Sanctuaire de Sainte-Anne-d'Auray

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Le Grand Pardon

Les fêtes de sainte Anne

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Qu’est ce qu’un Pardon ?

 

Un « pardon » est une forme typiquement bretonne de pèlerinage et une des manifestations les plus traditionnelles de la foi populaire en Bretagne. D'origine très ancienne, puisque probablement lié à l'évangélisation du pays par les moines celtes, dès le Ve siècle, il s'apparente aux « parades » de la Saint Patrick en Irlande ou à New York.

 

Un pardon s'inscrit dans une démarche pénitentielle : les chrétiens se rendent en pèlerinage soit sur la tombe du saint, soit en un lieu qui lui est dédié ou en raison d'une apparition, comme ici à Sainte-Anne-d’Auray.

 

Le déplacement jusqu'au lieu de rendez-vous, comme la procession, traduisent le désir de se mettre en marche pour obtenir du saint fêté qu'il intercède pour ses pèlerins, en offrant les fatigues du chemin parfois parcouru à pied, tel une pérégrination vers le Royaume du Ciel, en reconnaissant son état de pécheur pour obtenir le « pardon ».

 

Le Pardon de Sainte-Anne-d’Auray est appelé « Grand Pardon », sans doute en raison  de son importance – autour de 20 000 pèlerins chaque année – mais aussi, parce qu’il fête sainte Anne, patronne de la Bretagne.


Les fêtes de sainte Anne


Dans la nuit du 7 au 8 mars 1625, sainte Anne apparaît une nouvelle fois à Yvon Nicolazic. Elle tient un flambeau à la main, mais elle porte aussi une autre lumière : celle de l’espérance. A l’humble laboureur qui la supplie : « Faites donc quelque miracle, ma bonne maîtresse… », sainte Anne répond :

 

« L’affluence du monde

qui me viendra honorer en ce lieu

sera le plus grand miracle de tous ».

 

Et depuis le 26 juillet 1625, date à laquelle la paroisse de Riantec (Morbihan) ouvre la longue liste des pèlerinages, ce sont des millions de pèlerins et visiteurs qui sont venus dans ce haut lieu spirituel ; on compte en moyenne 600 à 700 000 pèlerins par an.

150.000 personnes étaient présentes lors du pèlerinage de Jean-Paul II en 1996. Le message confié à Nicolazic s'adresse à tous, bretons ou non. C'est pourquoi Jean-Paul II a considéré Sainte-Anne-d'Auray comme un haut lieu spirituel.

 

La foule, priant et recueillie lors des 2 jours de fête dédiés à sainte Anne, illustre aussi la prédiction de sainte Anne. Le 25 juillet, l’appel du bourdon pour les premières vêpres de sainte Anne marque l’ouverture des fêtes. Et c’est au cours de la veillée, lors la procession aux flambeaux, que sont évoquées les premières « marches à la lumière », où Yvon Nicolazic et les hommes du village de Keranna suivaient le flambeau de sainte Anne. Le 26 juillet voit au grand jour le triomphe de sainte Anne.

 

Et puisqu’il s’agit d’un Pardon, les pèlerins sollicitent leur réconciliation dans le sacrement de pénitence. Ensuite, après la procession avec en tête la statue de « Madame sainte Anne », la messe solennelle est célébrée au Mémorial. La fête s’achèvera après la prière mariale et les vêpres pontificales.

 

La réconciliation s’est faite et comme il n’y a pas de pardon sans festivités, les pèlerins se retrouvent sur le parvis de la basilique pour entendre les sons joyeux de la bombarde.

Votre halte au coeur de l'été 2024

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Pour la 5e année, le sanctuaire de Sainte-Anne-d'Auray et l'Académie de Musique et d'Arts Sacrés proposent un guide de l’été saintannois, avec un programme spirituel et culturel pour accueillir pèlerins et visiteurs (du 10 juillet au 25 août 2024).
 

Qu’est ce qu’un Pardon ?

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Un « pardon » est une forme typiquement bretonne de pèlerinage et une des manifestations les plus traditionnelles de la foi populaire en Bretagne. 


Qu’est ce qu’un Pardon ?

Grand Pardon 2024 - Illuminations

Grand Pardon 2024 - Fleurs

Grand Pardon 2024 - Musiciens

Grand Pardon 2024 – 26 juillet – vêpres et salut du Saint-Sacrement

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Homélie de Mgr Bruno Feillet, évêque de Séez

Chers frères, après nous être survenus que le Fils de Dieu est venu dans notre chair humaine et dans notre histoire dont sainte Anne et saint Joachim sont un maillon important, après avoir médité le mystère de la foi qui relève de l'écoute, de l'obéissance, de la mise en route, d'une manière active pour demeurer là où Dieu nous a conduit, d'y porter un fruit qui demeure et d'affronter la mort, nous voici au seuil de rentrer chez nous. Pour les diocésains de Vannes que vous êtes pour la plupart, vous êtes au milieu du gué, au milieu de cet anniversaire de trois ans, ce jubilé rythmé par les figures de sainte Anne, de la Bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu, mère du Christ et du Christ lui-même. C'est souvent un momeent crucial que d'être au milieu du gué, car on est à égale distance entre le début et la fin, c'est le moment de la persévérance. En méditant avec vous le récit des apparitions, nous avons pu vérifier combien l'Évangile nous invite à vivre de manière synodale notre foi, de même que Jésus a parlé à Marie-Madeleine pour qu'elle aille voir les Apôtres ; de même ici, c'est à un paysan que la parole a été confiée pour qu'il aille voir son recteur et manifestement ce n'était pas gagné d'avance. On retrouvera exactement le même schéma à lourdes, vous le savez. Puissiez-vous suivre l'exemple de sainte Anne et saint Joachin, qui ont su accueillir leur fille Marie comme un trésor de Dieu ! Ils ont aidé à faire fructifier, en humilité et en sens du service, celle qui leur a été donnée comme Immaculée Conception. Souvenons-nous, la Vierge Marie s'est présentée à sa cousine comme l'humble servante, et je crois vraiment qu'elle est humble parce que servante. Voyez-vous, il y a deux chemins pour gagner de l'humilité dans notre vie. Il y a l'expérience de notre péché qui nous humilie, mais ce serait dommage si pour gagner en humilité, il fallait se mettre à faire des péchés. Vous voyez la difficulté ? L'autre chemin, c'est celui du service. Et servir une fois, mes amis, c'est assez gratifiant. Mais servir tous les jours, c'est une école d'humidité. Nous avons en Marie un véritable exemple pour avancer les uns et les autres en chemin de sainteté, un chemin pour chacun d'entre nous. Et ce n'est pas inaccessible. Servir, quel que soit l'état de notre vie, ce n'est pas quelque chose de compliqué.

Puisse Notre-Dame vous aider à mettre vos pas dans ceux d'Abraham et de toute sa descendance. Puissiez-vous poursuivre cette traversée, ce pèlerinage vers le Bon Pasteur, Jésus Christ notre Seigneur. Il sera encore plus honoré l'année prochaine. C'est lui que sa mère nous demande d'écouter et de faire tout ce qu'il nous dira. Et c'est avec votre évêque, pasteur de votre diocèse que ce pèlerinage s'accomplira. Le pape François dit souvent que l'évêque doit être à la fois devant, au milieu et à l'arrière de son peuple. Alors, pour donner un peu de chair à cette expression et en ce temps d'ouverture des Jeux olympiques, cher Raymond, Mgr Centène, et chers confrères dans l'épiscopat, je me permets d'emprunter au football ce que saint Paul pour dire la foi empruntait aux jeux du stade. Il disait qu'il ne luttait pas pour frapper dans le vide ou encore qu'il courait pour gagner la couronne qui ne se flétrit pas. Je pense que comme évêque, nous sommes devant notre peuple comme un entraîneur ; au milieu, comme un arbitre et parfois dans les gradins, spectateurs émerveillés de ce qui se vit dans nos diocèses. Ou alors à l'arrière, comme un soigneur. Et à vrai dire mes amis et je m'adresse aux prêtres, ce qui vaut pour les évêques vaut pour vous aussi.
Que le temps qui vient soit un temps où le désir du Christ se creuse pour qu'il remplisse vos cœurs de ses dons et de sa grâce, de telle sorte, comme le dit l'Apôtre, que puisque nous faisons partie de la descendance d'Abraham, nous puissions à notre tour être bénis et renouvelés dans notre foi et dans le dynamisme missionnaire qui nous constitue. Amen.

