauveur. Lui seul peut guider jusqu’au terme les pèlerins en marche.
« Suivez donc cette flamme, c’est moi qui vous en prie,
Je suis madame Sainte Anne, la mère de Marie. »
Conduis dans la lumière les jeunes dans la nuit,
Qu’ils marchent tous en frères aux pas de Jésus-Christ.
LES STATUES DU SANCTUAIRE
Alors que Sainte Anne est apparue seule à Yvon Nicolazic, tout de suite, les images qui ont été faites, l’ont représentée avec Marie. Cela fait écho aux paroles de Sainte Anne lorsqu’elle s’est présentée à Yvon Nicolazic : « Je suis Anne, Mère de Marie ». Elle s’est donc présentée par rapport à sa fille, plus importante qu’elle, par rapport à sa maternité.
Dans la prière des bretons, Anne et Marie sont unies.
Certaines statues « trinitaires » représentent Anne, Marie, Jésus, les trois générations qui constituent le cœur de la famille.
Certaines statues, que l’on peut voir à la galerie d’art, représentant Anne et Marie ou Anne, Marie et Jésus, sont antérieures aux apparitions, ce qui vient confirmer que le culte à sainte Anne est très ancien. Sainte Anne le dit elle-même à Yvon Nicolazic lorsqu’elle lui demande de reconstruire la chapelle détruite depuis plus de 9 siècles.
Chaque statue est unique, chacune dit quelque chose, chacune est un message.
Lorsque nous approchons de Sainte Anne nous apercevons de très loin le clocher surmonté de la statue de Sainte Anne. Celle-ci est la première statue représentant Sainte Anne seule. Elle date de 1976. Elle a remplacé la statue de granit qui a été placée dans le parc, à l’ouest du Mémorial. Elle mesure 6m30 et pèse 3 tonnes. Elle représente sainte Anne tenant un flambeau à la main, comme elle est apparue à Yvon Nicolazic. Aujourd’hui, elle continue à nous guider comme elle avait guidé les pas d’Yvon Nicolazic sur les chemins du Bocenno, elle nous montre le chemin qui nous mène à son petit fils, Jésus, le sauveur. Elle nous rappelle que la lumière vient du ciel, elle nous ramène à l’Evangile.
Lorsque l’on arrive face à la basilique, nous regardons la statue qui surplombe la fontaine. Sainte Anne ouvre son bras droit pour accueillir les pèlerins, son bras gauche touchant celui de Marie, tandis que Marie tourne ces deux mains vers sa mère comme pour nous dire : « Regardez ma mère, c’est pour elle que vous venez en ce lieu où elle est apparue. » Lorsque nous arrivons en ce lieu, nous sommes accueillis, nous savons chez qui nous arrivons, chez Anne et Marie qui nous invitent. A cette fontaine, nous nous rappelons notre baptême et nous sommes invités à mettre notre main dans l’eau de la source nous tracer sur nous le signe de la croix , le signe du chrétien.
La statue du parc, qui se trouvait en haut de la tour jusqu’en 1972 et qui en a été descendue pour des raisons de sécurité, représente Anne faisant lire la bible à sa fille Marie. La maman fait le catéchisme à sa fille, lui enseigne la parole de Dieu, lui transmet ce qu’elle a elle-même reçue, créé les conditions pour que la foi se développe en elle. Statue gigantesque en granit puisqu’elle mesure plus de 5 mètres et pèse 12 tonnes ½. C’est une magnifique statue aux traits fins où transparaît tout l’amour maternel et filial.
C’est bien dans la famille que se transmet d’abord la foi. Cette foi, nous l’avons reçue au jour de notre baptême et c’est d’abord dans la famille qu’elle grandit, s’épanouit, par l’exemple des parents, la prière en commun, l’apprentissage du signe de la croix, la répétition du nom de Jésus.
Avant de rentrer dans la basilique, nous voyons deux statues, celles de deux hommes qui ont marqué la vie de ce lieu au moment des apparitions : Yvon Nicolazic, sur la droite et Pierre de Keriolet, sur la gauche, l’homme des béatitudes et le bon larron de Sainte Anne, le bandit converti. Ces deux statues sont une invitation, à vivre les béatitudes, à être fidèle au Christ et une invitation à nous convertir sans cesse, à accueillir le pardon du Seigneur.
La statue dite « de la dévotion », celle qui se trouve dans la basilique, est significative de ce qu’est la prière du chrétien. Anne, la main gauche ouverte, montre Marie, et Marie, le doigt levé vers le ciel montre Jésus. Lorsque nous prions Sainte Anne, nous lui demandons de conduire notre prière, par Marie, jusqu’à Jésus. Anne et Marie prient le Seigneur pour nous, elles sont nos guides, pour que nous puissions ouvrir notre cœur à la parole de Dieu qui sauve. Elles sont nos intermédiaires, elles intercèdent pour nous auprès du Seigneur.
Aujourd’hui, comme hier, il est nécessaire que la parole de Dieu soit transmise, que les enfants apprennent ce qui a fait la joie de vivre et l’espérance des générations précédentes. Il est indispensable que dès la plus tendre enfance, tous entendent et disent : « Jésus ! »
Qu’ont mis devant les yeux des pèlerins, dans la basilique, ceux qui l’ont construite ? Du côté gauche du chœur, les statues de Marie et Joseph et du côté droit, les statues de Anne et Joachim : la famille humaine de Jésus, ses parents, ses grand parents.
A Sainte Anne d’Auray, nous sommes en famille, nous venons prier en famille et pour les familles. Nous venons « chez la grand-mère » lui confier nos demandes, lui dire nos secrets pour qu’elle intercède pour nous avec sa fille auprès de son petit–fils, Jésus.
