Sanctuaire de Sainte-Anne-d'Auray

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Le Grand Pardon

Grand Pardon 2024

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Votre halte au coeur de l'été 2024

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Pour la 5e année, le sanctuaire de Sainte-Anne-d'Auray et l'Académie de Musique et d'Arts Sacrés proposent un guide de l’été saintannois, avec un programme spirituel et culturel pour accueillir pèlerins et visiteurs (du 14 juillet au 25 août).

Qu’est ce qu’un Pardon ?

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Un « pardon » est une forme typiquement bretonne de pèlerinage et une des manifestations les plus traditionnelles de la foi populaire en Bretagne. 


Qu’est ce qu’un Pardon ?

Vêpres pontificales du 26 juillet 2023

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Homélie de Mgr Michel Cartatéguy, archevêque émérite de Niamey (Niger)

Hier au soir aux premières vêpres, nous avons médité sur le départ d’Abraham à l’invitation de Dieu qui lui disait « Pars ». Ce soir après ces deux jours intenses de pèlerinage que chacun de nous entende « Pars ».

 

° Pars ! en ayant délaissé les entraves qui t’empêchent de marcher librement sur la route.

 

° Pars ! comme Abraham, avec l’espérance chevillée au corps que la promesse de Dieu se réalisera, celle de voir toutes les familles de la terre bénies.

 

° Pars ! comme Yvon Nicolazic sous le regard protecteur et maternel de Madame Sainte Anne dans l’espérance de voir que l’impossible se réalisera, avec le concours des uns et des autres parce que la solidarité des croyants qui unit leur force atteindra le but espéré.

 

° Pars ! avec la conviction et la passion de ceux et celles qui se sont convertis au témoignage de ceux et celles qui se sont rassemblés pour accueillir la Parole de Dieu et qui les a transformés.

 

° Par ! là où le Seigneur t’appelle, de ton intériorité à celle du monde et de l’Eglise pour les servir en disciples missionnaires.

 

° Pars !  Et marche sur la route, guidée par la flamme de sainte Anne qui éclairera la direction, sûr qu’elle te mènera là où est Jésus, lui qui vivant maintenant et pour les siècles. Amen.

Messe du 26 juillet 2023

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Homélie de Mgr Michel Cartatéguy, archevêque émérite de Niamey (Niger)

Chers frères et sœurs, je suis très heureux d’être en Bretagne, cette terre qui a donné tant de missionnaire pour tous les continents et spécialement pour l’Afrique.

 

Ces missionnaires, habités par une foi chevillée au corps comme fut la foi d’Yvon Nicolazic, ont souvent mis les communautés chrétiennes naissantes sous le haut patronage de sainte Anne, non par chauvinisme mais conviction. Ils étaient persuadés qu’ainsi, les communautés se développeraient en abondante moisson du Royaume.

 

Je suis heureux d’être ici également, dans ce pays pour entendre votre proverbe que j’apprécie et où le basque que je suis se reconnaît « namiet ur feiz, namiet ur yezh, namiet galon » « une seule foi, une seule langue, un seul cœur, ».

 

Je suis heureux de cheminer avec vous sur la route du jubilé de 2025 qui célèbrera le 400 ème anniversaire des apparitions de sainte Anne à Yves Nicolazic.

 

Il est heureux de se mettre en route comme les milliers de jeunes le sont sur les chemins de France et qui convergent tous à Lisbonne pour les Journées Mondiale de la Jeunesse.

 

Comme Marie, ils se sont levés et sont partis en hâte. Avant leur départ, le Pape François leur a demandé : « allez rendre visite à vos grands parents, leur prière vous aidera et vous porterez dans votre cœur la bénédiction de cette rencontre. »

 

Et aux grands parents, le Pape leur a dit : « je vous demande d’accompagner ces jeunes par la prière. Ces jeunes sont le fruit de ce que vous avez semé, le signe que Dieu n’abandonne pas son peuple, mais qui le rajeunit toujours avec l’imagination de l’Esprit-Saint. »

 

Ces paroles du Pape résonnent bien en ce lieu dédié aux grands parents de Jésus. Nous sommes en communion fraternelle avec tous ces jeunes de Lisbonne comme ils le sont avec nous.