Ecouter l'homélie de Mgr Bruno Feillet (messe du 26 juillet 2024)

Grand Pardon 2024 – 26 juillet – messe pontificale

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Homélie de Mgr Bruno Feillet, évêque de Séez

Chers frères et sœurs, la Vierge Marie, qui est au cœur des 3 années qui célèbrent l'anniversaire des apparitions de sainte Anne, est un modèle de foi, un exemple pour chacun d'entre nous. Ce qui permet de dire cela, non seulement c'est la tradition de l'Église et nous le savons tous, mais c'est cette Seconde lecture qui décrit admirablement bien et avec une extraordinaire précision, la foi d'Abraham, le père des croyants. Faisons si vous voulez bien la liste des verbes qui accompagnent l'acte de foi d'Abraham, un acte de foi qui va se déployer dans le temps de toute une vie. Il est appelé par Dieu, il obéit, il part pour recevoir un héritage, il part aussi sans savoir exactement le terme du voyage, il séjourne, il attend la cité promise, il est rendu capable d'une descendance qu’il n’espérait plus et il finit par mourir sans avoir vu, sinon de loin, la réalisation des promesses. Revenons sur chacun de ces verbes.


Obéir. L'obéissance, c'est bien différent de l'observance. Obéir, c'est obéir à quelqu'un. Observer, c'est mettre en œuvre un commandement. L'obéissance procède de l'écoute d'une parole qui m'est adressée. Abraham a su écouter l'appel que Dieu lui a lancé, il y avait de la place dans son cœur pour quelque chose de nouveau, de neuf et d'inattendu. Ainsi en est-il de la Vierge Marie qui, bien qu'ayant conclu un projet de mariage avec Joseph, restait disponibles pour un appel de Dieu qu'elle ne pouvait imaginer puisque en la circonstance, il n'y avait aucun exemple dans la tradition juive d’une vierge qui a enfanté le Fils de Dieu. Pour chacun d'entre nous, cela peut susciter une question : quelle place y a-t-il encore dans ma vie pour l'inattendu de Dieu ?


Partir. Par deux fois l’auteur prend ce mot pour évoquer la foi d'Abraham. Partir vers une promesse, mais sans savoir le terme du voyage. Les exégètes nous apprennent que ce voyage d'Abraham, s’il est géographique, sera avant tout intérieur et spirituel. « Va vers toi-même, dit Dieu à Abraham ».Partir loin suppose que l'on parte léger, avec juste l'essentiel. Mais il faut partir néanmoins avec tout soi-même. C'est souvent l'expérience des pèlerins de Compostelle qui découvrent par un chemin de dépouillement ce qu'il y a au fond d'eux-mêmes, et certains y découvrent Dieu. La Vierge Marie quant à elle saura partir bien sûr voir sa cousine Élisabeth, ou encore se rendre à Bethléem pour le recensement et par là même accomplir les Écritures. Mais elle va devoir faire elle aussi un voyage plus exigeant qui supposera de longues méditations en son cœur. L’ange ne lui avait pas tout dit. Et ce n'est que progressivement qu'elle découvrira qu'un glaive lui transpercera le cœur au pied de la croix de son fils. Alors, pour nous tous qui sommes venus ici en pèlerinage à l'occasion du Grand Pardon de Sainte-Anne-d’Auray, je crois que, comme pour Abraham et comme pour la Vierge Marie, Dieu nous appelle à nous mettre en route sans pour autant tout nous dire du chemin. Nous aimerions tellement être sûrs de la fin avant même de partir. Nous le savons bien, ce n'est pas comme cela que ça se passe. La vraie joie est dans l'accomplissement du parcours. Cependant, n'oublions jamais qu'Il est au départ, Il est notre compagnon de route et que déjà Il nous attend sur l'autre rive.


Séjourner. Dans notre société qui a de plus en plus la bougeotte, sans doute grâce aux différents moyens de communication et de voyage, voiture, train, avion, relative facilité à trouver du travail ici ou là, que signifie « prendre le temps de séjourner, de demeurer ». Ce fut toute l’aventure d'Abraham que d'apprendre à demeurer dans un pays comme un étranger. Il préférera les terres pauvres pour ne pas se disputer avec son neveu, Loth. Il y eut des guerres. Il essaya de forcer la providence en ayant une descendance avec sa servante Agar. Il y eut la rencontre avec Melchisédech le grand prêtre et tant d'autres choses comme le sacrifice de son fils que Dieu lui demanda, le fils de la promesse. Abraham a voyagé, mais il n'a pas erré. Il a séjourné, mais il a continué à chercher Dieu jusque dans ses maladresses et les limites de sa foi. Marie, nous le savons, a traversé bien des angoisses à propos de Jésus, un fils perdu qu'elle a retrouvé au bout de trois jours, des paroles publiques de Jésus qui l'inquiètent. Tout n'a pas été si clair que cela dans sa vie. Mais elle a été fidèle. Et c'est en cela qu'elle est un véritable point d'appui pour chacun d'entre nous, une fidélité qui ne s'est jamais appuyée sur elle-même, mais bien sur Dieu son Sauveur. Une fidélité qui renvoyait malgré tout sans cesse à son fils : « Faites tout ce qu'Il vous dira ». Et pour chacun d'entre nous, la fidélité est un véritable défi. Trop souvent, j'ai entendu les fiancés commenter la fidélité en termes de « ne pas être infidèles ». Y aurait-il pas une approche plus heureuse lorsqu'on la comprend comme une relation à construire, à consolider, comme un projet à mener à bien ?


Être rendu capable d’une descendance. Chez Abraham, la promesse d’une descendance fait l'objet d'une grande bataille intérieure. Comment la comprendre ? Comment en être acteur ? Finalement, il lui faudra un double acte de foi : celui d'accepter le temps de la fécondité, au-delà du temps des hommes et des femmes, celui de renoncer à tout comprendre du projet de Dieu pour tout lui remettre. D'ailleurs, après le passage qu’il convient plutôt d'appeler celui du sacrifice d'Abraham, vous remarquerez qu'il s'en va là seul et qu'il laisse son fils Isaac mener sa propre vie. Je crois que personne ne peut imaginer ce que fut pour la Vierge immaculée de voir son fils mort en croix. Elle a du plus que tout autre renoncer à ce qu'elle avait pu espérer avec son cœur de mère pour entrer dans la démarche du disciple qui espère contre toute espérance. Et sans doute, chacun d'entre nous a été confronté à un moment donné de sa vie ou à un autre, à cette impression que le sol se dérobe et les repères ne sont plus si clairs, bref que la vie n'est pas un long fleuve tranquille. C'est le moment de la foi, le moment où l’on croit sans voir, le moment des petits pas assurés.


Mourir. Abraham meurt en ayant vu la promesse, mais que de très loin, en ayant eu qu’un seul fils. C'estcourt pour sentir l'accomplissement d'une promesse qui lui a fait miroiter une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que les grains de sable sur la plage. Pourtant il va rester fidèle à Celui qui l'a appelé à partir, à séjourner et à voir à peine le début de la promesse, mais plus encore à préférer son Dieu à tout le reste. Quelle rencontre avec Dieu avait-il dû faire pour finalement aller jusqu'à l'extrême de cette fidélité. Pour Marie, la question de sa mort est assez subtile, puisque les traditions chrétiennes ne se prononcent pas vraiment, une dormition chez les Orthodoxes, une montée en ciel avec son âme et son corps chez les Catholiques. Mais pouvait-elle mourir, celle qui n'avait jamais pêché ? Vous me direz, Jésus lui-même non plus n'a pas péché, et pourtant il est mort. Eh bien, il fallait qu'il meurt pour rejoindre tous ceux qui le précédaient dans cette mort. Ne pouvant mourir de sa belle mort, si j'ose dire, parce qu'il n'avait pas péché, ne pouvant non plus se suicider bien-sûr, il était nécessaire qu'il souffrisse et qu'il fût crucifié. Alors quant à nous, chez frères et sœurs, nous expérimentons la mort bien souvent. Lorsqu’elle nous trouble et nous angoisse. Reprenons la prière du Notre Père et demandons-lui encore et encore, le pain de ce jour, c'est lui qui fait reculer l'heure de la mort, ou encore celui qui fait traverser la mort elle-même. Préparons-nous à le recevoir dans l’Eucharistie.