Pour nous rappeler encore l’importance de la transmission de la foi à partir de la parole de Dieu, les constructeurs de la basilique ont placé au-dessus du maître-autel les statues des quatre évangélistes : Matthieu, Marc, Luc et Jean. « Dieu veut que je sois honorée ici » a dit Sainte Anne à Jésus. C’est bien dans la parole de Dieu que nous sommes invités à trouver quelle est la volonté du Seigneur pour nous, ce qu’il nous invite à faire pour être fidèles à l’Evangile, pour grandir dans son amour, pour être un témoin zélé de sa bonne nouvelle, pour être fidèles à l’Eglise. Chaque jour l’un d’eux est nommé lorsque le prêtre ou le diacre lit l’Evangile. Ils sont là, représentés devant nous, avec, à leurs pieds, leurs emblèmes : l’ange pour Saint Matthieu, le lion pour Saint Marc, le bœuf pour Saint Luc et l’aigle pour Saint Jean.
Il y a deux autres statues dans la basilique, l’une du Sacré Cœur, près de l’autel Keriolet et celle de Sainte Pierre, près de l’autel Nicolazic. Celle-ci, une réplique de la statue de Saint Pierre à la basilique Saint Pierre de Rome, a été offerte par les gardes pontificaux.
Toutes ces statues sont des signes, des guides, des invitations à marcher vers le Seigneur présent dans sa parole, dans son pain de vie, dans le peuple de Dieu rassemblé pour la louange ou la supplication.
Toute une catéchèse nous est ainsi donnée lorsque nous regardons, visitons, prions dans ce sanctuaire. Tout a été fait pour nous y apprenions quelque chose qui nous fera grandir dans la foi.
ENTENDS NOTRE PRIERE ET BENIS TES ENFANTS
1- Choisie par Dieu le Père, pour nous donner Marie,
que ton exemple éclaire les coeurs qui te supplient.
2- Ta foi, O bonne Mère, illuminait ta vie et préparait la terre à l'accueil du Messie.
LA BASILIQUE
La basilique est le cœur du sanctuaire, là où se rendent tous les pèlerins, mais aussi tous les visiteurs et touristes. Située au bout d’une grande esplanade, elle s’impose comme une masse de granit, en même temps que ses proportions modestes et sa tour de 70 mètres, surmontée de la statue de Sainte Anne de 6 mètres 30, lui donnent un immense élan.
Elle a été construite, entre 1866 et 1872, et a remplacé la première chapelle construite par Nicolazic, devenue trop petite pour accueillir la foule des pèlerins. Elle est de style néo-gothique avec de motifs de style renaissance, œuvre de Deperthes, architecte parisien.
C’est dans ce champ du Bocenno où elle s’élève que Nicolazic et ses voisins découvrirent la statue de Sainte Anne, enfouie dans la terre. L’on peut se rendre à cet emplacement, au deuxième pilier à droite dans le chœur, un bas-relief en indique l’emplacement et un cierge est toujours allumé à cet endroit.
C’est dans la basilique que l’on vient prier, seul, en groupe, en silence, en chantant, en paroisse, en doyenné ou anonymement, à toute heure du jour.
La basilique est le lieu de la célébration eucharistique ; c’est là que se rassemblent les paroissiens et les pèlerins pour les messes dominicales et aussi pour les messes quotidiennes, pour le chant des Laudes et des Vêpres, pour la prière du chapelet. C’est là aussi que l’on reçoit le pardon pour ses péchés, un prêtre étant toujours présent au service de ceux qui veulent se confesser ou tout simplement de mander un conseil ou approfondir une réflexion qui va quelquefois jusqu’à un changement d’orientation de vie.
C’est aussi dans la basilique que des enfants et des adultes sont baptisés, reçoivent l’Eucharistie pour la première fois, font leur profession de foi, reçoivent la Confirmation. C’est là que des jeunes se promettent fidélité dans le mariage. C’est là aussi que l’on prie pour les défunts. Une vie paroissiale est en effet liée à la vie du pèlerinage, car cette basilique est l’église paroissiale pour les habitants de Sainte Anne d’Auray depuis le 1er Août 1937.
La basilique est le lieu du rassemblement des chrétiens qui viennent louer, remercier, rendre grâce, implorer, supplier, demander pardon, adorer.
Elle est le lieu du silence et celui de l’acclamation, le lieu de la fête et celui du recueillement.
On peut y lire la parole de Dieu dans une bible toujours ouverte pour que chacun puisse y trouver une parole de réconfort, de conversion.
La basilique est le terme, le but pour tous ceux qui y viennent prier, demander une grâce par l’intercession de Sainte Anne, ou remercier pour des bienfaits reçus. Son clocher surmonté de la statue de Sainte Anne est comme un phare pour les pèlerins qui arrivent au terme d’une marche et qui savent qu’ils sont attendus, qu’ils seront accueillis et que leur démarche les inscrits dans les pas de millions de pèlerins qui sont venus prier là depuis presque quatre siècles.
Tous ceux qui y rentrent viennent prier devant l’autel de Sainte Anne, ou autel de la dévotion, face à la statue de bois doré représentant Sainte Anne et Marie, datant de 1825. Elle contient, dans son socle une partie de la statue découverte par Nicolazic le 7 Mars 1625. Devant cette statue brûlent en permanence des veilleuses allumées par les pèlerins venant implorer ou remercier. Ces veilleuses qui brûlent jour et nuit prolongent la prière de chacun. Elles sont là comme un buisson ardent qui réchauffe et rappellent la diversité et l’unité des chrétiens aux demandes et sensibilités diverses mais priant le même Seigneur, dans une même foi, en Eglise, par l’intercession des saints.
La basilique est aussi, chaque année, le lieu d’ordination diaconales ou presbytérales et elle fut le lieu de l’ordination de Monseigneur Centène, évêque de Vannes, le 16 Octobre 2005.
Au fond de cette basilique sont enterrés Yvon Nicolazic (côté sud), décédé en 1645, et Pierre de Kériolet (côté nord), décédé en 1660. Tous deux, avaient d’abord été inhumés au pied de l’autel de la première chapelle construite par Nicolazic.
Dans le transept nord, on peut voir un tableau représentant ces deux personnages agenouillés aux pieds de Sainte Anne. Yvon Nicolazic, les mains jointes, à ses pieds la bêche du laboureur, lève les yeux vers sa « bonne patronne », alors que Pierre de Keriolet, à ses pieds une besace laissant tomber quelques pièces et son bâton de pèlerin, baisse les yeux vers la terre n’osant pas la regarder.