 

A Lisbonne, les jeunes sont invités à regarder Marie comme « modèle de foi », et nous, nous sommes conviés à regarder Anne comme « modèle d’espérance ». Il y a bien sur un lien très fort entre Marie et sa mère Anne comme il y a un lieu très profond entre Foi et Espérance.

 

Votre Père Evêque, que je salue fraternellement, vous a encouragé à approfondir et à faire rayonner l’espérance, puisée en Dieu, en prenant comme modèle de l’espérance, sainte Anne, en cette première année préparatoire au grand jubilé.

 

Que peut-on dire de l’Espérance ?  L’espérance n’est pas un optimisme béat, un tranquillisant pour s’évader de notre monde surtout lorsqu’il nous complique la vie. Ce n’est pas une échappatoire pour consoler les peureux et les angoissés.

 

L’espérance est une présence. Elle est une âme. Elle est une force. Elle est un souffle qui nous habite intérieurement comme il a habité le Christ. Saint Paul aux Hébreux 6,18 dit très justement « l’espérance c’est l’ancre ferme de notre âme ». Sur le rivage des terres bretonnes on connaît l’utilité et l’efficacité de l’ancre qui stabilise le bateau contre vents et marées.

 

Espérer. C’est oser la confiance. Confiance au Christ qui nous a promis d’être à nos côtés tout au long de notre vie et confiance en nous-mêmes, sûrs, que grâce à cette collaboration fraternelle avec le Christ aboutira à affronter toutes les vicissitudes de la vie et à construire un monde de bonheur que nous souhaitons.

 

Sainte Anne rencontrant Yvon a osé cette confiance. Elle s’adresse à un homme plein de foi, plein de Dieu, en qui elle met toute son espérance pour bâtir une église. Et c’est grâce à la collaboration étroite de sainte Anne, d’Yvon et de bien d’autres que l’œuvre se réalisera. Nous avons tous appris la prière d’actes d’Espérance. Dans cette prière il est dit « d’affermir la confiance en celui qui nous donne une vie nouvelle ».

 

Espérer c’est oser prendre des risques. Abraham, le père des croyants que nous avons évoqué à plusieurs reprises hier et qui sera évoqué encore ce soir aux Vêpres, prend le risque de perdre son fils en faisant confiance en Dieu. Dieu qui lui a donné un fils dans sa vieillesse veut le reprendre aussitôt, de façon étrange. Malgré les réactions inattendues de Dieu, le vieux patriarche ose lui faire totalement confiance.

 

C’est la confiance accordée par sainte Anne à Yvon. Elle prend le risque de s’adresser à un homme pauvre qui n’a ni talent, ni argent pour réaliser son œuvre mais qui sait que la droiture de la vie d’Yvon réalisera l’impossible.

 

Espérer. C’est oser aller vers des horizons inconnus avec ce que cela comporte d’imprévu. Yvon va parler au nom de la Dame Sainte Anne mais les autorités religieuses de l’époque ne le croiront pas et le traiteront de fou. Qu’importe ! il continuera à parler, sûr que sainte Anne ne peut pas le tromper, ni le mettre à l’épreuve de l’illusion.

 

Si Yvon a connu les obstacles provenant de ses proches, des milliers de famille en errance font l’expérience de ces mêmes obstacles de ne pas être reçus, accueillis, compris, aimés.

 

Poussés par la misère des pays d’extrême pauvreté, elles prennent les routes de l’exode à travers mer et désert pour un mieux-être mais l’indifférence, la haine et la violence freinent leur marche.                                                                                                      

Sainte Anne est modèle d’Espérance parce qu’elle fait confiance en prenant des risques et en allant vers des horizons inconnus avec la certitude que Dieu l’accompagne.

 

Qu’il en soit de même pour chacune et chacun de nous et pour notre Eglise.

 

Sainte Anne, modèle de l’Espérance, conduit les pèlerins d’espérance que nous sommes vers Jésus, maintenant et pour les siècles. Amen.