Grand Pardon 2024 - photos du 26 juillet

Grand Pardon 2024 - Veillée

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Commentaires de Mgr Bruno Feillet, évêque de Séez

1) Un paysan breton

 

Chers amis, chers frères et sœurs, ce récit vous le connaissez bien mieux que moi, je l'ai proposé quand votre évêque Mgr Raymond Centène m’a demandé de venir ici et j'ai été très frappé de cette figure magnifique qu’est Yvon Nicolazic. Le premier récit nous dresse un portrait, un décor, on présente les personnages principaux et décrit le contexte de tout ce qui s'est vécu il y a 400 ans. Ce qui m'a frappé, c'est l’accumulation des critères, si j'ose dire, qui qualifient la vie d'Yvon Nicolazic. C'est un priant, qui fait plus que son seul devoir dominical, il fait plus que d'aller à la messe le dimanche. Il prie le chapelet tout en marchant. Et on le lira plus tard, il est habité du désir de Dieu. Il se confesse, c'est un vrai croyant. Vous avez là un modèle de foi magnifique. Il a une dévotion pour sainte Anne. Et cet homme, c'est aussi un homme qui travaille, qui travaille bien manifestement, et qui a aussi un sens de la justice sociale, ceux qui travaillent avec lui sont bien traités. Il est lui-même bon laboureur et cultivateur, il est aussi bon époux puisque à la maison, il y a de la joie, même s'il n'y a pas encore d'enfant. Il n’est pas épargné par les difficultés de la vie, comme tout un chacun ici. Avec sa femme, même s’il n'arrive pas à avoir d'enfant, il y a quand même une vie heureuse au foyer. Enfin, nous l’apprendrons plus tard, il ne court pas après l'argent. Ce qu'ils trouvera sur sa table, comme un encouragement de sainte Anne elle-même pour relever la chapelle, il ne le prendra pas pour lui.

Nous pourrions dire que c'est un homme qui vit sa foi à tous les étages de sa vie. Ce n'est pas un chrétien puis un payson. C'est un chrétien dont la foi irrigue toute la vie de travail, de famille et sa vie sociale. Moi qui viens du diocèse de Séez dans l'Orne, où se trouve la ville d'Alençon, je reconnais en Yvon Nicolazic, un personnage qui est à la hauteur des saints parents de sainte Thérèse, de l'enfant Jésus et de la Sainte Face, les saints Louis et Zélie Martin qui vivent exactement la même chose, une vie spirituelle, une vie de famille, une vie professionnelle avec de la charité et sans être obnubilé par les questions de l'argent. Vous avez là au milieu de vous une magnifique figure qui peut vous aider à avancer dans votre propre vie, qui vous dit combien l'Évangile c'est possible. Toute chose égale par ailleurs, nous pourrions dire l'équivalent pour sainte Bernadette à Lourdes. Voyez-vous, frères et sœurs, je prie avec vous pour qu’il agisse au milieu de vous, par son intercession, pour qu'il y ait des miracles, que vous ayez vous aussi de saints laïcs au milieu de vous. Je ne crois pas que Dieu choisisse ses messagers par hasard.

 

2) Premières apparitions

 

Chers amis, cette seconde partie est extrêmement dense et il y aurait beaucoup à dire. J'ai choisi de mettre l'accent sur le fort désir d’Yvon Nicolazic de beauté, de ressentir la présence de Dieu. Il n'y a pas de vie spirituelle sans l'expérience de ce désir. Yvon en a conscience et il est capable de les repérer, de le nommer, et de lui donner un contenu qui n'est pas petit. Son désir, c'est Dieu, la sainte Vierge et Madame sainte Anne, excusez du peu.

C’est là un vrai critère d'authenticité. Vouloir tout. Saint Ignace, qui a fondé les jésuites, a beaucoup travaillé cette question du désir. Et sainte Thérèse de l’enfant Jésus et de la sainte face, a écrit elle-même qu'elle désirait tout. C’est pour cela que sa vocation, ce serait d'être l'amour. Parce que l’amour est au cœur de toutes les vocations, comme un cœur qui bat et qui irrigue tout le cœur de l'Église. Enfin, deux critères accompagnent la conviction d’Yvon que ce qu’il vit, c’était juste. Se sentir en paix et la conviction que l'apparition de sainte Anne était la vérité. Le sentiment de paix, la paix intérieure et la conviction que c'était la vérité. En effet, quand Dieu passe dans une vie, cela s'accompagne très souvent de la certitude, simultanée, que c'est bien Dieu qui parle, que c'est bien Dieu qui passe avec l'action qu'il a menée dans le cœur de la personne. Quand on écoute ceux qui sont visités, cette certitude vient en même temps.

Lorsque Dieu passe dans une vie, c'est un fruit de consolation, un fruit de pacification, un fruit d'unité intérieure. Ce sont des indices très forts d'authenticité. Le nouvel évêque de Vannes qui est arrivé à ce moment-là, dans les 3 4 ans qui suivront, devra faire un procès, et manifestement, il n'a pas eu de doutes lui non plus.

 

3) Une mission contrariée

 

Nous posons maintenant notre regard sur le recteur Sylvestre Rodoué. C'est un bon prêtre. Il aime sincèrement sa paroisse, du moins sa réputation, et puis son paroissien le plus fidèle Yvon. Mais il n’est pas prêt à accueillir son récit et la demande qui va avec : « relever la chapelle en l'honneur de sainte Anne ». En bon prêtre, si j'ose dire, loin de s'enthousiasmer, il va être prudent, pour ne pas dire méfiant, quitte à se mettre en colère. J'avoue qu'aujourd'hui encore se présentent parfois aux prêtres, voire à l'évêque, des personnes qui disent avoir eu des visions. Et leur premier réflexe demeure la prudence. Le Vatican lui-même récemment, vient de publier 6 critères pour classifier ces événements dits surnaturels. Je vous donne le premier et le sixième.

Le premier des critères qui valide ce qui s’est passé est le suivant, du moins c'est un ensemble de critères. Il faut la reconnaissance des signes d'une action de l'Esprit Saint (à savoir la qualité des témoins), l'absence d'erreur doctrinale, le caractère imprévisible du phénomène, et les fruits de vie chrétienne chez la personne qui a bénéficié de l'action de l’Esprit Saint. Ecoutez, moi quand je lis ça et que je compare à ce qu'a vécu Yvon Nicolazic, c'est la même chose, il n’y a pas de doute.
Et puis le 6e critère, qui est pour dire ce qui ne va pas. Tout d'abord, il y a des erreurs manifestes, des erreurs doctrinales, des intérêts personnels, de l'immoralité, des falsifications manifestes, voire de la mythomanie. Aucun culte n’est à encourager dans ces cas-là. Vous voyez que ce n'est pas du tout ce qu'a vécu notre paysan Yvon Nicolazic, non seulement lui, mais aussi Louis, son beau-frère, et puis d'autres qui ont vu les mêmes choses que lui. Nous sommes bien dans une vie chrétienne, et certainement que le nouvel évêque, bénéficiant aussi de la sagesse de l’Eglise, a senti les vérités de ce qui se vivait là. Ainsi donc, encore aujourd'hui, l'Église reconnait que Dieu intervient directement en ce monde. Mais elle l’affirme à partir de critères objectifs que sont la fidélité à l'Évangile et la qualité de vie des témoins. Le nouvel évêque d’Yvon, je l'ai dit, a fait, son travail. Il a reconnu que c'est bien cela qui a été vécu. Heureux êtes-vous d’avoir avoir bénéficié de cela, ici-même à Sainte-Anne-d’Auray.

 

4) Le miracle

 

Ce 4e récit attire notre attention sur le cas de la découverte de la statue de sainte Anne. On nous a rappelé le contexte : le clergé qui n'y croit pas. De plus, son berger, le Père Jean en particulier, et aussi le Père Sylvestre. joue d'arguments qui n'ont rien de théologique ou de spirituel. Mais il s'appuie sur le sentiment de la honte vécu par le clergé lui-même à vrai dire, qui a peur pour la réputation de sa paroisse, et donc de leur propre réputation. Alors ils déportent le sentiment chez Yvon.
Autre élément important : il faut des témoins, et pas seulement Louis le beau-frère.
Enfin, Yvon est un chrétien fidèle. Il consulte, il écoute, il rencontre aussi les pères Capucins à Auray, pas ci loin d'ici. Au moins, eux, ils ne le prennent pas pour un fou. Et si je me souviens bien de mes études, sainte Thérèse d'Avila elle-même, un siècle plus tôt, a écrit que dans l'accompagnement spirituel, il valait mieux des prêtres savants plutôt que de pieux prêtres. Cela vaut tout spécialement pour les événements qui nous ressemblent aujourd'hui. C'est au point que l’évêque se verra contraint de s'emmêler, comme on l’entend à la fin d’un des récits, de monter une commission, d'enquêter, de rencontrer les témoins, à commencer par Yvon, qui sera entendu plusieurs fois. Il est notable dans ce récit qu’Yvon met en œuvre le conseil qu'on lui a donné : avoir des témoins, ne pas être seul. Ça, c'est important en Eglise, ne pas être seul. Les événements de la foi, petits ou grands, ne peuvent se résumer à une expérience individuelle, au bout du bout, c'est toujours en Eglise que les événements de foi se vivent et sont reconnus par l'Église. Par l'Église, nous entendons bien sûr le peuple de Dieu tout entier, dont font partie aussi les prêtres et les évêques. 

 

5) Triomphe populaire

 

Voici donc, très chers frères et sœurs, que nous sommes arrivés au terme de ce parcours. Nous avons revisité l’histoire fondatrice de ce sanctuaire et je me permets de prendre un petit peu de hauteur pour y voir l'expression de la nature synodale de l'Église.