Les vitraux du bas sont le récit des apparitions et les débuts du pèlerinage ou les mystères du rosaire, ou des évènements locaux, comme la venue du futur Jean XXIII à sainte Anne lorsqu’il était nonce apostolique à Paris, ceux du haut étant une galerie de saints connus dans l’Eglise universelle (Pierre, Paul, Jean, Joseph, Joachim) ou de saints locaux (Mériadec, Melaine) ainsi que les parents de Sainte Anne, Saint Stolon et Sainte Emérence.
La basilique garde les traces du drame du 5 Août 1944. Après avoir fusillé le Père Le Barh, 1er recteur de la paroisse et le Père Allanic, économe du petit séminaire et organiste, les allemands, avant de quitter Sainte Anne voulurent mettre le feu dans la basilique. Ils jetèrent de l’essence dans le confessionnal proche de l’autel de Keriolet et sur les stalles du chœur. Le bois de chêne ne s’enflamme pas si vite et des paroissiens arrivèrent rapidement pout éteindre le feu. Les meubles en restent marqués.
La basilique est ainsi le lieu où se sont vécus des drames et des événements joyeux. Elle reste le lieu où l’on vient confier au Seigneur, par l’intermédiaire de Sainte Anne, ses joies et ses peines, ses espérances et ses souffrances.
ENTENDS NOTRE PRIERE ET BENIS TES ENFANTS
Ce lieu où ta présence tourne nos cœurs vers Dieu,
Nous comble d’espérance en nous montrant les cieux.
Tu vins dans ce village au temps choisi par Dieu,
Tu donnes témoignage de tout l’amour des cieux.
LE CLOITRE DES CARMES
Pour accueillir les pèlerins, l’évêque de Vannes, Monseigneur Sébastien de Rosmadec, avait fait appel aux Pères Carmes qui arrivèrent à Sainte Anne en 1628. Ceux-ci vont se montrer à la hauteur de la tâche qui leur est confiée. Ils vont accueillir les pèlerins, conduire la prière, célébrer la messe, être à la disposition de tous pour les confessions. Ils vont aussi être des bâtisseurs avisés faisant du sanctuaire un enclos à l’image des enclos du nord-Finistère.
Leur plus belle réalisation architecturale est le cloître, situé à l’est de la basilique, construit entre 1638 et 1641. On y accède en contournant la basilique, par le nord ou le sud. C’est un très bel ensemble, majestueux, sobre, dans lequel les Pères Carmes priaient et auquel les fidèles eux mêmes pouvaient accéder. Le cloître, à l'époque de sa construction sous la direction du père Benjamin de Saint-Pierre, a deux niveaux. Le niveau supérieur, réservé aux religieux, relie le couvent au choeur des carmes, lequel se situe dans la tribune actuelle du grand orgue et surplombe le sanctuaire.
Qu’est-ce qu’un cloître ?
C’est une cour entourée de murs et de galeries établies à côté des églises cathédrales, des collégiales et monastères. Ils furent construits dès les débuts du christianisme pour la prière des moines ou des chanoines.
Lieu de silence, les pèlerins peuvent s’y rendre, contempler et, s’ils le désirent, prolonger la prière des nombreuses générations venues là.
En ce lieu particulièrement, les pèlerins sont unis aux moines et aux moniales dont le cloître est le lieu du silence, de la réflexion, de la méditation.
SAINTE ANNE, O BONNE MERE, VERS TOI MONTENT NOS CHANTS,
ENTENDS NOTRE PRIERE ET BENIS TES ENFANTS.
Accorde-nous, O Mère, de vivre dans la foi, tiens-nous dans la lumière quand nous portons la croix.
Nous te prions, O Mère, pour tous les pèlerins, regarde leur misère, conduis-les par la main.
L’ESPACE JEAN-PAUL II
Cet espace, situé à droite du mémorial, est un lieu de rassemblement, de célébration, aménagé après la visite de Jean-Paul II venu ici en pèlerin le 20 Septembre 1996.
Il est fait exactement de 16.129 pavés offerts par les pèlerins. Il est entouré de 12 colonnes de granit, rappelant que ce sont les douze évêques des douze diocèses de la région apostolique de l’ouest de la France qui ont invité le Pape à venir en cette région : Angers, Bayeux, Coutances, Laval, Le Mans, Luçon, Nantes, Quimper, Rennes, Saint Brieuc, Sées, Vannes.
Une stèle rappelle, par l’effigie de Jean-Paul II, sa venue à Sainte Anne d’Auray.
Un graphique est dessiné sur les pavés. Il représente un globe, une croix, un poisson :
le globe c’est le monde entier à qui le Christ est venu apporter la bonne nouvelle, la croix, qui traverse la terre, nous rappelle que c’est dans son sang que le Christ a sauvé le monde, le poisson nous ramène aux premiers temps de l’Eglise, il est le signe de reconnaissance des premiers chrétiens.
Jean-Paul II lui-même n’est pas venu en cet endroit, il a célébré la messe devant la maison Keranna, sur la route de Brech, à l’ouest de la basilique où une plaque le rappelle et l’après-midi de ce 20 Septembre 1996, il a rassemblé les jeunes familles devant le mémorial.
Regardant cet espace aménagé dans la verdure, rappelant la visite du plus célèbre des pèlerins de Sainte-Anne, nous prions pour l’Eglise réunie autour du pape, successeur de Pierre et des évêques successeurs des apôtres.