Veillée du 25 juillet 2023

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Commentaires de Mgr Michel Cartatéguy, archevêque émérite de Niamey (Niger)

1) Un paysan breton

 

« Je marche en regardant les arbres, les champs, les pâturages, tous ces dons que Dieu nous a fait. »

 

Le Pape en voyage pastoral au Canada l’an passé, a médité sur la création sur les rives du lac Sainte-Anne. Ce lac est un lieu de pèlerinage relancé par un missionnaire breton Jean Marie Lestanc en 1899 qui avait passé quelques jours ici à Sainte-Anne-d'Auray et qui avait reçu comme mission de redonner courage aux missionnaires découragés auprès des autochtones canadiens.

 

Sainte Anne a cette force tranquille pour redonner vigueur aux genoux qui fléchissent sous le poids des difficultés de la vie.

 

En admirant la beauté du lac Sainte-Anne, assis sur sa chaise roulante, le Pape dans sa médiation se disait : « Combien de cœurs sont arrivés ici, anxieux et essoufflés, appesantis par les fardeaux de la vie, et ont trouvé près de ces eaux la consolation et la force pour aller de l’avant ! »

 

Ce soir, écoutons le battement des cœurs de la création, ces cœurs meurtris par la pollution de nos intérêts égoïstes qui défigurent les richesses de la création, reçues comme un don suprême.

 

Merci Yvon de nous rappeler ce soir le respect que nous devons à cette création qui nous fait vivre.

 

Le proverbe africain a raison de dire : « C’est seulement lorsqu’on porte l’eau que l’on boit que l’on connaît la valeur de chaque goutte. »

 

2) Premières apparitions

 

« Tout cela me paraissait impossible ». Yvon est-il découragé devant l’ampleur de la demande ? Il lui semble qu’il n’a rien pour construire cette chapelle, ni talent, ni savoir, ni argent.  

 

Effectivement, seul on ne peut rien, seul on n’est rien, seul on ne fait rien, seul on ne vit rien. Yvon disait que lorsqu’il était seul, il était « troublé. »  

 

Si la solitude sociale engendre la paralysie de la volonté de vivre, combien plus la solitude dans la vie de foi peut nous mettre en danger. On ne vit pas sa foi solitairement mais solidairement.  

 

Aujourd’hui nous constatons que notre société donne plus de valeur à l’individu qu’à la famille ou à la communauté, même si celui-ci est connecté à tous les réseaux qui le mènent jusqu’au bout de la terre.

 

Merci Yvon pour la spontanéité avec la quelle tu es allé voir ton recteur pour trouver auprès de lui un appui, un ami, un frère.

 

Fais que nous ayons l’audace d’entrer en relation avec les autres. Nous sommes famille, nous sommes communion, nous sommes corps car ensemble nous sommes toujours plus forts dans la foi comme dans la vie.

 

Le proverbe africain a raison de dire : « que seul on va vite mais qu’ensemble on va loin ».

 

 

3) Une mission contrariée

 

Yvon est déçu par l’accueil du Recteur. « Visiblement, il m’avait pris pour un fou ».

 

Il est vrai que chacun de nous aurait réagi comme le Recteur. Prudent, on ne peut pas adhérer à une annonce céleste sans douter de l’équilibre de la personne qui la porte. 

 

Quand Bernadette est allée voir son Curé à Lourdes pour lui dire que Marie lui avait parlé, n’a-t-il pas eu la même réaction d’inquiétude et même d’ironie ?

 

Quelle écoute portons-nous à ceux qui viennent à nous, pour partager leur vécu, leur foi, leur préoccupation de vie, leur désir de bonheur ?

 

Je pense en ce moment au roi Salomon qui n’avait pas demandé la richesse ou la puissance pour régner mais qui avait demandé un cœur qui écoute.

 

L’écoute est le premier degré de l’amour. Sans une vraie écoute, il n’y a pas d’amour dans la relation à Dieu et dans la relation interpersonnelle. Un cœur qui écoute, c’est un cœur qui se laisse façonner par la Parole de Dieu.

 

Ecouter, c’est s’ajuster à la volonté de Dieu et par conséquent ajuster sa Parole à la parole de l’autre qui veut s’exprimer en toute confiance.

 

Un cœur qui écoute dans une démarche spirituelle comme celle que nous faisons ce soir, c’est un cœur qui se laisse modeler par le cœur de Jésus.

 

Ecouter c’est entrer entièrement dans l’expression de l’autre sans préjugés et sans porter de jugement, vides de nos certitudes et de nos savoirs.