Qu’avons-nous vu, sinon une intervention divine chez un pieux laïc qui avait le sens de la justice sociale et un certain détachement par rapport à l'argent. Qu’avons-nous vu, sinon des membres du clergé qui ont été sollicités par le fidèle Yvon, mais qui ont résisté longtemps avant de reconnaître l'authenticité de ce qui se passait dans leur paroisse. Or ce schéma, intervention divine auprès d’un laïc, sollicitation du clergé et sa résistance (qui finit tout de même par reconnaître l'événement) et déploiement du sanctuaire avec leur soutien. Ce schéma, nous le connaissons bien. On le voit à Lourdes 250 ans plus tard. Mais figurez-vous, on le voit déjà dans l'Évangile. Souvenez-vous, dans l'Evangile de Jean, chapitre 20 : au moment de la résurrection, Jésus s'adresse à Marie-Madeleine, une laïque (on ne disait pas ça à cette époque, et c'est comme ça qu'on peut la considérer, même si c'est l'apôtre des apôtres, ça reste une femme laïque). Et elle a à charge d'aller voir les apôtres, « Va dire à mes frères, dit Jésus, que je suis monté vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Va leur dire donc que je suis bien vivant » Et donc elle y va. Et que font les Apôtres ? Ils résistent. Ils n'y croient pas, ils doutent et ils courent au tombeau pour vérifier si ce ce qu'elle a dit est vrai. Voyez, c'est toujours le même schéma. E au tombeau : certes, il est vide, mais aussi les linges sont pliés. Alors le plus jeune, celui qui est arrivé en premier mais qui regarde en dernier, il voit, il croit, parce que si jamais on avait fait un kidnapping de cadavres, on ne prend pas le temps de plier les linges. On vole le corps tout habillé si j'ose dire, et on s'enfuit, on ne reste pas longtemps sur place. Mais le doute existe encore et il faudra l'apparition de Jésus dans la journée au milieu de ces Apôtres, pour qu'ils soient convaincus de sa résurrection. Ainsi donc dès l’Evangile, vous avez la même structure que vous avez vécu ici et qu’on voit ailleurs.

Cette structure, lorsque tout le monde s'y met, alors ça prend un déploiement formidable. Avec les Apôtres, évidemment, c'est l'Église qui naît, les Apôtres et le don du Saint-Esprit, bien sûr. Et nous sommes là pour en témoigner. Avec Yvon, et lorsque le clergé change de de point de vue et reconnait ce qui s'est passé, brusquement le sanctuaire prend de l’élan. Et on le voit ailleurs.
Quand je parlais de démarches synodales, c'est cela que nous vivons, c'est cela qui se réfléchit encore à Rome au mois d’octobre pour la 2e session synodale sur le synode, sur la manière de vivre ensemble, de marcher ensemble, le peuple de Dieu tout compris. L'Église, ce n'est pas sans les laïcs, ce n'est pas non plus sans les prêtres ou l'évêque, c'est tous ensemble que nous pouvons la vivre, c'est tous ensemble que nous sommes cette Eglise. Et quand nous le sommes, alors les choses s’amplifient. Cela a été vécu il y a 400 ans sur votre bonne terre bretonne et il n’y a pas de raison que ça ne continue pas.

Ecouter l'homélie de Mgr Bruno Feillet (messe du 25 juillet 2024)

Grand Pardon 2024 – 25 juillet – messe de vigile

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Homélie de Mgr Bruno Feillet, évêque de Séez

Très chers frères et sœurs, nous sommes donc en la seconde année jubilaire qui vous amènera l'année prochaine à l'apothéose de ce triduum d'année pour le 400e anniversaire des apparitions faites à un paysan, que vous connaissez mieux que moi, Yvon Nicolasic. Cette seconde année nous amène à faire le passage entre la figure d'Anne, la mère de Marie, et Jésus lui-même. La lecture de cette messe évoque deux figures de la Bible qui portent le prénom de Anne. D'une part, la mère du prophète Samuel qui vient offrir à Dieu son fils unique qu'elle a eu au soir de sa vie (je vous invite à relire les 1er, 2e et 3e chapitre du livre de Samuel). Et puis Anne, la fille de Phanuel, qui a passé tout son temps elle-même au service du temple dans la louange, le jeûne et la prière. Ces 2 figures ont en commun d'avoir contribué à la gloire de Dieu, l'une en offrant un fils qui sera le grand prophète Samuel, l'autre en étant vraiment dans le temple et en consacrant tout son temps jusqu'à pouvoir y accueillir et y reconnaître le Messie qui vient. Il n'y a que la grand-mère de Jésus, qui se prénomme Anne elle aussi, mais qui n'est pas présente dans les Évangiles. Anne la Prophétesse, comme on dit, était trop âgée pour être la mère de Marie, la mère de Jésus.

 

En fait, Anne, l'épouse de Joachim, on la connait à travers des Évangiles qu’on appelle apocryphes : nous apprenons qu’Anne est l'épouse de joachin, et que Marie est aussi élevée en partie au temple où elle tisse le rideau du temple. Par ailleurs, nous savons que l’époux de la cousine de Marie, Élisabeth, est un prêtre au temple du Seigneur et fait partie de la tribu de Levy. Quand on considère d'une part l'ascendance sacerdotale du côté de la maman de la Vierge Marie, et puis l'ascendance royale du côté de l'époux de Marie, Joseph, on voit bien que Jésus récupère, Jésus accueille dans sa propre chair, dans son éducation, les deux grandes traditions d'Israël, la tradition sacerdotale, la tradition royale, et nous savons qu'il sera le grand prêtre et le grand roi, couronné d'épines certes, le grand prêtre qui offre sa vie pour chacun de nous. Et voilà, Jésus est celui qui récapitule en sa propre chair les deux grandes traditions d'Israël, pour ne pas parler de la troisième, puisqu'il est aussi le grand prophète, lui qui est la Parole de Dieu incarnée et qui dit avec justesse la Parole du Seigneur qu’il nous annonce.

En nous nous souvenant donc de l'ascendance de Jésus, nous percevons combien, s'il vient du ciel, il ne tombe pas du ciel comme un extraterrestre, si j'ose dire. Sa venue a été préparée. Il vient dans une histoire. Et c'est ce que nous apprend au fond la dévotion que nous avons pour sainte Anne. Jésus vient dans une histoire, et ça, c'est majeur. Et c'est pour cela que tout à l'heure, nous professerons dans le Credo qu’il est venu selon les Écritures, qu’il est mort selon les Écritures. C'est tellement important. La figure de sainte Anne est très souvent présentée comme présentant les Écritures à Marie, avec un doigt sur le Livre. C’est forcément le livre de la Première Alliance, ce que nous appelons l'Ancien Testament. Mais il y a toutes les ressources nécessaires qui ne sont pas si anciennes que cela et que Jésus va mettre en œuvre.

Très librement je me suis dit, quel texte Anne pouvait faire lire à sa fille, et je vous propose d'en choisir un parmi les très nombreux. Je suppose que tous mes prédécesseurs à cette place et tous mes successeurs en trouveront d'autres. Mais je vous propose celui-ci. Connaissez-vous l'histoire du patriarche Joseph ? Joseph, c'est le 11e fils de Jacob. Il a des visions, il est chouchouté par son père Jacob et il est haï par ses 10 premiers frères qui finissent par le vendre en esclavage. Je passe sur les péripéties. Mais il devient vice roi d'Égypte en étant celui qui a perçu qu'il y aurait 7 années d'abondance, qu'il va administrer, suivies de 7 années de pauvreté qu'il va gérer au mieux. Les Frères vont venir au cours des années de disette chercher du blé. Ils ne reconnaissent pas que  Joseph est le vice-roi. Joseph, lui, les reconnaît et il va mener un combat spirituel considérable, très difficile. Il a l'occasion de se venger et on voit bien dans le texte qu’il hésite. A un moment donné, il décide. Il décide de ceci : il se fait connaître à ses frères et il leur dit « N'ayez pas peur, car si je suis ici, c'est parce que c'est Dieu qui m'a envoyé en avant de vous pour qu'aujourd'hui vous ayez la vie ». Quelle relecture, quel courage de choisir cela ! Jésus, c'est celui qui est envoyé en avant de nous, par-delà la mort, pour que nous ayons la vie et la vie éternelle. Vous voyez bien comment Jésus est celui qui accomplit l'écriture. La fête de la mère de Marie, que nous fêtons aujourd'hui ici à Sainte-Anne-d’Auray, nous permet d'une certaine façon, de fêter un Dieu qui nous aime au point d'aimer l'histoire de notre humanité, au point de s'y incarner, au point de l'accomplir, non pas, comme je l'ai dit, en tombant du ciel, mais en venant du ciel, ou plus précisément, comme disait un des enfants que j'avais au catéchisme, en fait c'est pas tant qu'il vient du ciel, il vient du Père (des enfants sont capables de redire ça). Jésus est venu ouvrir notre humanité pour la sanctifier, pour lui ouvrir les yeux sur notre potentiel et lui ouvrir un avenir qu'aucun d'entre nous n'oserait réclamer comme un droit. Alors sainte Anne, que nous vénérons tout spécialement en cette année anniversaire où elle révèle le nom de sa fille Marie, est un maillon de cette révélation. Béni soit Dieu pour sainte Anne, la grand-mère de Jésus, avant-dernière étape de l'avènement du Messie.