« Pierre, tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise » a dit Jésus au premier des apôtres. C’est avec ce chant que fut accueilli Jean-Paul II à Sainte Anne d’Auray. L’Eglise s’est ici rassemblée autour du successeur de Pierre et a chanté sa foi et son espérance, comme l’a dit le pape lui-même : « Vivez l’espérance, mettez votre confiance en ce Dieu qui a fait alliance avec les hommes dans la personne de son Fils Jésus ! Une représentation traditionnelle de sainte Anne nous la montre faisant lire la Bible à sa fille Marie. C’est une invitation à accueillir la parole de Dieu, à s’en imprégner pour en témoigner dans les réalités humaines. Ouvrez vos cœurs au Christ : sa parole vous indique le chemin pour aller vers son Père !…… Aujourd’hui, le Christ vous appelle à transmettre ce message d’espérance….Je vous souhaite une grande espérance et maintenant je dois vous dire que j’ai trouvé ici beaucoup d’espérance. »
SAINTE ANNE, O BONNE MERE, VERS TOI MONTENT NOS CHANTS,
ENTENDS NOTRE PRIERE ET BENIS TES ENFANTS.
Accorde à notre Eglise de vivre en liberté et que toujours elle puise en Christ sa vérité.
Conduis dans la lumière et dans la vérité, celui qui, comme Pierre, nous guide avec clarté.
LE MEMORIAL
Celui-ci est un « monument aux morts », grandiose, construit avec les dons des fidèles des cinq diocèses bretons après la guerre de 1914-1918 à la mémoire des 240.000 bretons morts au cours de cette guerre. (La Loire Atlantique faisait alors partie de la région administrative de la Bretagne). Le monument s'élève à 52 mètres de haut.
Il fut terminé le 31 Mars 1932.
Il est le lieu du souvenir et de la prière.
On s’y retrouve pour une prière pour les défunts morts dans les différentes guerres et la prière pour la paix.
La crypte fut terminée en 1928. C’est là que se retrouvent les anciens combattants pour les célébrations liturgiques du 8 Mai et du 11 Novembre.
Au-dessus de la crypte, sous le dôme, est construit un autel où est célébrée la messe les jours de grande affluence et particulièrement pour le grand pardon des 25-26 Juillet.
La construction du mur d’enceinte s’échelonna de 1932 à 1934.à 1934
Devant ce mémorial, un parc, pouvant accueillir 20.000 personnes. Celui-ci est entouré d’un mur sur lequel sont gravés 8.000 noms de personnes décédées à la guerre à la guerre de 1914-1918. Sur ce mur est aussi gravé un chemin de croix.
Lieu du souvenir, du recueillement, de la prière, il tient une place importante dans ce sanctuaire où il a trouvé sa place trois siècles après les apparitions. Au milieu des épreuves, le breton se tourne vers Sainte Anne et les défunts ont ici une place importante dans la prière des pèlerins.
SAINTE ANNE, O BONNE MERE, VERS TOI MONTENT NOS CHANTS,
ENTENDS NOTRE PRIERE ET BENIS TES ENFANTS.
Fais grandir sur la terre la paix et le pardon,
Nos cœurs soient pour nos frères chemins de guérison.
Ecarte de nos vies la haine du prochain,
mais qu’en sa compagnie, nous partagions le pain.
LA CHAPELLE DE L’IMMACULEE
Elle se situe au l’est du cloître. Elle fut construite après la basilique et demeura chapelle du petit séminaire pendant 70 ans. Durant la période hivernale elle est utilisée en semaine pour les différentes célébrations journalières. Elle est aussi lieu de célébration pour les jeunes ou pour des groupes de pèlerins.
Des générations d’enfants et de jeunes y ont prié, ont grandi dans la foi et ont affermi leur vocation.
On peut y venir prier dans le calme à tout moment.
C’est le lieu de la prière pour les vocations.
SAINTE ANNE, O BONNE MERE, VERS TOI MONTENT NOS CHANTS,
ENTENDS NOTRE PRIERE ET BENIS TES ENFANTS.
Tous ceux que Dieu appelle sans fin à le servir,
Qu’ils soient toujours fidèles et prompts à le bénir.
Pour le bien de l‘Eglise, fais germer dans les cœurs
Le désir du service pour le nom du Seigneur.
LA STELE SAINTE ANNE ET LES MARINS
Entre l’espace Jean-Paul II et le mémorial, se situe la stèle « Sainte Anne et les marins» mise en place en 1999. C’est une colonne surmontée d’une statue représentant Sainte Anne et Marie.
Les marins ont une dévotion toute particulière à Sainte Anne. Au milieu des tempêtes, les marins bretons prient sainte Anne de les garder du naufrage. Plusieurs tableaux de la galerie d’art manifestent la reconnaissance de marins sauvés pour avoir prié Sainte Anne.
Ici où là, sur d’autres continents, dans les ports, l’on trouve des chapelles dédiées à sainte Anne, œuvre de missionnaires souvent, mais aussi de marins qui, sans la présence de prêtres missionnaires, ont implanté eux-mêmes le culte à sainte Anne, comme au Québec.
Lors de naufrages après lesquels on ne retrouve pas les corps, la célébration pour ces marins péris en mer a lieu dans la basilique. Les familles peuvent désormais se rendre à ce lieu du souvenir qu’est cette stèle au pied de laquelle on peut lire les noms des bateaux et des équipages que la mer a engloutis.
SAINTE ANNE, O BONNE MERE, VERS TOI MONTENT NOS CHANTS,
ENTENDS NOTRE PRIERE ET BENIS TES ENFANTS.
Soutiens dans la tempête les marins en danger,
Qu’en toi toujours ils mettent l’espoir d’être sauvés.
Des soeurs et frères doutent ou marchent dans le noir,
Pour eux, ouvre une route de lumière et d'espoir.
LA SCALA SANCTA
Son nom signifie : escalier saint. Ce bâtiment semble aujourd’hui mis à l’écart dans le « champ de l’Epine ».
C’est une belle bâtisse construite par les Pères Carmes en 1662. Elle était située à peu près où se trouve aujourd’hui le porche de la basilique et servait d’entrée sur l’esplanade du sanctuaire, située devant la première chapelle construite par Yvon Nicolazic. Elle était reliée à deux ailes de bâtiments dont certaines parties existent encore de chaque côté de la basilique.
Ainsi existait un enclos qui délimitait l’espace pour la prière.
La Scala fut démontée pierre par pierre en 1870 et remontée là où elle se trouve aujourd’hui.
Elle fut pendant longtemps lieu de célébrations lorsque la première chapelle était trop petite. Elle a servi de lieu de prière et de point de départ des processions il y a encore quelques années.