 

Merci Yvon pour la détermination avec laquelle tu tiens ferme à ta mission grâce à l’appui de sainte Anne qui te garde dans l’espérance que tout est possible.

 

Le proverbe africain a raison de dire : « Ce n’est pas l’oreille qui écoute, c’est le cœur. » 

 

4) Le miracle

 

« Les Pères m’ont écouté avec patience, ils ne m’ont pas traité de fou » 

 

N’est-ce pas un miracle ? Miracle de passer du refus de la parole de l’autre à l’acceptation. C’est le miracle de l’écoute.

 

L’écoute est féconde pour celui qui est écouté comme pour celui qui écoute. A partir de ce moment- là, tout s’enchaîne, tous les obstacles tombent.

 

Des signes sont donnés pour donner crédit à la parole d’Yvon et surtout à l’intention de sainte Anne.

 

Tous ceux et celles qui sont contactés par Yvon sont convaincus et désirent collaborer chacun à leur manière à la réalisation de la mission d’Yvon. Les voisins, le propriétaire, le beau-frère, Louis, et bien d’autres…  Tous prennent la même direction de Bocenno. La mission de l’un devient la mission de tous.

 

Merci Yvon de nous donner cette image de l’Eglise où tout le monde concourt à donner vie à la présence divine. Que de monde dans ce récit ! Alors qu’Yvon était seul avec Sainte Anne au début de son aventure spirituelle, le voici maintenant avec une foule.

 

Le proverbe africain des ancêtres a raison de dire : « Quand le rythme du tam-tam change, les pas de danse changent. »

 

5) Triomphe populaire

 

Le Recteur et l’Evêque sont les derniers à croire. Qu’importe ! l’important c’est qu’ils y ont cru.

 

Il n’y a pas de premier ni de dernier dans l’aboutissement d’un chemin de foi. D’ailleurs il se pourrait que les premiers soient les derniers et les derniers soient les premiers.

 

Ceux qui sont arrivés au tombeau de Jésus après sa mort, ont chacun eu leur propre cheminement pour croire. Après l’affolement de Marie Madeleine, ce fut l’aveuglement de Pierre pour finir avec le grand amour de Jean qui vit et crut. Et pourtant chacun d’eux avait le même signe.

 

Ce soir, nous avons le même signe, La flamme de Madame Sainte Anne, celle qui avait illuminé certes la maison d’Yvon mais surtout son intériorité.

 

Que cette flamme transmise de génération en génération atteigne nos vies intérieures que l’on soit en première ligne de cette procession ou en dernières positions Elle nous atteindra si nous prenons la même direction vers l’endroit où la lumière disparaitra, mais là, où elle ne s’éteindra jamais.

 

Le proverbe africain a raison de dire que « ceux qui vont dans la même pirogue ont le même désir. » Amen.

Messe du 25 juillet 2023

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Homélie de Mgr Michel Cartatéguy, archevêque émérite de Niamey (Niger)

L'Évangile que nous venons d'entendre dit "lorsque les parents entrèrent au Temple, il y avait aussi une femme prophétesse". Aussi. Ça veut dire qu'il y avait une autre personne. Effectivement, vous connaissez ce passage de l'Ecriture, il y a Siméon et Anne. Tous les deux ont une longue expérience dans leur relation avec Dieu. Et je voudrais en quelques mots comparer Siméon et Anne. Tous les deux, avec leur cheminement propre, sont habités par l'esprit de Dieu.

 

On dit de Siméon qu'il est vieux, sans trop le savoir d'ailleurs. Toute sa vie, il a été dans l'attente, une attente active, loin de la monotonie des jours. Dans le métro à Lyon, j'ai vu une affiche qui disait "Vous qui êtes dans le train-train de la vie" et quelqu'un au passage, avait barré "le train-train" pour mettre "l'entrain". Et ça devenait "vous qui êtes dans l'entrain". C'est autre chose, être dans l'entrain, c'est un mot de la dynamique, de la vitalité, de l'espérance. Siméon n'a pas attendu dans le train-train de la vie, mais dans l'entrain de la vie de tous les jours. Et c'est ainsi qu'il a appris que Dieu ne vient pas dans les événements extraordinaires, mais dans chaque événement lorsqu'ils sont vécus avec amour. Ainsi, Siméon n'est pas usé par le temps, mais il use son temps à être à l'affût de la nouveauté. Son cœur, tourné vers Dieu, ne s'éteint pas avec l'âge, bien au contraire, sa flamme se ravive. Ses yeux pétillent et ses mains s'ouvrent en voyant se réaliser la promesse de l'Esprit Saint. Sa patience a été récompensée.