Grand Pardon 2024 – 25 juillet – vêpres

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Homélie de Mgr Bruno Feillet, évêque de Séez

Frères et sœurs, nous sommes venus ici vivre le Grand Pardon de Sainte-Anne-d’Auray, de la mère de Marie, sainte patronne de la Bretagne, des Bretons plus encore. J'avoue que c'est pour moi une très grande joie de venir le faire pour la première fois et de le faire comme évêque, à la demande de votre évêque, Mgr Raymond Centène.

 

Sainte Anne est pour moi une figure imminente de notre foi, parce qu'elle a su accueillir Marie comme un don exceptionnel et elle ne l'a pas abîmée. Elle a su la faire grandir, lui permettre de déployer la grâce qui lui a été faite, d'être née immaculée. Ça ne dépendait pas d’Anne et de Joachim, c'est une grâce par anticipation du Fils de Dieu, qui lui a été faite, à Marie. Comme mère, comme éducatrice, avec son mari Joachim, sainte-Anne a su aider Marie à préserver le don qui lui a été fait. Car être née l’Immaculée Conception, ça ne vous met pas dans une bulle qui vous protège de tout. Mais elle a su, avec la grâce de l'Esprit-Saint, qui lui sera donné sans doute plusieurs fois au cours de sa vie, elle a su préserver la grâce qui lui a été faite. Et sans doute parce que bien élevée, bien éduquée, par sa mère Anne, Marie a su affronter toutes les épreuves qu'elle a dû affronter, en particulier le glaive qui lui transpercera le cœur le jour de la mort de son fils, lorsqu'elle sera, fidèle parmi les fidèles au pied de la croix. Nous sommes comme sante Anne et de Joachim, comme Marie, de la descendance d'Abraham. Nous avons reçu cette capacité de recevoir les dons de Dieu, de ne pas les abîmer et de pouvoir les faire grandir dans le cœur de ceux que nous aimons. Puisse cette capacité se déployer en chacun de nous.

 

 

Vêpres pontificales du 26 juillet 2023

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Homélie de Mgr Michel Cartatéguy, archevêque émérite de Niamey (Niger)

Hier au soir aux premières vêpres, nous avons médité sur le départ d’Abraham à l’invitation de Dieu qui lui disait « Pars ». Ce soir après ces deux jours intenses de pèlerinage que chacun de nous entende « Pars ».

 

° Pars ! en ayant délaissé les entraves qui t’empêchent de marcher librement sur la route.

 

° Pars ! comme Abraham, avec l’espérance chevillée au corps que la promesse de Dieu se réalisera, celle de voir toutes les familles de la terre bénies.

 

° Pars ! comme Yvon Nicolazic sous le regard protecteur et maternel de Madame Sainte Anne dans l’espérance de voir que l’impossible se réalisera, avec le concours des uns et des autres parce que la solidarité des croyants qui unit leur force atteindra le but espéré.

 

° Pars ! avec la conviction et la passion de ceux et celles qui se sont convertis au témoignage de ceux et celles qui se sont rassemblés pour accueillir la Parole de Dieu et qui les a transformés.

 

° Par ! là où le Seigneur t’appelle, de ton intériorité à celle du monde et de l’Eglise pour les servir en disciples missionnaires.

 

° Pars !  Et marche sur la route, guidée par la flamme de sainte Anne qui éclairera la direction, sûr qu’elle te mènera là où est Jésus, lui qui vivant maintenant et pour les siècles. Amen.

Messe du 26 juillet 2023

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Homélie de Mgr Michel Cartatéguy, archevêque émérite de Niamey (Niger)

Chers frères et sœurs, je suis très heureux d’être en Bretagne, cette terre qui a donné tant de missionnaire pour tous les continents et spécialement pour l’Afrique.

 

Ces missionnaires, habités par une foi chevillée au corps comme fut la foi d’Yvon Nicolazic, ont souvent mis les communautés chrétiennes naissantes sous le haut patronage de sainte Anne, non par chauvinisme mais conviction. Ils étaient persuadés qu’ainsi, les communautés se développeraient en abondante moisson du Royaume.

 

Je suis heureux d’être ici également, dans ce pays pour entendre votre proverbe que j’apprécie et où le basque que je suis se reconnaît « namiet ur feiz, namiet ur yezh, namiet galon » « une seule foi, une seule langue, un seul cœur, ».

 

Je suis heureux de cheminer avec vous sur la route du jubilé de 2025 qui célèbrera le 400 ème anniversaire des apparitions de sainte Anne à Yves Nicolazic.

 

Il est heureux de se mettre en route comme les milliers de jeunes le sont sur les chemins de France et qui convergent tous à Lisbonne pour les Journées Mondiale de la Jeunesse.

 

Comme Marie, ils se sont levés et sont partis en hâte. Avant leur départ, le Pape François leur a demandé : « allez rendre visite à vos grands parents, leur prière vous aidera et vous porterez dans votre cœur la bénédiction de cette rencontre. »

 

Et aux grands parents, le Pape leur a dit : « je vous demande d’accompagner ces jeunes par la prière. Ces jeunes sont le fruit de ce que vous avez semé, le signe que Dieu n’abandonne pas son peuple, mais qui le rajeunit toujours avec l’imagination de l’Esprit-Saint. »

 

Ces paroles du Pape résonnent bien en ce lieu dédié aux grands parents de Jésus. Nous sommes en communion fraternelle avec tous ces jeunes de Lisbonne comme ils le sont avec nous.

 

A Lisbonne, les jeunes sont invités à regarder Marie comme « modèle de foi », et nous, nous sommes conviés à regarder Anne comme « modèle d’espérance ». Il y a bien sur un lien très fort entre Marie et sa mère Anne comme il y a un lieu très profond entre Foi et Espérance.

 

Votre Père Evêque, que je salue fraternellement, vous a encouragé à approfondir et à faire rayonner l’espérance, puisée en Dieu, en prenant comme modèle de l’espérance, sainte Anne, en cette première année préparatoire au grand jubilé.

 

Que peut-on dire de l’Espérance ?  L’espérance n’est pas un optimisme béat, un tranquillisant pour s’évader de notre monde surtout lorsqu’il nous complique la vie. Ce n’est pas une échappatoire pour consoler les peureux et les angoissés.

 

L’espérance est une présence. Elle est une âme. Elle est une force. Elle est un souffle qui nous habite intérieurement comme il a habité le Christ. Saint Paul aux Hébreux 6,18 dit très justement « l’espérance c’est l’ancre ferme de notre âme ». Sur le rivage des terres bretonnes on connaît l’utilité et l’efficacité de l’ancre qui stabilise le bateau contre vents et marées.

 

Espérer. C’est oser la confiance. Confiance au Christ qui nous a promis d’être à nos côtés tout au long de notre vie et confiance en nous-mêmes, sûrs, que grâce à cette collaboration fraternelle avec le Christ aboutira à affronter toutes les vicissitudes de la vie et à construire un monde de bonheur que nous souhaitons.

 

Sainte Anne rencontrant Yvon a osé cette confiance. Elle s’adresse à un homme plein de foi, plein de Dieu, en qui elle met toute son espérance pour bâtir une église. Et c’est grâce à la collaboration étroite de sainte Anne, d’Yvon et de bien d’autres que l’œuvre se réalisera. Nous avons tous appris la prière d’actes d’Espérance. Dans cette prière il est dit « d’affermir la confiance en celui qui nous donne une vie nouvelle ».

 

Espérer c’est oser prendre des risques. Abraham, le père des croyants que nous avons évoqué à plusieurs reprises hier et qui sera évoqué encore ce soir aux Vêpres, prend le risque de perdre son fils en faisant confiance en Dieu. Dieu qui lui a donné un fils dans sa vieillesse veut le reprendre aussitôt, de façon étrange. Malgré les réactions inattendues de Dieu, le vieux patriarche ose lui faire totalement confiance.

 

C’est la confiance accordée par sainte Anne à Yvon. Elle prend le risque de s’adresser à un homme pauvre qui n’a ni talent, ni argent pour réaliser son œuvre mais qui sait que la droiture de la vie d’Yvon réalisera l’impossible.