Elle fut un lieu de prière plus personnelle. Les pèlerins en gravissaient les marches à genoux, en signe de pénitence, en méditant sur les mystères de la passion de Jésus.
La Scala Sancta reste seulement un bâtiment témoin de l’architecture de l’époque des apparitions. Elle nous rappelle l’entrée dans le sanctuaire, porte qui conduit au lieu de l’Eglise qui se rassemble.
SAINTE ANNE, O BONNE MERE, VERS TOI MONTENT NOS CHANTS,
ENTENDS NOTRE PRIERE ET BENIS TES ENFANTS.
Sainte Anne, O notre Mère, entends nos voix,
Nos chants, conduis-les jusqu'au Père, exauce tes enfants.
Conduis dans l'assurance celui que Dieu choisit,
Maintiens dans l'espérance les hommes au coeur meurtri.
TRESOR – GALERIE D’ART
A Sainte Anne d’Auray, l’on peut visiter deux musées qui constituent une richesse du patrimoine local, mais qui sont aussi des signes de la vitalité de ce sanctuaire depuis presque 4 siècles en ce cœur de la Bretagne.
Le « trésor » contient une collection impressionnante d’objets divers manifestant la dévotion à sainte Anne. C’est le lieu de la dévotion populaire la plus belle. Chaque objet est un don, un signe de reconnaissance à celle qui les a gardés dans un accident, un naufrage, au cours de la guerre, un merci à celle que l’on a prié pour obtenir une naissance. Du chausson de bébé à la chasuble offerte par Anne d’Autriche qui avait fait prier pour avoir un fils, de l’épingle qui aurait pu provoquer la mort à l’ostensoir, de l’alliance au maillot de champion de France, tout dit l’affection à Sainte Anne dont on a porté le culte très loin comme le manifestent des objets ramenés de pays lointains, à cette « grand mère » que l‘on ne peut oublier dans les circonstances si diverses de la vie.
Le trésor est vraiment le prolongement de la basilique. On le visite avec respect, avec admiration, avec dévotion. Voir tout ce qui y est déposé ne peut pas ne pas poser question : Pourquoi cela ? Pourquoi tous ces mercis de tant de personnes si diverses, de la reine de France à parents inconnus, du champion de France cycliste au général de corps d’armée, du missionnaire au sculpteur, du saint Cyrien à l’évêque, du marin au violoniste ? Y a-t-il vraiment autant de miracles ?
A côté du trésor se situe la « Galerie d’Art » contenant principalement des statues, anciennes pour la plupart, mais aussi quelques bas reliefs, venus principalement de chapelles tombées en ruines, ou offerts par les pèlerins, par des missionnaires.
Chacune d’elles est un « trésor » inestimable, montrant la foi de nos ancêtres ou la reconnaissance de ceux qui viennent, aujourd’hui encore, rendre grâce à Sainte Anne. L’on peut ainsi remarquer qu’aucune des statues ne représente Sainte Anne seule. Elle est toujours accompagnée de Marie et plusieurs d’entre elles, dans le même bloc de bois, représentent Anne, Marie et Jésus. C’est ainsi que l’on peut comprendre davantage la signification du mot qui traduit le mieux le message de ce sanctuaire : transmettre. La parole de Dieu, la prière se transmettent de génération en génération. Des statues de saint Jean-Baptiste, saint Matthieu, saint Nicodème, saint Roch, saint Sébastien, saint Antoine, sainte Barbe sont là représentées. Cette « Galerie d’art » contient aussi des tableaux-« ex voto », signes des mercis donnés à sainte Anne après un danger.
Ces deux musées sont les signes d’une foi profonde qui a marqué l’histoire de cette région, la vie familiale, paroissiale, professionnelle, artistique, politique, sportive.
Ces deux musées méritent que l’on s’y arrête, que l’on prenne le temps de la visite, de la réflexion, avant peut-être de retourner à la basilique associer son merci aux ceux de tous ses pèlerins anonymes.
Maintiens solide et forte la foi des baptisés et que toujours ils portent amour et vérité.
Accorde à ceux qui prient de parvenir au ciel, O mère de Marie, chemin vers l'éternel.
Ici, à l’époque des apparitions de sainte Anne, dans ce petit hameau du nom de Keranna, comptant une cinquantaine d’habitants, le ciel a touché la terre. En ce lieu, il nous est donné de voir et d’entendre les merveilles que le Seigneur a faites pour son peuple et qui continuent à se vivre dans son Eglise depuis presque quatre siècles, depuis de 7 mars 1625 où Yvon Nicolazic découvrit la statue de sainte Anne, enfouie depuis la ruine de la première chapelle au 6ème siècle.
Yves Nicolazic, le témoin des apparitions
Nous ne savons rien sur l'enfance et la jeunesse de Nicolazic. Adulte, c'était un homme juste et droit, honnête et travailleur. Homme de paix, on faisait souvent appel à sa sagesse pour apaiser les conflits qui pouvaient se faire jour entre les habitants de Keranna, son village.
Il était également connu pour sa piété et sa dévotion particulière à Sainte Anne "sa bonne patronne". Il communiait souvent - chose rare à l'époque - et allait régulièrement se confesser chez les Capucins à Auray. Il était ce que l'on peut appeler "un bon chrétien", vivant les béatitudes avec simplicité et s'en remettant toujours à "Dieu et Madame Sainte Anne".
À l'époque des apparitions, Yves Nicolazic a une trentaine d'années. Il est marié depuis presque dix ans à Guillemette Le Roux, et tous deux souffrent de ne pas avoir encore d'enfant.
Au champ du Bocenno
L'une des terres de la ferme de Nicolazic était appelé le Bocenno. La tradition voulait qu'il y ait eu, jadis, une chapelle dédiée à Sainte Anne. Ce champ semblait d'ailleurs être béni : toutes les récoltes qui y étaient faites abondaient, et il n'était pas nécessaire de le mettre en jachère comme les autres champs.
