Alors que les Jeux olympiques vont s’ouvrir à Paris le 26 juillet et que Sainte-Anne-d’Auray se souvient du passage de la flamme le 6 juin dernier, Yvon Tranvouez propose de découvrir la figure du père Henri Didon, inventeur de la devise Citius, altius, fortius (Plus vite, plus haut, plus fort) qui est devenue celle du mouvement olympique.
C’est alors qu’il était à la tête de l’École Albert-le-Grand d’Arcueil que le dominicain l’a imaginée, en 1891, pour l’Association de sports athlétiques qu’il venait d’y fonder sur la suggestion du jeune Pierre de Coubertin. Ce dernier, trois ans plus tard, la reprit à l’occasion du premier Congrès international olympique réuni à Paris. C’est ainsi que le père Didon qui, à l’époque, était avant tout un prédicateur renommé, a échappé à l’oubli où sont tombés la plupart de ses confrères. Pour périphérique qu’elle soit dans son itinéraire, cette attention au sport s’inscrit dans la logique d’une vie heurtée et controversée, mais dominée par la volonté de réconcilier le catholicisme et la société moderne. Libéral, républicain et démocrate, attentif aux nouvelles méthodes d’éducation, curieux de littérature et passionné de science, auteur d’une vie de Jésus qui fut un grand succès de librairie, échangeant avec quelques femmes modernes et brillantes une abondante correspondance, le père Didon est le témoin passionnant des mutations et des tensions qui ont ébranlé le catholicisme français dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
Spécialiste d’histoire religieuse contemporaine, Yvon TRANVOUEZ est professeur émérite de l’Université de Brest. Il a récemment publié L’ivresse et le vertige. Vatican II, le moment 68 et la crise catholique (Éditions Desclée de Brouwer, 2021), La puissance et l’effacement. Destin du catholicisme breton (XIXe-XXIe siècle) (Presses universitaires de Rennes, 2022) et, tout récemment, Plus vite, plus haut, plus fort. Le père Didon, inspirateur des Jeux olympiques (Éditions du Cerf).