 

Un proverbe saharien-touareg dit que "au bout de la patience, il y a le ciel". Syméon en fait l'expérience. Et je pense ici à la patience d'Yvon Nicolazic qui a du contré tous les obstacles qui se présentaient devant lui alors qu'il avait une mission à réaliser, une mission confiée par sainte Anne. Et le premier obstacle, c'est lui-même lorsqu'il pense qu'il est incapable, faute de talent et d'argent, de réaliser ce que sainte Anne demande. Beaucoup de prophètes ont ressenti l'illusion de cette incapacité personnelle. Puis il y a des obstacles de ses proches très sceptiques : le recteur, les prêtres, l'évêque et bien d'autres. Mais rien n'y fait. Yvon rend espérance et sûr de réaliser sa mission avec l'aide même de celle qui lui confie la mission, Madame Sainte Anne.

 

Anne, on sait qu'elle est vieille, on l'a dit dans la lecture. C'est une femme d'expérience. La vie ne lui a pas fait de cadeau. Veuve quelques années après son mariage, elle a dû trimer pour vivre. Aujourd'hui, elle s'est consacrée entièrement au Seigneur. Elle ne s'éloignait pas du Temple, dit le texte, servant Dieu jours et nuits dans le jeûne et la prière. Anne, devant la famille de Jésus, est différente de Siméon. Anne ne parle pas d'elle. Elle ne reçoit pas d'enfant dans ses bras. Elle ne prophétise pas sur la vie de Marie, mais tous son être se concentre sur Jésus, en le louant d'abord et en le proclamant ("elle parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem"). À 84 ans, elle est encore missionnaire de la bonne nouvelle, là où elle est, parmi les siens. Elle ne gémit pas sur son corps usé. Mais elle ravive la flamme de son cœur au contact de Jésus. Ella a mis Jésus au centre de sa vie, pour le peu de temps qui lui reste à vivre, et en mettant Jésus au centre de sa vieillesse, elle met Jésus au centre de sa louange. Elle ne quittait plus le Temple parce que c'est la maison de Dieu. Elle ne veut plus quitter la présence de Celui qui la fait vivre. Anne servait dans la prière. Elle ne passait pas son temps à prier., mais à servir Dieu par la prière. 

 

Servir Dieu, c'est bien là notre vocation. Chers frères et soeurs, et spécialement vous les aînés que je vois devant moi, nous sommes reconnaissants pour votre prière, non dans le train-train du quotidien, mais dans l'entrain de votre foi qui donne à la mission de l'Église toute sa saveur et sa crédibilité. Amen.

Premières vêpres (25 juillet 2023)

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Homélie de Mgr Michel Cartatéguy, archevêque émérite de Niamey (Niger)

(Ac 3, 24-25)

 

« En ta descendance, toutes les familles de la terre seront bénies » C’est la promesse de Dieu à Abraham. Nous sommes familiers de l’histoire d’Abraham, le Père des Croyants.

 

La première parole de Dieu à Abraham fut : « Pars ». Pars de ton pays, de ta famille et de ta maison… c’est-à-dire pars de toi-même vers Celui qui t’appelle et qui te montrera la mission à laquelle tu dois te consacrer. Détache-toi de tout ce qui te retient pour l’aventure que Dieu te propose.

 

Abraham qui accueille cette parole a déjà 75 ans, l’âge où l’on est plus à l’aise dans une activité plus reposante que celle de marcher sur les routes incertaines.

 

Abraham n’a aucune certitude de ce qu’il attend. Il fait confiance comme il lui fera confiance lorsque Dieu lui promet une descendance à 99 ans. Sara avait raison de rire.

 

Dieu appelle à tout âge et à tout moment. Yvon Nicolazic en fait l’expérience, lui qui était comme Abraham un homme juste et généreux. Le jour où sainte Anne lui apparait pour lui demander l’impossible, Yvon n’a pas rechigné longtemps, il s’est détaché de tout ce qui faisait sa vie de fermier pour se consacrer entièrement à la mission qui lui était demandée.