Autre fait étrange, les bœufs avaient toujours refusé d'y mener la charrue. Nicolazic lui-même y avait, en une seule journée, cassé deux attelages. Il fallait donc faire le travail à la main.
Les apparitions
Un soir d'été 1623, Nicolazic priait sa "bonne mère" quand un flambeau illumina subitement sa chambre. Le phénomène se renouvela quelques semaines plus tard. C'est donc dans la maison familiale que sainte Anne a choisi de se manifester en premier, discrètement, honorant ainsi ce que le Pape Jean-Paul II nomme "l'Eglise domestique", et invitant chacun d'entre nous à redécouvrir notre foyer comme premier lieu de conversion et d'évangélisation.
Mais ces premières manifestations ne sont pas encore des apparitions ; elles n'en sont que l'annonce, le prélude et sainte Anne prépara ainsi l'âme de Nicolazic à sa venue.
La première apparition a lieu à la fontaine en août 1623. Après le travail, Nicolazic menait ses bœufs à l'abreuvoir quand, accompagné de son beau-frère Le Roux, il vit une dame majestueuse, rayonnante de lumière, qui souriait mais ne parlait point. Les mois suivants, Sainte Anne se manifesta bien des fois à Nicolazic, soit à la fontaine, soit chez lui, ou encore près de la croix, sur la route de Pluneret, appelée depuis lors "Croix Nicolazic".
Pressé par son recteur, Nicolazic demande son nom à la majestueuse dame. Celle-ci se fait connaître dans la nuit du 25 au 26 juillet 1624 :
" Yvon Nikolazig, ne zoujet ket :
me zo Anna, Mamm Mari ;
laret d'ho person éh és bet gwéharall,
én tamm douar anùet er Bossenneu,
kent ma oé amañ kér érbed, ur chapél,
er getañ e zo bet gloestret
dein é bro er Vretoned.
Boud zo hiniù naù hant peùar
blé àrn-ugent ha hwéh miz
men dé bet diskaret.
Me garehé ma vehé saùet a-neùé d'er prontañ,
ha ma um soursiet hwi mem a gement-sé.
Doué e fal dehoñ ma vein inouret énni."
"Yvon Nicolazic, ne craignez pas :
je suis Anne, Mère de Marie ;
dites à votre recteur qu'il y a eu autrefois,
dans la pièce de terre appelée le Bocenno,
avant même qu'il y ait eu aucun village,
une chapelle,
la première qui me fût dédiée dans le pays des Bretons.
Il y a aujourd'hui neuf cent vingt-quatre ans
et six mois qu'elle est ruinée.
Je désire qu'elle soit rebâtie au plus tôt,
et que vous preniez soin vous-même de cela.
Dieu veut que je sois honorée ici."
Par l'action de sainte Anne, le message transmis en ces lieux, dépasse le cadre des apparitions à Yvon Nicolazic. En effet, si Sainte Anne n'a fait entendre aucun appel à la pénitence ni à la conversion lors de ses apparitions, elle a cependant choisi un autre moyen très fort : l'exemple vivant de Pierre de Kériolet, un enfant du pays, bandit puis converti.
Pierre de Kériolet naît à Auray le 14 juillet 1602. Dernier d'une famille de 4 enfants dont il est le seul garçon, il passe son enfance au château de Kerlois, sur la commune de Pluvigner. Malgré une éducation chrétienne, il pose tout jeune des problèmes à ses parents par sa méchanceté et sa violence, qui choisissent de l’inscrire au collège des Jésuites à Rennes. Mais Pierre de Kériolet préfère vivre une vie de libertin et de querelleur.
Le bandit de Kerlois
Il a 22 ans environ quand, après avoir volé ses parents, il s'enfuit de chez eux. C'est le début d'une vie d'aventures inimaginables.
Il décide de rejoindre le Grand Turc et de se faire mahométan. Pour ce faire, il prend un bateau sur le Danube, mais ne peut dépasser la Hongrie. Il tente de s'embarquer pour Constantinople depuis Venise, mais en vain. Il s'installe alors à Paris, se lance dans la débauche et la sorcellerie.
Quand il décide de revenir en Bretagne, il est plus violent que jamais et se fait rapidement beaucoup d'ennemis. Sa fureur du duel, malgré l'interdiction du roi, le pousse même à provoquer les soldats du gouverneur de Bretagne. Cette rage le pousse à se faire soldat et participe ainsi aux guerres italo-allemandes. Mais, rebelle à la discipline militaire, il quitte l'uniforme à peine un an après son enrôlement.
Son père meurt à cette époque, lui laissant ainsi qu'à ses sœurs un héritage important. Pierre de Kériolet se fait alors Huguenot et obtient de sa famille des avantages importants sur l'héritage en échange de son retour à l'Eglise catholique, et devient ainsi le maître d'une immense fortune.
Plus tard, il a l'ambition de devenir magistrat au parlement de Bretagne, la plus haute cour de justice de la province. Il en acheta la charge, passa un petit examen qu'il ne put éviter et le réussit ! Ce fut un immense scandale: Kériolet, juger les autres ! Il put à tout loisir semer la discorde en envenimant les plaintes jusqu'à régler les affaires à l'épée.
Dans le même temps il multipliait les aventures, se plaisant à "cajoler les plus belles et tromper les plus sottes". Quand il entrait dans une église, c'était pour se moquer des fidèles, singer le prêtre et tourner en dérision toutes choses sacrées.
Et pourtant, il fit preuve de bonté envers les pauvres, ne refusant jamais l'aumône bien qu'il refusât toujours qu'on le remercie ou qu'on appelle sur lui la bénédiction de Dieu. Par ailleurs, il récitait chaque jour un "je vous salue Marie" : par habitude d'enfance, superstition, promesse faite à sa mère?
La conversion
Une nuit, il eut une vision de l'enfer qui le troubla profondément ; il se confesse, commence à fréquenter l'église et rentre même au couvent, à la Chartreuse d'Auray. Mais au bout de huit jours il en sort et devient pire qu'avant.