 

Espérer. C’est oser aller vers des horizons inconnus avec ce que cela comporte d’imprévu. Yvon va parler au nom de la Dame Sainte Anne mais les autorités religieuses de l’époque ne le croiront pas et le traiteront de fou. Qu’importe ! il continuera à parler, sûr que sainte Anne ne peut pas le tromper, ni le mettre à l’épreuve de l’illusion.

 

Si Yvon a connu les obstacles provenant de ses proches, des milliers de famille en errance font l’expérience de ces mêmes obstacles de ne pas être reçus, accueillis, compris, aimés.

 

Poussés par la misère des pays d’extrême pauvreté, elles prennent les routes de l’exode à travers mer et désert pour un mieux-être mais l’indifférence, la haine et la violence freinent leur marche.                                                                                                      

Sainte Anne est modèle d’Espérance parce qu’elle fait confiance en prenant des risques et en allant vers des horizons inconnus avec la certitude que Dieu l’accompagne.

 

Qu’il en soit de même pour chacune et chacun de nous et pour notre Eglise.

 

Sainte Anne, modèle de l’Espérance, conduit les pèlerins d’espérance que nous sommes vers Jésus, maintenant et pour les siècles. Amen.

Veillée du 25 juillet 2023

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Commentaires de Mgr Michel Cartatéguy, archevêque émérite de Niamey (Niger)

1) Un paysan breton

 

« Je marche en regardant les arbres, les champs, les pâturages, tous ces dons que Dieu nous a fait. »

 

Le Pape en voyage pastoral au Canada l’an passé, a médité sur la création sur les rives du lac Sainte-Anne. Ce lac est un lieu de pèlerinage relancé par un missionnaire breton Jean Marie Lestanc en 1899 qui avait passé quelques jours ici à Sainte-Anne-d'Auray et qui avait reçu comme mission de redonner courage aux missionnaires découragés auprès des autochtones canadiens.

 

Sainte Anne a cette force tranquille pour redonner vigueur aux genoux qui fléchissent sous le poids des difficultés de la vie.

 

En admirant la beauté du lac Sainte-Anne, assis sur sa chaise roulante, le Pape dans sa médiation se disait : « Combien de cœurs sont arrivés ici, anxieux et essoufflés, appesantis par les fardeaux de la vie, et ont trouvé près de ces eaux la consolation et la force pour aller de l’avant ! »

 

Ce soir, écoutons le battement des cœurs de la création, ces cœurs meurtris par la pollution de nos intérêts égoïstes qui défigurent les richesses de la création, reçues comme un don suprême.

 

Merci Yvon de nous rappeler ce soir le respect que nous devons à cette création qui nous fait vivre.

 

Le proverbe africain a raison de dire : « C’est seulement lorsqu’on porte l’eau que l’on boit que l’on connaît la valeur de chaque goutte. »

 

2) Premières apparitions

 

« Tout cela me paraissait impossible ». Yvon est-il découragé devant l’ampleur de la demande ? Il lui semble qu’il n’a rien pour construire cette chapelle, ni talent, ni savoir, ni argent.  

 

Effectivement, seul on ne peut rien, seul on n’est rien, seul on ne fait rien, seul on ne vit rien. Yvon disait que lorsqu’il était seul, il était « troublé. »  

 

Si la solitude sociale engendre la paralysie de la volonté de vivre, combien plus la solitude dans la vie de foi peut nous mettre en danger. On ne vit pas sa foi solitairement mais solidairement.  

 

Aujourd’hui nous constatons que notre société donne plus de valeur à l’individu qu’à la famille ou à la communauté, même si celui-ci est connecté à tous les réseaux qui le mènent jusqu’au bout de la terre.

 

Merci Yvon pour la spontanéité avec la quelle tu es allé voir ton recteur pour trouver auprès de lui un appui, un ami, un frère.

 

Fais que nous ayons l’audace d’entrer en relation avec les autres. Nous sommes famille, nous sommes communion, nous sommes corps car ensemble nous sommes toujours plus forts dans la foi comme dans la vie.

 

Le proverbe africain a raison de dire : « que seul on va vite mais qu’ensemble on va loin ».

 

 

3) Une mission contrariée

 

Yvon est déçu par l’accueil du Recteur. « Visiblement, il m’avait pris pour un fou ».

 

Il est vrai que chacun de nous aurait réagi comme le Recteur. Prudent, on ne peut pas adhérer à une annonce céleste sans douter de l’équilibre de la personne qui la porte. 

 

Quand Bernadette est allée voir son Curé à Lourdes pour lui dire que Marie lui avait parlé, n’a-t-il pas eu la même réaction d’inquiétude et même d’ironie ?

 

Quelle écoute portons-nous à ceux qui viennent à nous, pour partager leur vécu, leur foi, leur préoccupation de vie, leur désir de bonheur ?

 

Je pense en ce moment au roi Salomon qui n’avait pas demandé la richesse ou la puissance pour régner mais qui avait demandé un cœur qui écoute.

 

L’écoute est le premier degré de l’amour. Sans une vraie écoute, il n’y a pas d’amour dans la relation à Dieu et dans la relation interpersonnelle. Un cœur qui écoute, c’est un cœur qui se laisse façonner par la Parole de Dieu.

 

Ecouter, c’est s’ajuster à la volonté de Dieu et par conséquent ajuster sa Parole à la parole de l’autre qui veut s’exprimer en toute confiance.

 

Un cœur qui écoute dans une démarche spirituelle comme celle que nous faisons ce soir, c’est un cœur qui se laisse modeler par le cœur de Jésus.

 

Ecouter c’est entrer entièrement dans l’expression de l’autre sans préjugés et sans porter de jugement, vides de nos certitudes et de nos savoirs.

 

Merci Yvon pour la détermination avec laquelle tu tiens ferme à ta mission grâce à l’appui de sainte Anne qui te garde dans l’espérance que tout est possible.

 

Le proverbe africain a raison de dire : « Ce n’est pas l’oreille qui écoute, c’est le cœur. » 

 

4) Le miracle

 

« Les Pères m’ont écouté avec patience, ils ne m’ont pas traité de fou » 

 

N’est-ce pas un miracle ? Miracle de passer du refus de la parole de l’autre à l’acceptation. C’est le miracle de l’écoute.

 

L’écoute est féconde pour celui qui est écouté comme pour celui qui écoute. A partir de ce moment- là, tout s’enchaîne, tous les obstacles tombent.

 

Des signes sont donnés pour donner crédit à la parole d’Yvon et surtout à l’intention de sainte Anne.

 

Tous ceux et celles qui sont contactés par Yvon sont convaincus et désirent collaborer chacun à leur manière à la réalisation de la mission d’Yvon. Les voisins, le propriétaire, le beau-frère, Louis, et bien d’autres…  Tous prennent la même direction de Bocenno. La mission de l’un devient la mission de tous.

 

Merci Yvon de nous donner cette image de l’Eglise où tout le monde concourt à donner vie à la présence divine. Que de monde dans ce récit ! Alors qu’Yvon était seul avec Sainte Anne au début de son aventure spirituelle, le voici maintenant avec une foule.

 

Le proverbe africain des ancêtres a raison de dire : « Quand le rythme du tam-tam change, les pas de danse changent. »

 

5) Triomphe populaire

 

Le Recteur et l’Evêque sont les derniers à croire. Qu’importe ! l’important c’est qu’ils y ont cru.

 

Il n’y a pas de premier ni de dernier dans l’aboutissement d’un chemin de foi. D’ailleurs il se pourrait que les premiers soient les derniers et les derniers soient les premiers.

 

Ceux qui sont arrivés au tombeau de Jésus après sa mort, ont chacun eu leur propre cheminement pour croire. Après l’affolement de Marie Madeleine, ce fut l’aveuglement de Pierre pour finir avec le grand amour de Jean qui vit et crut. Et pourtant chacun d’eux avait le même signe.

 

Ce soir, nous avons le même signe, La flamme de Madame Sainte Anne, celle qui avait illuminé certes la maison d’Yvon mais surtout son intériorité.

 

Que cette flamme transmise de génération en génération atteigne nos vies intérieures que l’on soit en première ligne de cette procession ou en dernières positions Elle nous atteindra si nous prenons la même direction vers l’endroit où la lumière disparaitra, mais là, où elle ne s’éteindra jamais.

 

Le proverbe africain a raison de dire que « ceux qui vont dans la même pirogue ont le même désir. » Amen.

Messe du 25 juillet 2023

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Homélie de Mgr Michel Cartatéguy, archevêque émérite de Niamey (Niger)

L'Évangile que nous venons d'entendre dit "lorsque les parents entrèrent au Temple, il y avait aussi une femme prophétesse". Aussi. Ça veut dire qu'il y avait une autre personne. Effectivement, vous connaissez ce passage de l'Ecriture, il y a Siméon et Anne. Tous les deux ont une longue expérience dans leur relation avec Dieu. Et je voudrais en quelques mots comparer Siméon et Anne. Tous les deux, avec leur cheminement propre, sont habités par l'esprit de Dieu.