 

Dieu avait béni Abraham et par héritage Dieu bénit Yvon comme il bénit aujourd’hui chacun de nous lorsque nous sortons de nous-mêmes pour être au service de la mission du Christ. Amen.

Grand Pardon 2022 - Messe du 26 juillet

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Homélie de Mgr Jacques Habert, évêque de Bayeux et Lisieux

Pour écouter cette homélie : cliquez ici.

 

Nous continuons ce matin notre chemin spirituel. Hier nous étions invités à la confiance à la persévérance sans lesquelles la vie chrétienne n’est pas possible. Comment ici ne pas imaginer Sainte Anne, la mère de Marie, participer à cette attente de ce petit reste d’Israël espérant la venue le Messie, alors que tout semblait si compromis en Palestine.

 

Combien de chrétiens à travers le monde sont eux aussi dans l’attente, dans l’espérance. La fragilité de notre Eglise nous convoque à cette espérance. C’est d’ailleurs une caractéristique des chrétiens que nous soyons dans l’attente, dans l’espérance du jour de Dieu. C’est ce que nous disons chaque dimanche à la messe : j’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir

 

Cette attitude intérieure, indispensable, doit néanmoins être accompagnée d’une autre conviction, à savoir que ce royaume de Dieu, à venir, il est déjà mystérieusement présent. Certes de façon incomplète, à l’état de germe dira le Concile Vatican II. Mais il n’est pas une espérance que nous ne pourrions jamais atteindre, sous peine de n’avoir de la vie chrétienne qu’une image trop virtuelle ou inaccessible.   

 

Le but de la vie chrétienne c’est la rencontre avec Dieu avec toutes les conséquences qu’elle induit. Et il nous faut redire avec force que cette rencontre avec Dieu est possible que fondamentalement elle est une joie, une bénédiction, une action de grâce, un émerveillement. Le message de Sainte Anne d’Auray nous le dit avec force. Ce sont des signes joyeux de cette présence que perçoit Yvon Nicolatiz et qui l’encouragent. Il le dit à plusieurs occasions alors qu’il s’interroge sur les phénomènes dont il est le témoin : je me sentais en paix dans la main du Seigneur explique-t-il. Et un peu plus loin : ses visites me donnaient une joie sans égale.

 

Ne perdons jamais cette joie initiale. Le pape François avec le premier texte important de son pontificat nous parle de la joie de l’évangile. En deux mots il a tout résumé.

 

Il arrive hélas trop souvent que nous, chrétiens, inquiets par l’état du monde, déstabilisés par la marche de l’Eglise et sa fragilité, nous sombrions dans une attitude intérieure où le ressentiment, le défaitisme, voir la critique permanente ou le soupçon font leur œuvre. Etre chrétien doit d’abord être source de paix, de joie, de sérénité paisible.


L’évangile de ce jour ne nous dit pas autre chose. C’est un des rares passages où nous entrons dans l’intimité intérieure de Jésus : À l’heure même, nous dit le texte, Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint, et il dit : Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits.

 

  • Comment ici ne pas penser à Yvon Nicolazic, où à Bernadette de Lourdes où aux enfants Barbedette à Pontmain.
  • Comment ne pas penser à tous ces petits, personnes malades, personnes âgées, personnes fragiles à qui les mystères du royaume sont annoncés.

C’est pour nous une invitation à une grande humilité. C’est dans la mesure où je serai réellement de ces petits que j’entrerai dans la connaissance de Dieu.

 

Et Jésus insiste, il redit à la fin de l’évangile combien cette connaissance révélée aux tout petits est source de joie : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous-mêmes voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.

Dirions-nous spontanément que nous sommes heureux d’être chrétien ? C’est une question déterminante. Vraiment je l’espère pour vous comme pour moi. Pouvons-nous redire avec Jésus : heureux les yeux qui voient ce que vous voyez, les oreilles qui entendent ce que vous entendez.

 

Et dès lors, nous portons cette question : qui donnera à voir, qui donnera à entendre à nos contemporains la bonne nouvelle de Jésus, qui donnera accès au royaume ?