Nous sommes en 1635. Pierre de Kériolet mène belle et grande vie: vie pleine d'impiété, de débauche, de reniement. C'est alors qu'il entend parler d'évènements étranges qui se passent dans la ville de Loudun. On entend dire que toutes les religieuses d'un couvent sont possédées par le démon et que l'on y fait des exorcismes. Par curiosité, Kériolet accourt, accompagné de deux compagnons de libertinage. Quatre jours durant il assiste aux exorcismes et en est impressionné. Le cinquième jour, il est prit à partie par une séculière que l’on exorcisait. Celle-ci s'adresse à lui et cite des faits précis de sa vie, lui rappelle son vœu non accompli d'aller en pèlerinage à Notre-Dame de Liesse et son séjour à la Chartreuse.
Intrigué, Kériolet interroge : "Pourquoi ai-je quitté la Chartreuse ?"
"Dieu ne pouvait souffrir un homme si impur dans une si sainte maison. Blasphémateur et athée ! Est-il possible qu'un tel homme reçoive miséricorde ? " lui est-il répondu.
Vaincu, Kériolet fait une confession publique, puis se confesse au père Archange, l'exorciste de Loudun. Nous sommes le 3 janvier 1636, Kériolet a 34 ans et vient d'être touché par la grâce. Sur le chemin qui le ramène en Bretagne, Kériolet se fait mendiant, et de retour dans son château de Kerlois, il mène une vie austère faite de prière, de jeûne et d'aumônes. Onze ans après les apparitions de Sainte Anne à Nicolazic, le pèlerinage est en pleine expansion et Kériolet va aider à son développement par sa générosité.
Kériolet : aumônier des pauvres
Le 7 mars 1637, il est ordonné diacre, et le 28 mars de la même année, Monseigneur de Rosmadec l'ordonne prêtre. L'impossible est devenu réalité : le bandit de Kerlois est devenu prêtre.
Sa maison devint un véritable hôpital pour les mendiants. Il avait une attention particulière pour les malades et les infirmes, voyant le Christ dans chacun d'entre eux.
Les années passaient, et autant Kériolet avait inspiré la peur, autant il inspirait dorénavant le respect et la vénération. On voulait le voir, le consulter : mais il se dérobait toujours, voulant demeurer l'aumônier des pauvres. Il voulait toujours réconforter et apaiser et était rempli de miséricorde pour les pêcheurs.
En 1658, il tomba malade. Ce fut une rude épreuve, car touché par la grâce, il craignait cependant de paraître devant Dieu à cause de sa vie passée qui le tourmentaient sans cesse. Il alla mieux et continua sa mission malgré une grande fatigue. Il venait de plus en plus souvent au Sanctuaire de Sainte Anne où les Carmes lui avaient réservé une cellule.
Dans la nuit du 21 au 22 septembre 1690, il tomba gravement malade. Le 5 octobre il reçut le sacrement des malades et mourut le 8 octobre: il avait 58 ans. On accourut de tous les environs pour assister à ses obsèques. Il fut enterré dans la chapelle de Sainte Anne, entre la grille du chœur et les marches de l'autel et l'on grava sur son tombeau :
"Ci-gît Pierre de Kériolet conquête de Marie.
Il en fut le fidèle et zélé serviteur."
Lorsque la chapelle fut détruite pour faire place à la basilique actuelle, ses restes furent déposés sous l'autel au fond de la basilique, côté nord, face au tombeau d'Yvon Nicolazic.
Telles sont les paroles de l’Evangile que l’Eglise nous donne d’entendre, chaque année le 26 Juillet, jour de la fête de Sainte Anne.
Ici, à Keranna, petit hameau d’une cinquantaine d’habitants à l’époque des apparitions, le ciel a touché la terre et, en ce lieu, il nous est donné de voir et d’entendre les merveilles que le Seigneur a faites pour son peuple et qui continuent à se vivre dans son Eglise depuis presque quatre siècles, depuis de 7 Mars 1625 où Yvon Nicolazic découvrit la statue de Sainte Anne, enfouie depuis la ruine de la première chapelle au 7ème siècle.
Les pèlerins de ce lieu choisi par Dieu et honoré par « Madame sainte Anne » sont heureux de pouvoir vivre quelques instants dans ce sanctuaire, en mettant leurs pas dans ceux des millions de pèlerins des siècles passés, en regardant ce que la foi des chrétiens a bâti ici, en entendant et en écoutant le message de ce lieu traduit dans la pierre des monuments, le bois des statues, la peinture des tableaux, les paroles des prières et des chants qui disent la foi des bretons en Jésus-Christ et leur amour pour celle qui leur a fait l’honneur de venir chez eux.
Le message donné ici est toujours d’actualité, comme l’Evangile :
Message particulier, unique et d’abord parce que c’est le seul lieu au monde où Sainte Anne est apparue.
La grand mère de Jésus apparaît en ce début du XVIIème siècle où, à la suite du concile de Trente et avec l’apport des grandes missions paroissiales, grâce à la présence d’un évêque audacieux, Monseigneur Sébastien de Rosmadec, qui va faire venir dans le diocèse de Vannes de nombreuses congrégations religieuses, l’Eglise connaît une période de renouveau, après avoir connu des temps troublés suite aux guerres de religion, même si en Bretagne les rivalités furent beaucoup moins importantes que dans d’autres régions.
Les apparitions de sainte Anne à Yvon Nicolazic, par l’élan qui va se dessiner ici, vont contribuer grandement au renouveau de l’Eglise en cette terre de Bretagne.
Rapidement, dès la découverte de la statue le 7 Mars 1625, les pèlerins vont venir en foule à Keranna et ils continuent à venir demander à sainte Anne d’intercéder pour eux auprès du Seigneur.
« Dieu veut que je sois honorée ici » dit sainte Anne à Yvon Nicolazic. Cette phrase est la base de tout ce qui s’est déroulé en ces lieux. Si Dieu veut, tout est possible. Puisque c’est Dieu qui le veut, tout va se réaliser comme il le prévoit.
« Dieu veut» Ces deux mots disent la profondeur des choses, authentifient la vérité du message qui va suivre. Tout va se dérouler selon le cœur de Dieu, selon son dessein d’amour.