 

On dit de Siméon qu'il est vieux, sans trop le savoir d'ailleurs. Toute sa vie, il a été dans l'attente, une attente active, loin de la monotonie des jours. Dans le métro à Lyon, j'ai vu une affiche qui disait "Vous qui êtes dans le train-train de la vie" et quelqu'un au passage, avait barré "le train-train" pour mettre "l'entrain". Et ça devenait "vous qui êtes dans l'entrain". C'est autre chose, être dans l'entrain, c'est un mot de la dynamique, de la vitalité, de l'espérance. Siméon n'a pas attendu dans le train-train de la vie, mais dans l'entrain de la vie de tous les jours. Et c'est ainsi qu'il a appris que Dieu ne vient pas dans les événements extraordinaires, mais dans chaque événement lorsqu'ils sont vécus avec amour. Ainsi, Siméon n'est pas usé par le temps, mais il use son temps à être à l'affût de la nouveauté. Son cœur, tourné vers Dieu, ne s'éteint pas avec l'âge, bien au contraire, sa flamme se ravive. Ses yeux pétillent et ses mains s'ouvrent en voyant se réaliser la promesse de l'Esprit Saint. Sa patience a été récompensée.

 

Un proverbe saharien-touareg dit que "au bout de la patience, il y a le ciel". Syméon en fait l'expérience. Et je pense ici à la patience d'Yvon Nicolazic qui a du contré tous les obstacles qui se présentaient devant lui alors qu'il avait une mission à réaliser, une mission confiée par sainte Anne. Et le premier obstacle, c'est lui-même lorsqu'il pense qu'il est incapable, faute de talent et d'argent, de réaliser ce que sainte Anne demande. Beaucoup de prophètes ont ressenti l'illusion de cette incapacité personnelle. Puis il y a des obstacles de ses proches très sceptiques : le recteur, les prêtres, l'évêque et bien d'autres. Mais rien n'y fait. Yvon rend espérance et sûr de réaliser sa mission avec l'aide même de celle qui lui confie la mission, Madame Sainte Anne.

 

Anne, on sait qu'elle est vieille, on l'a dit dans la lecture. C'est une femme d'expérience. La vie ne lui a pas fait de cadeau. Veuve quelques années après son mariage, elle a dû trimer pour vivre. Aujourd'hui, elle s'est consacrée entièrement au Seigneur. Elle ne s'éloignait pas du Temple, dit le texte, servant Dieu jours et nuits dans le jeûne et la prière. Anne, devant la famille de Jésus, est différente de Siméon. Anne ne parle pas d'elle. Elle ne reçoit pas d'enfant dans ses bras. Elle ne prophétise pas sur la vie de Marie, mais tous son être se concentre sur Jésus, en le louant d'abord et en le proclamant ("elle parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem"). À 84 ans, elle est encore missionnaire de la bonne nouvelle, là où elle est, parmi les siens. Elle ne gémit pas sur son corps usé. Mais elle ravive la flamme de son cœur au contact de Jésus. Ella a mis Jésus au centre de sa vie, pour le peu de temps qui lui reste à vivre, et en mettant Jésus au centre de sa vieillesse, elle met Jésus au centre de sa louange. Elle ne quittait plus le Temple parce que c'est la maison de Dieu. Elle ne veut plus quitter la présence de Celui qui la fait vivre. Anne servait dans la prière. Elle ne passait pas son temps à prier., mais à servir Dieu par la prière. 

 

Servir Dieu, c'est bien là notre vocation. Chers frères et soeurs, et spécialement vous les aînés que je vois devant moi, nous sommes reconnaissants pour votre prière, non dans le train-train du quotidien, mais dans l'entrain de votre foi qui donne à la mission de l'Église toute sa saveur et sa crédibilité. Amen.

Premières vêpres (25 juillet 2023)

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Homélie de Mgr Michel Cartatéguy, archevêque émérite de Niamey (Niger)

(Ac 3, 24-25)

 

« En ta descendance, toutes les familles de la terre seront bénies » C’est la promesse de Dieu à Abraham. Nous sommes familiers de l’histoire d’Abraham, le Père des Croyants.

 

La première parole de Dieu à Abraham fut : « Pars ». Pars de ton pays, de ta famille et de ta maison… c’est-à-dire pars de toi-même vers Celui qui t’appelle et qui te montrera la mission à laquelle tu dois te consacrer. Détache-toi de tout ce qui te retient pour l’aventure que Dieu te propose.

 

Abraham qui accueille cette parole a déjà 75 ans, l’âge où l’on est plus à l’aise dans une activité plus reposante que celle de marcher sur les routes incertaines.

 

Abraham n’a aucune certitude de ce qu’il attend. Il fait confiance comme il lui fera confiance lorsque Dieu lui promet une descendance à 99 ans. Sara avait raison de rire.

 

Dieu appelle à tout âge et à tout moment. Yvon Nicolazic en fait l’expérience, lui qui était comme Abraham un homme juste et généreux. Le jour où sainte Anne lui apparait pour lui demander l’impossible, Yvon n’a pas rechigné longtemps, il s’est détaché de tout ce qui faisait sa vie de fermier pour se consacrer entièrement à la mission qui lui était demandée.

 

Dieu avait béni Abraham et par héritage Dieu bénit Yvon comme il bénit aujourd’hui chacun de nous lorsque nous sortons de nous-mêmes pour être au service de la mission du Christ. Amen.

Grand Pardon 2022 - Messe du 26 juillet

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Homélie de Mgr Jacques Habert, évêque de Bayeux et Lisieux

Pour écouter cette homélie : cliquez ici.

 

Nous continuons ce matin notre chemin spirituel. Hier nous étions invités à la confiance à la persévérance sans lesquelles la vie chrétienne n’est pas possible. Comment ici ne pas imaginer Sainte Anne, la mère de Marie, participer à cette attente de ce petit reste d’Israël espérant la venue le Messie, alors que tout semblait si compromis en Palestine.

 

Combien de chrétiens à travers le monde sont eux aussi dans l’attente, dans l’espérance. La fragilité de notre Eglise nous convoque à cette espérance. C’est d’ailleurs une caractéristique des chrétiens que nous soyons dans l’attente, dans l’espérance du jour de Dieu. C’est ce que nous disons chaque dimanche à la messe : j’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir

 

Cette attitude intérieure, indispensable, doit néanmoins être accompagnée d’une autre conviction, à savoir que ce royaume de Dieu, à venir, il est déjà mystérieusement présent. Certes de façon incomplète, à l’état de germe dira le Concile Vatican II. Mais il n’est pas une espérance que nous ne pourrions jamais atteindre, sous peine de n’avoir de la vie chrétienne qu’une image trop virtuelle ou inaccessible.   

 

Le but de la vie chrétienne c’est la rencontre avec Dieu avec toutes les conséquences qu’elle induit. Et il nous faut redire avec force que cette rencontre avec Dieu est possible que fondamentalement elle est une joie, une bénédiction, une action de grâce, un émerveillement. Le message de Sainte Anne d’Auray nous le dit avec force. Ce sont des signes joyeux de cette présence que perçoit Yvon Nicolatiz et qui l’encouragent. Il le dit à plusieurs occasions alors qu’il s’interroge sur les phénomènes dont il est le témoin : je me sentais en paix dans la main du Seigneur explique-t-il. Et un peu plus loin : ses visites me donnaient une joie sans égale.

 

Ne perdons jamais cette joie initiale. Le pape François avec le premier texte important de son pontificat nous parle de la joie de l’évangile. En deux mots il a tout résumé.

 

Il arrive hélas trop souvent que nous, chrétiens, inquiets par l’état du monde, déstabilisés par la marche de l’Eglise et sa fragilité, nous sombrions dans une attitude intérieure où le ressentiment, le défaitisme, voir la critique permanente ou le soupçon font leur œuvre. Etre chrétien doit d’abord être source de paix, de joie, de sérénité paisible.


L’évangile de ce jour ne nous dit pas autre chose. C’est un des rares passages où nous entrons dans l’intimité intérieure de Jésus : À l’heure même, nous dit le texte, Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint, et il dit : Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits.

 

  • Comment ici ne pas penser à Yvon Nicolazic, où à Bernadette de Lourdes où aux enfants Barbedette à Pontmain.
  • Comment ne pas penser à tous ces petits, personnes malades, personnes âgées, personnes fragiles à qui les mystères du royaume sont annoncés.

C’est pour nous une invitation à une grande humilité. C’est dans la mesure où je serai réellement de ces petits que j’entrerai dans la connaissance de Dieu.

 

Et Jésus insiste, il redit à la fin de l’évangile combien cette connaissance révélée aux tout petits est source de joie : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous-mêmes voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.