 

Cette joie, ce bonheur ne sont pas l’insouciance ou la joie et le bonheur de ceux qui n’ont pas d’épreuves dans leur vie. Cette joie, ce bonheur sont à recevoir comme un don de Dieu sans oublier que nous sommes ici-bas en pèlerinage. Nous sommes en marche, et c’est le sens profond de la grande démarche synodale initiée par notre pape François.

 

Il veut que les catholiques, quel que soit leur état de vie, portés par la force de l’Eprit Saint, enseignés par la parole de Dieu déchiffrent ce que le Seigneur attend de nous. Mais nous ne pourrons le faire et le comprendre que si nous avons cette conviction profonde que nous sommes bien en pèlerinage. Ce synode portera des fruits missionnaire si c’est l’émerveillement de la foi que nous voulons porter à notre monde contemporain. 

La seconde lecture la lettre aux Hébreux nous en parle à sa façon :  Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait … car il attendait la ville qui aurait de vraies fondations, la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte. C’est la préfiguration de l’Eglise.

 

Est-ce que nous attendons cette ville avec de vraies fondations ? Est-ce que nous l’aimons, est-ce que nous voulons qu’elle advienne ?  Est-ce que nous collaborons avec Dieu qui en est le bâtisseur de l’architecte. Est-ce que nous croyons qu’elle est déjà mystérieusement présente ?

 

Pour conclure je voudrai revenir à l’évangile et faire allusion à deux grands saints.

 

Ce que tu as caché aux sages et aux savants tu l’as révélé aux tout petits. Voilà ce que le pape an Paul II venu ici, en 1996, disait au sujet de Sainte Thérèse de Lisieux, alors qu’il la reconnaissait docteur de l’Eglise en 1997.

 

Parmi les petits auxquels les secrets du Royaume ont été manifestés d'une manière toute particulière, resplendit Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face … Elle a fait resplendir en notre temps la beauté de l'Évangile ; elle a eu la mission de faire connaître et aimer l'Église, Corps mystique du Christ.


Voilà les deux grâces que nous pouvons demander au Seigneur :

  • Faire resplendi la beauté de l’évangile
  • Faire aimer l’Eglise.

Voilà une mission exaltante, qu’elle trouve nous des ouvriers disponibles.

Grand Pardon 2022 - Messe du 25 juillet

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Homélie de Mgr Jacques Habert, évêque de Bayeux et Lisieux

Pour écouter cette homélie : cliquez ici.

 

Nous sommes engagés ce soir et demain dans une démarche de pèlerinage, une sorte de retraite qui va nous donner de nous ouvrir au message des apparitions de Sainte Anne à Yvon Nicolazic. Ces faits se sont déroulés au XVII° siècle dans les lieux mêmes où nous sommes.

 

Pour cela nous aurons ce soir et demain la célébration de la messe et tout à l’heure, à la nuit tombante, la veillée avec la procession aux flambeaux.

 

Je vous propose qu’en cette année 2022, nous suivions une dynamique spirituelle, une dynamique intérieure, pour que nous recevions ce temps comme un temps de grâce, un temps d’espérance, un temps de conversion également. Nous en avons tous grandement besoin.

 

Venant cette année en pèlerinage nous portons des intentions de prière. Nous prions pour notre monde, notre Eglise, nos familles, nos proches.

 

L’intention principale que porte le sanctuaire cette année est celle de la paix. Chaque mois, le 25, le sanctuaire prie en effet pour la paix. Il nous faut recevoir cette intention avec intérêt :

  • Notre monde a besoin de paix / Notre pays a besoin de paix
  • Notre Eglise / Nos familles
  • Nous même nous avons besoin de paix.

Ce soir, pour nous aider à prier la parole de Dieu, comme à chaque messe, nous est donnée. Elle nous enseigne. Elle nous adresse un double appel que je voudrai déployer à la fois ce soir et aussi demain.

  • Le premier appel c’est celui de la persévérance, de la patience, de la confiance
  • Le second, j’y reviendrai demain, c’est celui de l’action de grâce, de l’émerveillement.

Les deux sont liés. C’est parce que j’aurai tenu bon dans la confiance, que je pourrai m’émerveiller.