Plusieurs fois dans l’Evangile, Jésus parle de la volonté de son Père : « Je ne suis pas descendu ciel pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or, la volonté du Père, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donné.… Car la volonté du Père qui m’a envoyé, c’est que tout homme qui voit le Fils et croit en lui obtienne la vie éternelle. » (Jean 6/38-40) « Père, que ta volonté soit faite et non la mienne. » (Marc 6/36)
Le message révélé ici ne se situe donc pas en dehors de l’Evangile, il le prolonge, l’actualise, l’enracine dans la vie des hommes et des femmes de cette terre bretonne où la foi était présente depuis des siècles, mais qui avait besoin d’être revivifiée pour porter des fruits de sainteté.
« Dieu veut que je sois honorée ici. » dit Sainte Anne à Yvon Nicolazic. Tous l’ont admis et avec joie depuis si longtemps, car, comme le dit un des cantiques à Sainte Anne : « Quelle gloire et quelle joie pour nous quelle soit venue nous prendre pour tes enfants. » Mais dans quel but ? Pour quelle mission ? Car lorsque Dieu choisit, appelle, c’est toujours pour une mission précise comme le montrent l’appel des prophètes ou des apôtres. Sainte Anne elle-même reprendra le mot « choisir » dans l’un de ces messages : « J’ai choisi ce lieu par inclination. »
Suivra donc une mission particulière pour Yvon Nicolazic d’abord, puis pour tous ceux qui reconnaissent le message donné ici. Un message important que le Pape Jean-Paul II reprendra, rappellera à tous ceux qui étaient présents ici le 20 Septembre 1996 : appel à approfondir l’héritage de la foi reçue des ancêtres, appel à le transmettre, appel à approfondir la parole de Dieu, appel à bâtir l’Eglise, appel à la mission universelle, appel aux familles pour qu’elles transmettent et défendent la vie sous toutes ses formes.
En venant ici, Jean-Paul II a réactualisé le message reçu ici au début du XVIIème siècle.
L’Eglise a sans cesse le souci d’actualiser, de concrétiser le message de l’Evangile pour que les chrétiens puissent le vivre dans le temps qui est le leur.
Remercions le Seigneur pour tout ce que nous voyons et entendons en ce lieu béni où chacun vient puiser la force pour continuer à faire « la volonté du Père » et « Madame Sainte Anne » qui a « choisi ce lieu » pour que l’Evangile y soit pleinement vécu et que chacun puisse venir ici se ressourcer.
En effet, depuis des siècles, puisque dit sainte Anne à Yvon Nicolazic le 25 Juillet 1624 « Reconstruis la chapelle ruinée il y 924 ans et 6 mois. » ce qui veut dire qu’elle a été construite au moins quelques dizaines d'années auparavant. C’est l’un des signes les plus éloignés dans le temps de la présence chrétienne en Bretagne et le plus ancien de la dévotion à sainte Anne.
Il faut attendre 1623 pour que ce lieu soit celui d’une intervention céleste, mais la révélation sera de taille au début du 17ème siècle. L’impact sera tout de suite énorme.
Il va faire appel aux Pères Carmes pour accueillir les pèlerins, célébrer la messe, confesser, et finaliser les constructions.
La renommée de Keranna est telle qu’Anne d’Autriche fait prier demandant par l’intercession de sainte Anne, sa patronne, la naissance d’un fils. Elle récompensera le sanctuaire à la naissance du futur Louis XIV
Keranna devient tout de suite cœur spirituel de la Bretagne, de par les évènements et la langue puisque sainte Anne va parler breton à Yvon Nicolazic qui a toujours refuser de parler une autre langue que sa langue maternelle.
Keranna sera le lieu d’accueil du bandit converti, Pierre Le Gouvello de Keriolet et le lieu de sa sépulture comme celui de la sépulture d’Yvon Nicolazic qui s’était retiré à Pluneret.
Le pèlerinage prendra une telle importance qu’il faudra démolir la chapelle et construire la basilique actuelle.
Le nombre des pèlerins est tel que, lors de la construction de la voix de chemin de fer Paris-Quimper, une gare sera construite à Pluneret, gare appelée récemment encore ‘gare de sainte Anne’ pour que les pèlerins puissent réduire la distance à faire à pieds. Cette gare est la seule en France surmontée d’une statue, celle de sainte Anne et Marie.
En 1905, les inventaires ne pourront avoir lieu à la date prévue tant est grande la foule des bretons venus autour de leur évêque, monseigneur Gouraud, défendre ‘leur’ basilique.
L’importance de ce lieu est telle que c’est là que viendront rencontrer les bretons : l’Empereur Napoléon III, le Général Mac Mahon, le Général De Gaulle, le président Giscard D’Estaing.
Et bien sûr le pape Jean-Paul II. S’il a choisi de venir à sainte Anne, c’est que c’est effectivement le lieu de rassemblement le plus important des chrétiens en Bretagne. Il a rappelé le message du lieu, il l’a actualisé, il a parlé en Breton.
Sainte Anne d’Auray est un lieu vivant, lieu de rassemblement, lieu de formation, lieu de prières, lieu de ressourcement et, selon les mots qui nous sont dits le plus souvent, lieu d’espérance. Ce mot fut celui de Jean-Paul II : « Vivez l’espérance et je dois dire que j’ai trouvé ici beaucoup d’espérance. »
▪ Textes précédents extraits du "Message de sainte Anne" du Père André Guillevic - supplément du "Pèlerin de sainte Anne".
▪ "Sainte-Anne d'Auray" du Père Jean Le Dorze - Editions Jean-Paul Gisserot.
▪ "Yves Nicolazic, le voyant de Sainte Anne" - extraits choisis de Buléon et Le Garrec - Editions Librairie de la Basilique.
▪ "Yves Nicolazic" de Mgr Joseph Mahuas.
▪ "La grande histoire de Sainte-Anne d'Auray' de Patrick Huchet - Editions Pierre Téqui.
Pour voir l'histoire d'Yvon Nicolazic, le voyant de Sainte Anne, un spectacle nocturne de son et lumière est présenté pendant le mois d'Août