Dirions-nous spontanément que nous sommes heureux d’être chrétien ? C’est une question déterminante. Vraiment je l’espère pour vous comme pour moi. Pouvons-nous redire avec Jésus : heureux les yeux qui voient ce que vous voyez, les oreilles qui entendent ce que vous entendez.

 

Et dès lors, nous portons cette question : qui donnera à voir, qui donnera à entendre à nos contemporains la bonne nouvelle de Jésus, qui donnera accès au royaume ?

 

Cette joie, ce bonheur ne sont pas l’insouciance ou la joie et le bonheur de ceux qui n’ont pas d’épreuves dans leur vie. Cette joie, ce bonheur sont à recevoir comme un don de Dieu sans oublier que nous sommes ici-bas en pèlerinage. Nous sommes en marche, et c’est le sens profond de la grande démarche synodale initiée par notre pape François.

 

Il veut que les catholiques, quel que soit leur état de vie, portés par la force de l’Eprit Saint, enseignés par la parole de Dieu déchiffrent ce que le Seigneur attend de nous. Mais nous ne pourrons le faire et le comprendre que si nous avons cette conviction profonde que nous sommes bien en pèlerinage. Ce synode portera des fruits missionnaire si c’est l’émerveillement de la foi que nous voulons porter à notre monde contemporain. 

La seconde lecture la lettre aux Hébreux nous en parle à sa façon :  Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait … car il attendait la ville qui aurait de vraies fondations, la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte. C’est la préfiguration de l’Eglise.

 

Est-ce que nous attendons cette ville avec de vraies fondations ? Est-ce que nous l’aimons, est-ce que nous voulons qu’elle advienne ?  Est-ce que nous collaborons avec Dieu qui en est le bâtisseur de l’architecte. Est-ce que nous croyons qu’elle est déjà mystérieusement présente ?

 

Pour conclure je voudrai revenir à l’évangile et faire allusion à deux grands saints.

 

Ce que tu as caché aux sages et aux savants tu l’as révélé aux tout petits. Voilà ce que le pape an Paul II venu ici, en 1996, disait au sujet de Sainte Thérèse de Lisieux, alors qu’il la reconnaissait docteur de l’Eglise en 1997.

 

Parmi les petits auxquels les secrets du Royaume ont été manifestés d'une manière toute particulière, resplendit Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face … Elle a fait resplendir en notre temps la beauté de l'Évangile ; elle a eu la mission de faire connaître et aimer l'Église, Corps mystique du Christ.


Voilà les deux grâces que nous pouvons demander au Seigneur :

  • Faire resplendi la beauté de l’évangile
  • Faire aimer l’Eglise.

Voilà une mission exaltante, qu’elle trouve nous des ouvriers disponibles.

Grand Pardon 2022 - Messe du 25 juillet

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Homélie de Mgr Jacques Habert, évêque de Bayeux et Lisieux

Pour écouter cette homélie : cliquez ici.

 

Nous sommes engagés ce soir et demain dans une démarche de pèlerinage, une sorte de retraite qui va nous donner de nous ouvrir au message des apparitions de Sainte Anne à Yvon Nicolazic. Ces faits se sont déroulés au XVII° siècle dans les lieux mêmes où nous sommes.

 

Pour cela nous aurons ce soir et demain la célébration de la messe et tout à l’heure, à la nuit tombante, la veillée avec la procession aux flambeaux.

 

Je vous propose qu’en cette année 2022, nous suivions une dynamique spirituelle, une dynamique intérieure, pour que nous recevions ce temps comme un temps de grâce, un temps d’espérance, un temps de conversion également. Nous en avons tous grandement besoin.

 

Venant cette année en pèlerinage nous portons des intentions de prière. Nous prions pour notre monde, notre Eglise, nos familles, nos proches.

 

L’intention principale que porte le sanctuaire cette année est celle de la paix. Chaque mois, le 25, le sanctuaire prie en effet pour la paix. Il nous faut recevoir cette intention avec intérêt :

  • Notre monde a besoin de paix / Notre pays a besoin de paix
  • Notre Eglise / Nos familles
  • Nous même nous avons besoin de paix.

Ce soir, pour nous aider à prier la parole de Dieu, comme à chaque messe, nous est donnée. Elle nous enseigne. Elle nous adresse un double appel que je voudrai déployer à la fois ce soir et aussi demain.

  • Le premier appel c’est celui de la persévérance, de la patience, de la confiance
  • Le second, j’y reviendrai demain, c’est celui de l’action de grâce, de l’émerveillement.

Les deux sont liés. C’est parce que j’aurai tenu bon dans la confiance, que je pourrai m’émerveiller.

 

Ce soir nous sommes invités à la persévérance, la confiance, l’abandon. C’est la parole de Dieu qui nous y invite. Que nous dit-elle ?

 

Dans la première lecture et dans l’évangile il est question d’une Anne, mais ne nous laissons pas piéger, il ne s’agit pas de sainte Anne, « notre » sainte Anne la mère de Marie.


La première Anne dont il est question dans le livre de Samuel est la Mère de Samuel. Nous sommes X siècles ans avant la venue de Jésus. Anne a supplié le Seigneur pour avoir un enfant, elle a été exaucée. Alors, pour remercier le Seigneur elle désire lui offrir son fils Samuel. Elle passe par l’intermédiaire du prophète Elie qui avait prié pour cet événement.

 

Cette attitude nous surprend aujourd’hui, retenons la démarche intérieure. Le seigneur m’a accordé un enfant je le lui rends, le texte se termine ainsi : alors ils se prosternèrent devant le Seigneur. Ce texte de l’ancien testament nous dit la grandeur de Dieu et sa souveraineté

 

Il est question d’une autre Anne dans l’évangile. Ici nous sommes au tout début de l’évangile. Les parents de Jésus, eux aussi sont dans l’action de grâce, ont présenté Jésus au temple.

 

Or, aux alentours de ce temple de Jérusalem se tient cette femme déjà âgée, Anne. Elle est, elle aussi, dans l’action de grâce, elle parle de l’enfant, elle proclame les louanges de Dieu car la délivrance d’Israël est arrivée par cet enfant. 

 

Ces deux Anne nous aident ce soir à entrer dans le pèlerinage. Elles nous invitent à la confiance. Elles nous invitent à mettre notre espérance en Dieu.

  • Anne la Mère de Samuel a été exaucée, son fils est né, elle a beaucoup prié à cette intention.
  • Anne de l’évangile a été aussi exaucée, elle a vu en l’enfant le salut d’Israël. Son attente n’a pas été déçue.

Chers frères et sœur, chers amis, en venant ce soir au sanctuaire de Sainte Anne d’Auray vous portez des prières, vous portez des attentes. La parole de Dieu vous / nous invite, à la foi.

 

Elle nous indique que la prière et tout spécialement la prière d’intercession demande de notre part : persévérance, abandon, confiance.

 

C’est bien cette expérience que fera Yvon. Lorsque qu’on pense aux apparitions dont il a bénéficié. On peut souligner sa patience et sa confiance, lui qui était un homme de prière. Tout ne s’est pas déployé en un instant. La première apparition en effet a eu lieu en août 1623 et la dernière en mars 1625. Pas moins de 19 mois ont été nécessaires pour révéler le message. Par sa patience, sa persévérance il permettra que le désir de Dieu soit réalisé : Dieu veut que je sois honorée ici, dira sainte Anne.

 

Vous permettrez que, comme évêque de Bayeux et Lisieux, je fasse ici une référence à sainte Thérèse. On parle peu de la dernière année de sa vie, ou plutôt des 18 derniers mois.  A partir de Pâques 1896, jusqu’en septembre 1897 jour de son entrée dans la vie Thérèse va connaitre une longue nuit de la foi. Elle a ces paroles incroyables : Jésus m’a fait ressentir qu’il y a véritablement des âmes qui n’ont pas la foi. Quelles paroles prophétiques pour notre société où cette nuit de la foi semble recouvrir notre continent qui vit sans Dieu. Nous en mesurons les conséquences si tragiques dans bien des aspects de la vie de notre pays. Nous risquons par là-même de perdre courage, de sombrer dans le désespoir.

 

Dans cette épreuve qui la frappe de plein fouet, Thérèse expérimente dans sa chair ce que signifie la patience, la persévérance, et l’abandon. Le plus beau est qu’elle veut vivre en communion avec les athées. Ce qui marque le plus c’est l’espérance qui continue de l’animer Thérèse alors qu’elle se sent engloutie dans de si épaisses ténèbres veut demeurer avec ses frères, elle veut prier pour eux et avec eux en demandant pardon au Seigneur. Elle nous donne ici un signe prophétique de patience et de persévérance.

 

Aucune vie chrétienne ne peut se construire sans cet enracinement dans la durée et la patience. C’est la grâce que nous demandons en ce début de pèlerinage.  

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