 

Ce soir nous sommes invités à la persévérance, la confiance, l’abandon. C’est la parole de Dieu qui nous y invite. Que nous dit-elle ?

 

Dans la première lecture et dans l’évangile il est question d’une Anne, mais ne nous laissons pas piéger, il ne s’agit pas de sainte Anne, « notre » sainte Anne la mère de Marie.


La première Anne dont il est question dans le livre de Samuel est la Mère de Samuel. Nous sommes X siècles ans avant la venue de Jésus. Anne a supplié le Seigneur pour avoir un enfant, elle a été exaucée. Alors, pour remercier le Seigneur elle désire lui offrir son fils Samuel. Elle passe par l’intermédiaire du prophète Elie qui avait prié pour cet événement.

 

Cette attitude nous surprend aujourd’hui, retenons la démarche intérieure. Le seigneur m’a accordé un enfant je le lui rends, le texte se termine ainsi : alors ils se prosternèrent devant le Seigneur. Ce texte de l’ancien testament nous dit la grandeur de Dieu et sa souveraineté

 

Il est question d’une autre Anne dans l’évangile. Ici nous sommes au tout début de l’évangile. Les parents de Jésus, eux aussi sont dans l’action de grâce, ont présenté Jésus au temple.

 

Or, aux alentours de ce temple de Jérusalem se tient cette femme déjà âgée, Anne. Elle est, elle aussi, dans l’action de grâce, elle parle de l’enfant, elle proclame les louanges de Dieu car la délivrance d’Israël est arrivée par cet enfant. 

 

Ces deux Anne nous aident ce soir à entrer dans le pèlerinage. Elles nous invitent à la confiance. Elles nous invitent à mettre notre espérance en Dieu.

  • Anne la Mère de Samuel a été exaucée, son fils est né, elle a beaucoup prié à cette intention.
  • Anne de l’évangile a été aussi exaucée, elle a vu en l’enfant le salut d’Israël. Son attente n’a pas été déçue.

Chers frères et sœur, chers amis, en venant ce soir au sanctuaire de Sainte Anne d’Auray vous portez des prières, vous portez des attentes. La parole de Dieu vous / nous invite, à la foi.

 

Elle nous indique que la prière et tout spécialement la prière d’intercession demande de notre part : persévérance, abandon, confiance.

 

C’est bien cette expérience que fera Yvon. Lorsque qu’on pense aux apparitions dont il a bénéficié. On peut souligner sa patience et sa confiance, lui qui était un homme de prière. Tout ne s’est pas déployé en un instant. La première apparition en effet a eu lieu en août 1623 et la dernière en mars 1625. Pas moins de 19 mois ont été nécessaires pour révéler le message. Par sa patience, sa persévérance il permettra que le désir de Dieu soit réalisé : Dieu veut que je sois honorée ici, dira sainte Anne.

 

Vous permettrez que, comme évêque de Bayeux et Lisieux, je fasse ici une référence à sainte Thérèse. On parle peu de la dernière année de sa vie, ou plutôt des 18 derniers mois.  A partir de Pâques 1896, jusqu’en septembre 1897 jour de son entrée dans la vie Thérèse va connaitre une longue nuit de la foi. Elle a ces paroles incroyables : Jésus m’a fait ressentir qu’il y a véritablement des âmes qui n’ont pas la foi. Quelles paroles prophétiques pour notre société où cette nuit de la foi semble recouvrir notre continent qui vit sans Dieu. Nous en mesurons les conséquences si tragiques dans bien des aspects de la vie de notre pays. Nous risquons par là-même de perdre courage, de sombrer dans le désespoir.

 

Dans cette épreuve qui la frappe de plein fouet, Thérèse expérimente dans sa chair ce que signifie la patience, la persévérance, et l’abandon. Le plus beau est qu’elle veut vivre en communion avec les athées. Ce qui marque le plus c’est l’espérance qui continue de l’animer Thérèse alors qu’elle se sent engloutie dans de si épaisses ténèbres veut demeurer avec ses frères, elle veut prier pour eux et avec eux en demandant pardon au Seigneur. Elle nous donne ici un signe prophétique de patience et de persévérance.

 

Aucune vie chrétienne ne peut se construire sans cet enracinement dans la durée et la patience. C’est la grâce que nous demandons en ce début de pèlerinage.  

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