Sanctuaire de Sainte-Anne-d'Auray

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Homélies

Dimanche 29 décembre 2019 – Dimanche de la Sainte Famille

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« Je veux évoquer le souvenir de l'Enfant qui naquit à Bethléem... Je veux le voir, de mes yeux de chair, tel qu'il était, couché dans une mangeoire et dormant sur le foin, entre un boeuf et un âne ». Quel est l'original qui a pu avoir une telle idée à la fois naïve et neuve en ce mois de Décembre 1223 et dont le pape François a fait mémoire le 1er décembre dernier dans sa très belle lettre apostolique ? C'est François, le petit pauvre d'Assise. Son idée était extraordinaire et géniale comme seul un poète pouvait l'imaginer : voir, et faire voir, avec des yeux d'enfant, l'événement du Salut. Pauvre parmi les pauvres, il a su faire redécouvrir aux plus petits combien la Nativité était d'abord la célébration d'un Dieu humble qui se fait homme parmi les hommes. La paille de nos crèches rappelle que le Messie n'est pas né dans un palais royal mais dans une étable, et que l'Emmanuel a été couché dans une mangeoire. Des bergers en furent les témoins. Le biographe de St François ajoute: « François passa la veillée debout devant la crèche, brisé de compassion, et rempli d'une indicible joie ». Pour les petits, et parfois pour les grands, la construction de la crèche est importante. En installant la sainte famille dans nos crèches, comment ne pas penser à toutes ces familles blessées d’une manière ou d’une autre ? Combien de blessures ne se refermeront pas ? Je pense aussi aux familles unies où il fait bon vivre. En ce dimanche de la Sainte famille, donne, Seigneur, à nos familles, toi l'enfant de la crèche, de cet amour qui construit, de cet amour qui unit et qui fait grandir. Donne-nous de vivre de ton amour.

Regardons ensemble, avec des yeux d'enfants, nos crèches de Noël. Au centre, de façon anachronique, c’est en général un bébé de quelques mois, plutôt qu'un nouveau-né. Les icônes orientales vont même plus loin en représentant l'enfant Jésus porté par sa mère avec un corps d'adulte. Cet enfant nouveau-né aurait-il déjà une certaine stature ? Il est déjà à la fois un fils d'homme, et bien plus qu'un fils d'homme. Il est couché dans la paille. Et là, c'est L'Evangile. Lui le Fils de David aurait dû naître dans le palais du roi Hérode, il naît dans une étable, et est couché dans une mangeoire d'animaux. Déjà plane sur lui l'ombre de la Croix : l’évangile nous rappelle que Joseph est obligé, en pleine nuit, de prendre l'enfant et la mère pour l'Egypte, le pays de l'esclavage. Ne serait-ce pour le peuple d'Israël un nouvel Exode, une nouvelle Libération, une nouvelle Pâque en perspective ? Marie est là en prière. Elle a revêtu son manteau de ciel car déjà elle appartient au monde de Dieu. Fille d'Anne et de Joachim, elle est bénie de Dieu. Son voile blanc dit sa consécration, dit son oui sans aucune ombre à son Dieu. Elle est là, humble et rayonnante, contemplant cet enfant qui combien nous dépasse. Joseph lui aussi est en prière. Fils d'Israël, il est le digne descendant du patriarche Joseph. Celui-ci avait conduit ses frères en Egypte pour l'Ancienne Pâque, celui-là conduira l'enfant en Egypte pour la Nouvelle Pâque. Joseph, vêtu de son manteau brun, couleur de la terre, donne à la crèche une touche d'humanité. Le paysan charpentier de Nazareth accueille dans son foyer le fils de la promesse. Sa prière silencieuse est action de grâce devant un tel mystère d'Incarnation. Il y a aussi les bergers. Maladroits, ils ne savent quelle position prendre. Fils de la terre, plus habitués à la solitude qu'à une telle société, en marge de la vie publique, ils sont pourtant les témoins officiels de la Nativité. Les chemins de Dieu ne sont pas nos chemins. Il y a aussi des animaux. François d'Assise ne les avait pas oubliés. Un âne et un boeuf, des animaux pas très glorieux... Deux bêtes de somme... Comme pour nous dire que tout être vivant a droit à sa part de Noël. La tradition orientale voit dans le bœuf le peuple d’Israël, et dans l’âne les païens appelés à la conversion (sic). Quelques moutons, parfois un chevreau, viennent compléter nos crèches. N'oublions pas que nous sommes dans une étable, Dame Nature y a sa place. Enfin un sapin, et là même, ce symbole hérité d'un lointain paganisme prend signification chrétienne. C'est l'arbre de vie, l'arbre du jardin d'Eden certes, mais surtout l'arbre de la Croix. Si vous regardez l'icône de la Trinité de Roublev vous le retrouverez. Déjà à la crèche est planté l'arbre de la Croix. Le mystère de l'Incarnation n'est-il pas le premier acte de notre Rédemption ? Et si notre crèche familiale disait quelque chose du mystère de Dieu ?                                      

                                                                  P. Gwenaël Maurey 


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